Un pickpocket.
Le Matin ― 25 août 1887
M. Perruche, commissaire de police des quartiers de la Salpêtrière et de Croulebarbe, avait reçu, depuis une semaine, un certain nombre de plaintes émanant de personnes dont les poches avaient été indiscrètement explorées par des pickpockets à la fête foraine de la place d'Italie.
Une surveillance active fut exercée, et, hier, trois agents de la sûreté remarquaient une jeune femme, élégamment mise, qui fouillait dans les poches de deux dames pendant que celles-ci étaient absorbées par une partie de tourniquet.
Cette femme entra dans la baraque des lutteurs Fournier et les trois agents l'y suivirent. Mais avant qu'ils aient pu la rejoindre, quatre hercules en maillot s'élancèrent au-devant d'eux en protestant contre ce qu'ils appelaient une violation de domicile.
Pendant ce temps, la jeune femme disparaissait par une porte latérale. Les lutteurs, interpellés par les. policiers, déclarèrent qu'ils la connaissaient pour une nommée Uzelma, opérant, en effet, comme pickpocket, et que si les agents avaient mis plus de discrétion dans leur mission, ils ne se seraient pas opposés à l'accomplissement de leur mandat.
M. Perruche, ayant mandé les forains à son bureau, a reçu d'eux une contre-plainte pour empêchement de leur représentation du soir que ce scandale a interrompue.
L'enquête du commissaire continue.