Ce sont les clochards qui assurent le chauffage des écoliers parisiens
Le Matin— 9 décembre 1942
À défaut de château et même de rentiers car ce populeux quartier de Paris ne parait pas, à première vue, avoir été élu par des capitalistes la rue du Château-des-Rentiers comporte un établissement de l'Assistance publique le refuge Nicolas-Flamel.
Havre de grâce où échouent, à la tombée de chaque nuit, les épaves errantes de la capitale on y a reçu un baron, descendant d'un ministre de Charles X le refuge Nicolas-Flamel- offre un asile confortable, avec dortoirs à matelas excellents, réfectoires d'une propreté chirurgicale, salles de douches et étuves à désinfection, car les clochards arrivent rarement seuls.
Indépendamment du bon gite et de repas substantiels et gratuits, les hôtes du refuge y trouvent également, s'ils le désirent, du travail. C'est même la condition pour pouvoir rester plus de quatre jours à l'établissement. En travaillant, de « passagers » ils deviennent assistés et peuvent demeurer à l'asile deux mois et plus. Leur travail consiste à scier, à débiter, à préparer des ligots et des cotrets pour le chauffage des1.100 écoles de Paris. Le refuge débite ainsi environ 400 tonnes de bois par an. Les écoliers et écolières parisiens, les petits des maternelles, les élèves des écoles d'apprentissage et professionnelles de la Ville de Paris ne se doutent pas que s'ils ont chaud, cet hiver, ils le doivent aux doigts industrieux des clochards du Château-des-Rentiers.