Sur les « fortifs »
Le Journal — 10 janvier 1894
Un ouvrier charpentier, demeurant rue de Tolbiac, Gustave Fultot, se prenait, hier soir, à la fête du boulevard Kellermann, à l'attirance des charmes d'une sirène du trottoir.
Celle-ci parvint à entraîner son adorateur sur les fortifs, pour parler, sans doute, d'amour au clair de lune.
Le couple se promenait amoureusement enlacé depuis quelques minutes à peine, lorsque tout à coup trois individus, qui se tenaient blottis dans l'ombre derrière un talus, surgirent et s'élançant sur Fultot, le terrassèrent, lui enlevèrent sa montre et son porte-monnaie et le précipitèrent dans le fossé.
Ce n'est qu'un quart d'heure plus tard que les gémissements du malheureux furent entendus. Relevé par des gardiens de la paix, Fultot, qui avait la cuisse gauche et plusieurs côtes cassées, a été dirigé sur l'hôpital Cochin. Il n'a pu donner que le signalement de la femme qui est activement recherchée.
Dans son numéro daté du 11 janvier, le quotidien L’Éclair, sous le titre « Épilogue » rapportait que Fultot était mort à l’hôpital.