Faits divers

 Pauvre vieux ! ( 1896)

Pauvre vieux !

Le Petit-Parisien — 15 février 1896

Un vieillard, nommé Rémy Bouvine, âgé de soixante-dix-huit ans, sans domicile, pénétrait hier soir vers cinq heures et demie, dans le chauffoir public installé rue Rubens et priait les miséreux qui s'y trouvaient déjà de lui faire une petite place autour du poêle. Les pauvres hères, touchés d'une misère qui paraissait plus grande encore que la leur, s'écartèrent pour lui permettre de se chauffer.

Un chauffoir public vers 1880

Le vieillard se confondit en remerciements et s'approcha du poêle en murmurant : « Oh ! que j'ai froid, que j'ai faim ! » Tout à coup, on le vit chanceler et s'affaisser sans connaissance. Un gardien de la paix le releva tandis qu'un autre agent allait prévenir M. Perruche, commissaire de police, qui vint accompagné du docteur 0llier. Grâce à un cordial, le malade reprit ses sens puis il avoua au magistrat qu'il n'avait pas mangé depuis la veille au matin. On voulut alors lui faire prendre de la soupe, mais son estomac, affaibli, ne put la supporter : il la rejeta aussitôt absorbée il fut même impossible de faire boire à l'infortuné une tasse de bouillon, et le docteur dut l’envoyer à l'hôpital de la Pitié, où il a été admis d'urgence.

L'histoire de ce malheureux vieillard est des plus navrantes.

Originaire du département de l'Yonne, il était resté veuf avec deux fils, il y a six ans. L'ainé était marié et également père de deux enfants. Le plus jeune habitait avec lui et le nourrissait de son travail, car le pauvre vieux, en raison de son grand âge et à cause de douleurs dont il est perclus, ne pouvait plus gagner sa vie. Ce fils mourut il y a six mois environ et le vieillard demeura sans appui. L'aîné, il est vrai, habitait Paris, mais il n'en avait pas eu de nouvelles depuis plus de deux ans. Il lui écrivit et ne reçut pas de réponse. Il résolut alors d'aller le rejoindre, et ayant réuni les quelques sous qu'il possédait, il vint à Paris. Là, une douloureuse déception l'attendait. Son second fils était mort également l'an dernier, et sa veuve refusa formellement de se charger du beau-père.

Alors commença pour le vieillard une vie de misère indicible.

Il vécut de mendicité, puis entra à l'hôpital. Il en était sorti il y a deux semaines, lorsque hier il vint échouer dans le chauffoir da la rue Rubens.

A l'hôpital de la Pitié, on n'a aucun espoir de sauver le malheureux, dont l'organisme est absolument usé par l'âge et les privations.


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Depuis quelque temps le quartier des Gobelins est le théâtre de rixes continuelles.

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Rue Rubens

Pauvre vieux !

1896

Un vieillard, nommé Rémy Bouvine, âgé de soixante-dix-huit ans, sans domicile, pénétrait hier soir vers cinq heures et demie, dans le chauffoir public installé rue Rubens et priait les miséreux qui s'y trouvaient déjà de lui faire une petite place autour du poêle.

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Boulevard Kellermann

Singulière aventure

1877

Vers deux heures du matin, boulevard Kellermann, entre la poterne de Bicêtre et celle des Peupliers, on a trouvé la voiture de remise 9490, à deux places, non attelée, et avec ses brancards cassés. Dans le coffre se trouvaient deux musettes remplies d’avoine et un chapeau de paille.

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Saviez-vous que... ?

Le 24 décembre 1939, Paris-Soir nous apprenait que Mme Marthe Pouchenel, 20 ans, avait glissé sur le verglas dans la cour de l'immeuble où elle demeurait, 23, rue Bourgon et avait été admise à l'hospice de Bicêtre.

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L'avenue des Gobelins mesurait, à son inauguration, 880 mètres de long sur 40 de large.

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C'est en juillet 1905 que le nom de Paul Verlaine (1844-1896) fut donné à la place du puits artsésien dans le 13e arrondissement.

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Dans le projet initial élaboré en 1860-1861, le chemin de fer de ceinture rive gauche devait franchir la vallée de la Bièvre grâce à un viaduc de 800 mètres de longueur reposant sur des arches de 10 mètres d'ouverture et d'une hauteur maximale de 15 mètres.

L'image du jour

Boulevard Arago vers le carrefour des Gobelins

La création du boulevard Arago fut décidé dans les années 1850 comme moyen de développement du 12e arrondissement d'alors et comme une branche du grand boulevard Saint-Marcel reliant les chemins de fer de Lyon et d'Orléans avec le chemin de fer de l'Ouest et toute la partie sud-ouest de Paris. Ce devait être une voie de 40 mètres de largeur bordée d'une double rangée de plantation traversant "un désert d'immenses terrains vagues qui s'animera et se peuplera très promptement".
Le nom de la voie initialement retenu était Boulevard de la Santé.  ♦