La mort d'Aimée Millot
La Gazette de France — 27 mai 1827
Une jeune fille du village d’Ivry avait coutume de faire brouter ses chèvres sur le boulevard de la Glacière, auprès de la rivière des Gobelins. Hier soir, à sept heures, au moment où elle se disposait à regagner son domicile, elle a été accostée par un individu qui, après une assez courte conversation, l’a frappée de quatre coups de couteau. La jeune bergère est morte sur la place, et son assassin a été presque aussitôt arrêté. À neuf heures, le cadavre gisait encore dans un champ, au coin de la rue Croulebarbe, où M. Roger, commissaire de police du quartier, dressait son procès-verbal.

Le Journal de Paris — 28 mai 1827
Le cadavre de la jeune fille assassinée avant-hier soir avait été transporté hier à la Morgue. Il parait qu’il y a été reconnu pour celui d'Aimée Mullot, domestique, âgée de dix-neuf ans. La personne chez laquelle elle servait a, dit-on, rendu le meilleur témoignage de la conduite de cette infortunée, qui était d’une beauté remarquable.
On dit que le garçon marchand de vin soupçonné de ce crime était épris de cette jeune fille, qui s’était refusée à ses instances, et que c’est dans sa fureur de ne pouvoir satisfaire sa passion qu’il lui a donné la mort. Au moment où il l’a abordée, pendant qu’elle gardait les chèvres de sa maîtresse, près des Gobelins, un orage éclatait, et elle se disposait à rentrer dans sa demeure. Ce misérable l’a frappée de quatre coups de couteau, dont un seul a été mortel.
On ajoute que l’individu arrêté quelques instant après le crime a été reconnu innocent et mis en liberté. La police est à la recherche du coupable ; on disait hier soir qui avait été arrêté.
Le Figaro — 28 mai 1827
Hier, vers les cinq heures la fille Aimé Mullot, domestique, âgée de dix-neuf ans, se promenait rue Croulebarbe, du côté des Gobelins, avec un nommé Ulback, garçon marchand de vin. La pluie commençait à tomber assez fort, une jeune fille de dix ans qui les accompagnait, dit à la fille Mullot : « Viens t'en, Aimé, car je crains un orage. — Elle ne s'en ira pas. » reprend Ulback avec fureur, et tout à coup il s'élance sur la malheureuse fille Mullot, lui donne plusieurs coups de poing dans la poitrine, la terrasse, et, tirant de sa poche un couteau à lame pointue, il le plonge à plusieurs reprises dans la poitrine et dans le dos de la fille Mullot, qui expire peu de minutes après. Ulback a pris la fuite ; mais il a eu le soin de ramasser son chapeau qui était tombé pendant cette horrible scène.

CC0 Paris Musées / Musée Carnavalet - Histoire de Paris
La Gazette de France — 27 mai 1827
Le cadavre de la jeune fille assassinée avant-hier soir a été transporté à la Morgue. L’individu arrêté quelques instants après le crime a été mis en liberté. La rumeur publique accuse un garçon marchand de vin, demeurant aux Deux-Moulins, dans la commune d'Ivry. On dit qu’il était épris de cette jeune fille d’une beauté peu commune, et qu'il s’est vengé de ses refus en lui donnant la mort. Au moment où il l’a abordée, elle gardait les chèvres de sa maîtresse. On rapporte qu’elle s’est trouvée mal, et qu’alors il a prié une enfant de 14 ans, qui était avec elle, d’aller chercher un verre d'eau. Au même instant est survenu un violent orage qui retardé le retour de l’enfant. C'est en son absence, et pendant que le tonnerre grondait sur sa tête, que ce misérable a frappé la jeune fille de quatre coups de couteau, dont un au-dessus de l’œil gauche. Le dernier coup, qu’on dit être le seul mortel, a été porté dans les reins, et le couteau avait été laissé dans la blessure. Au moment même où on le retirait, la jeune fille a expiré. Elle s’était traînée à quelque distance de l’endroit où le meurtrier l'avait assaillie, laissant après elle une longue trace de sang. La personne chez laquelle elle servait, parle de la manière la plus touchante de son excellente conduite. La police s’est mise aussitôt à la recherche du garçon marchand de vin qui pris la fuite. On dit qu’il est arrêté.
La Bergère d'Ivry
Les faits rapportés par la presse
Le procès d'Honoré Ulbach - 27 juillet 1827
- Accusation d'assassinat contre le sieur Ulbach. - Le Constitutionnel du 11 juillet 1827 reproduisant la Gazette des Tribunaux
- L'acte d'accusation- Journal des débats politiques et littéraires - 27 juillet 1827
- Le procès d'Honoré Ulbach - Journal des débats politiques et littéraires - 28 juillet 1827
- Le procès d'Honoré Ulbach - Le Constitutionnel - 28 juillet 1827
- Ulbach se pourvoit finalement en cassation - Le Constitutionnel - 30 juillet 1827
L'exécution d'Honoré Ulbach
- Exécution d'Ulbach - Journal des débats politiques et littéraires - 11 septembre 1827
- Les derniers moments d’Ulbach - La Quotidienne du 12 septembre 1827 reproduisant La Gazette des Tribunaux
Récits d'historiens et autres auteurs
- Alfred Delvau : Barrière Croulebarbe (1865)
- Revue des Théâtres : "La Bergère d'Ivry" - Le Siècle du 9 juillet 1866
- Les exécutions en place de Grève : Ulbach (La Lanterne - 1890)
- Le Rappel : La bergère d'Ivry (A propos de la cavalcade du Petit-Ivry - 1891)
- Georges Cain : Le long de la Bièvre (1905)
- Martial de Pradel de Lamase : Un rendez-vous de chasse du Vieux Paris (1906)
- Martial de Pradel de Lamase : Le champ de l'Alouette (1933)