Un drame dans une ménagerie
L’Intransigeant — 5 septembre 1888
Le bruit courait, hier, à la foire établie en ce moment avenue des Gobelins et boulevard d’Italie, que Pezon avait été grièvement blessé par un de ses pensionnaires. Ce bruit avait produit une grande émotion dans le quartier.

Voici à quoi se réduit l’incident.
Les deux neveux de Pezon ont installé une ménagerie à l’entrée de l’avenue Sœur-Rosalie, où ils font tous les soirs travailler, devant le public, un grand nombre de fauves, Hier, dans les derniers exercices de la deuxième séance du soir, l’un des dompteurs, Edmond Pezon, un jeune homme de vingt-cinq ans environ, montrait une de ses acquisitions nouvelles, Roland, un vigoureux lion noir du Soudan, qu’il essaye, en vain, depuis trois semaines, de rendre plus traitable. Il était parvenu déjà à lui faire exécuter certains exercices quand la bête se rua tout à coup sur le dompteur et, d’un coup de patte, lui entama légèrement la joue et lui fit au poignet droit une profonde déchirure.
Heureusement qu’Edmond Pezon est d’une grande agilité. Se jetant de côté, il put éviter l’animal et, s’armant d’une fourche à sa portée, lui en planta les pointes dans le museau et dans la gorge.
C’est ainsi qu’il a pu acculer son adversaire au fond de la cage et en sortir, sans autres blessures, aux applaudissements du public que la terreur provoquée par cette scène avait en quelque sorte paralysé dans l’enceinte.
Selon plusieurs autres journaux, l’accident est survenu le dimanche 2 septembre