Un jour dans le 13e



La catastrophe de la rue de Tolbiac

Le Temps — 22 octobre 1915

La préfecture de police n'a pas encore pu fournir exactement la liste des victimes mortes dans la catastrophe de la rue de Tolbiac.

Dans la matinée, MM. Laurent, préfet de police, Lescouvé, procureur de la République; Boucard, juge d'instruction ; les docteurs Socquet et Dervieux, médecins légistes, et M. Mouton, directeur de la police judiciaire, se sont rendus à la Morgue. Il y là 43 cadavres. Les deux blessés qui ont succombé à l'hôpital portent 45 le chiffre des morts. On recherche, en outre, le .cadavre du contremaître de l'usine Belland, que M. Delavenne, conseiller municipal, est venu réclamer. Le trouvera-t-on parmi les décombres de l'usine ou bien les restes de l'infortuné doivent-ils être compris parmi les débris humains qui ont été recueillis et non identifiés? On ne, peut se prononcer encore en ce qui le concerne.

D'autre part, on compte 57 personnes blessées grièvement.

C'est donc jusqu'ici 102 victimes que la catastrophe aurait faites, indépendamment de celles dont les blessures légères n'inspirent aucune inquiétude.

A la Morgue, les magistrats ont essayé d'identifier les cadavres, pendant que les médecins légistes se livraient à des constatations médicales et rédigeaient, leur rapport sur les blessures.

Cette identification .est rendue d'autant plus difficile que la plupart des corps sont horriblement carbonisées, et rendus, dès lors méconnaissables, et que beaucoup ont été retrouvés presque nus, leurs vêtements ayant brûlé et s'étant réduits en poussière au moment de la relève. Dans une salle spéciale où les corps ont été déposés et où trente-quatre cercueils seulement contiennent des corps entiers d'autres ne contiennent que des débris, les familles ont été admises à défiler ce matin. Six corps ont pu être reconnus déjà.

Avant de quitter la Morgue, M. Laurent préfet de police, a remis à M. Gayral, commissaire de police du quartier de l'Arsenal, une somme de 1,500 francs, pour être distribuée aux familles des victimes, sans préjudice des sommes qui seront ultérieurement votées par le Conseil municipal et qui seront réparties par les soins de l'Assistance publique. MM. Delanglade, commissaire de police du quartier de la Maison-Blanche, et Postaire, son collègue du quartier Notre-Dame, ont été chargés également de distribuer des secours.

Dans le cours de l'après-midi, M. Reymond Poincaré, président de la République, est allé à l'hôpital de la Pitié, où il a rendu visite aux blesses de la rue de Tolbiac.

Les cadavres identifiés jusqu'à présent sont ceux de M. Louis Mipot, soldat au 21° colonial, reconnu par son père: Mme Gilles, née Joséphine Duclos, passage Tolbiac, 20, reconnue par son beau-frère et sa sœur; Mme Roy, rue d'Alembert, reconnue par une voisine Mme Lalande, rue de Clisson, 12, reconnue par des voisins et enfin une fillette de treize ans, Blanche Guérin, rue du Banquier, 40.

La catastrophe de la rue de Tolbiac - 20 octobre 1915


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L'accident du 23 juillet 1915

Saviez-vous que... ?

L'église Saint-Hippolyte, œuvre de l'architecte Jules Astruc (1862-1935), a été construite entre 1909 et 1924, grâce notamment à la générosité de la famille Panhard.

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La rue Damesme doit son nom au général Edouard-Adolphe-Déodat-Marie Damesme né en 1807 à Fontainebleau qui fut mortellement blessé lors les événements de juin 1848. Elle porte ce nom depuis 1868 et s'appelait auparavant rue du Bel-Air

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En 1933, on pouvait jouer au Ping-pong au Café des Sports, 163 avenue d'Italie et au Café du Commerce, 46 rue de Tolbiac.

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La municipalité parisienne inaugurait, le 26 juin 1936, le passage souterrain qui, sous le boulevard militaire, reliait le boulevard Masséna et le boulevard Kellermann, sous la porte d'Italie, de manière que les courants de circulation en sens opposé ne se contrarient pas.
M. Romazzotti, secrétaire du Conseil municipal, entouré de MM. Villey, préfet de la Seine ; Louis Gélis, député, conseiller municipal ; Gïraud, directeur général des travaux, coupa le ruban symbolique et franchit avec eux la nouvelle voie souterraine.

L'image du jour

La rue Baudricourt vue de l'avenue d'Ivry vers l'avenue de Choisy

Le côté gauche sur la photo a totalement disparu ; en revanche des immeubles ont subsisté sur le coté droit.