Panique aux Gobelins
Une rue qui s'effondre
Le Petit-Parisien — 12 décembre 1895
On se souvient qu'il y a trois ans environ, au moment où une voiture de la Compagnie des tramway-Sud venait de dépasser l'entrée de la rue de Gentilly sur l'avenue des Gobelins, une large crevasse s'ouvrit dans la chaussée par suite de l'effondrement d'une partie du pavé dans les catacombes qui sillonnent en dessous des treizième et quatorzième arrondissements.
Semblable accident s'est produit hier dans la rue Coypel. Un camion venant du boulevard de l'Hôpital descendait cette voie au grand trot, lorsqu'un bruit semblable à une décharge d'artillerie retentit tout à coup à l'instant où le lourd véhicule se trouvait eu face de l'immeuble portant le numéro 14.
Une vaste tranchée, longue de vingt-cinq mètres sur un mètre cinquante de large, venait de se produire, provoquée par la trépidation du camion, laissant voir l'intérieur d'un vaste souterrain.
Les catacombes ont, en cet endroit, de nombreuses ramifications dont une aboutit à une « descente » située à l'angle des boulevards Saint-Marcel et de l'Hôpital, à l'extrémité du Marché aux chevaux ; une partie est louée à des marchands de vins du quartier qui s'en servent de cave.
On s'imagine facilement la panique qu'a provoquée l'éboulement de la rue Coypel. Les pompiers de la rue Jeanne-d'Arc accourus au premier signal, ainsi que de nombreux agents sous les ordres de M. Volet, officier de paix, ont organisé un cordon pour empêcher l'approche de la crevasse et éviter tout accident.
Quelques instants après, une équipe d'ouvriers commençait, sous la direction d'un ingénieur de la ville, les premiers travaux de réparation. D'après les personnes compétentes en la matière, il faudra combler avec des débris de démolition toute la partie creuse de la rue pour éviter le retour d'un nouvel affaissement.
Il est vraiment miraculeux qu'aucun accident de personne ne soit à déplorer et que camion et conducteur n'aient pas été ensevelis sous les décombres.
Sur la rue Coypel
La rue Coypel fait partie avec les rues Primatice, Véronèse et Philippe-de-Champagne de l'ensemble de voies créées lors de la construction du Marché des Gobelins et de la mairie du 13e. Elle reçut son nom par décret en date du 2 mars 1867.