Faits divers

 Inondation boulevard Kellermann - 1901

Inondation boulevard Kellermann

Le Petit-Parisien ― 25 novembre 1901

A la hauteur du numéro 26 du boulevard Kellermann, entre la porte de Bicêtre et la poterne des Peupliers, se trouve l'accès d'une double rampe aboutissant d'une part à la rue du Moulin-de-la-Pointe et d'autre part à la rue Damesme.

Hier, vers une heure un quart de l'après-midi, une sourde détonation se faisait entendre en même temps qu'une véritable trombe d'eau se faisait jour à travers le sol de la chaussée.

La colonne liquide, haute de six mètres environ, jaillit avec une violence inouïe; elle provenait de la rupture d'une conduite de 90 centimètres de diamètre, servant à la distribution des eaux de sources.

En un temps inappréciable, un véritable torrent surgit de l'ouverture béante, ravinant le sol aux alentours sur une étendue de plus de deux cents mètres carrés et créant une excavation de près de deux mètres de profondeur.

La panique

Le torrent renversa deux réverbères scellés dans un bloc de pierre au pied de chacune des parties de la rampe, arracha les bordures du trottoir sur une longueur de vingt mètres environ, roulant les pavés de grès comme des fétus de paille et les entraînant à plus de cent mètres du lieu de la rupture.

Le flot dévastateur, se précipita alors avec une force inouïe vers la poterne des Peupliers. Le chemin qui y conduit fut en un instant, submergé par le courant qui, déchaussant les pavés, creusa de chaque côté des bordures du trottoir des fossés profonds de plus d'un mètre, sur une largeur égale, puis vint s'épandre dans le bas-fond, entraînant plusieurs centaines de mètres cubes de terre et de cailloux désagrégés qui vinrent faire un lit de trente centimètres d'épaisseur au débouché de la rue des Peupliers, sous le pont du chemin de fer de Ceinture.

Le bureau d'octroi, bien que surélevé de deux marches, fut envahi par les eaux, qui pénétrèrent dans les caves.

Le torrent se répandit alors dans la rue des Peupliers, submergeant les terrains et les jardins en bordure de cette voie, et plusieurs locataires ont dû, en toute hâte, quitter leurs habitations.

Dans cette rue, à cent mètres environ de la poterne, les eaux s'amassèrent dans le creux d'un des terrains, y creusant en quelques minutes un véritable étang.

Un terrain dont l'entrée est située au n° 62 de la rue Damesme, et qui, en contre-bas de la chaussée du boulevard Kellermann, dont il est séparé par une palissade à claire-voie, est borné au fond par le mur de canalisation de la Bièvre, a eu particulièrement à souffrir de l'inondation.

Rue Damesme

Le fond de ce terrain est occupé par un bâtiment long de vingt mètres environ, sur cinq de largeur, et qui sert d'habitation et d'atelier à un cordonnier, M. Girard.

M. Girard, après avoir réglé la vingtaine d'ouvriers et ouvrières qu'il occupe, lesquels avaient travaillé jusqu'à midi, s'était mis à table avec sa femme et sa fille.

Le travail fini, et prêt à être livré, représentant une valeur de 1,500 francs environ de marchandises qui devaient être reportées aujourd'hui dans les diverses maisons de chaussures pour lesquelles M. Girard travaille, se trouvait dans des sacs, devant la porte de l'habitation.

Un volet de bois qui fermait la fenêtre de l'habitation, au rez-de-chaussée, fut violemment repoussé pendant qu'une trombe d'eau, passant à travers la claire-voie de la palissade, se précipitait d'une hauteur de quatre mètres du sol de la chassée du boulevard Kellermann, envahissait le bâtiment en entrant par les fenêtres et contraignait les habitants a fuir au plus vite, à peine vêtus, pour gagner la partie haute au terrain.

En peu de temps, l'eau, s'accumulant dans ce bas-fond, le remplit, atteignant presque la hauteur du toit, et s'étendit jusqu'au remblai du chemin de fer de ceinture, qui borde un des côtés du terrain.

Circulation interdite

Avant que la Compagnie des eaux pût fermer la conduite, il ne s'écoula pas loin d'une heure et demie. Le commissaire de police, M. Rocher, appelé sur les lieux, procéda aux constatations et informa la préfecture de police de l'accident survenu.

Les pompiers du poste de la rue Jeanne-d'Arc, accourus au premier appel, n'eurent pas à intervenir, la pente du terrain était plus que suffisante pour assurer l'écoulement de l'eau.

En attendant que le service de la voirie ait fait commencer les travaux de réfection nécessités par cet incident, le trottoir du boulevard Kellermann a été, à cet endroit, interdit à la circulation et un service d'ordre établi.


Détail d'un plan établi en 1900


Les grandes eaux du boulevard Kellermann

Les premières conduites maitresses de distribution d'eau dans Paris furent posées boulevard Kellermann à partir de 1882. Jusqu'à la construction du tramway T3 qui impliquait d'écarter tout risque à leur égard, ces conduites firent régulièrement parler d'elles dans la presse. Les accidents furent innombrables. Le premier accident d'importance repéré eut lieu le 12 octobre 1886 à proximité de la rue du  Moulin-de-la-Pointe.. Il fut suivi d'un autre fin mai de l'année suivante à la porte de Gentilly.
Des exemples significatifs de ces accidents sont réunis ici.

 

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1911

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Une jeune fille du village d’Ivry avait coutume de faire brouter ses chèvres sur le boulevard de la Glacière, auprès de la rivière des Gobelins. Hier soir, à sept heures, au moment où elle se disposait à regagner son domicile, elle a été accostée par un individu qui, après une assez courte conversation, l’a frappée de quatre coups de couteau. La jeune bergère est morte sur la place, et son assassin a été presque aussitôt arrêté. À neuf heures, le cadavre gisait encore dans un champ, au coin de la rue Croulebarbe, où M. Roger, commissaire de police du quartier, dressait son procès-verbal. C’est ainsi que les lecteurs de la Gazette de France apprirent la mort d’Aimée Millot, le bergère d’Ivry. La vérité impose de dire que l’auteur des faits n’avait pas été immédiatement arrêté.

La rue située entre la rue du Château des Rentiers et la rue Nationale fut dénommée rue Deldroux, en 1888.
Deldroux était un canonnier qui, en 1871, préféra, mourir que de rendre sa pièce.

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Initialement, le boulevard Arago devait s'appeler Boulevard de la Santé.

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Dans la semaine du 15 au 22 mars 1929, le cinéma Clisson Palace (61-63 rue de Clisson) jouait "Trois jeunes filles nues", un film avec la charmante Jeanne Helbling que celle-ci avait tourné avec l'excellent Nicolas Rimsky. Jeanne Helbling partageait la vedette avec Mmes Jenny Luxeuil Jeanne Brindean et Annabella.

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Félix Faure est le premier Président de la République à avoir visité le 13e arrondissement à l'occasion de l'inauguration du pont de Tolbiac passant au dessus des voies du chemin de fer de la ligne Paris-Orléans. C'était en 1895.

L'image du jour

Je carrefour de l'avenue des Gobelins avec le boulevard Arago et la station d'autobus.