UNE ÉVOCATION DU 13e ARRONDISSEMENT DE 1860 AUX ANNÉES 30

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Une évocation du 13e arrondissement de 1860 aux années 30

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Le 13e dans la littérature

Littérature

Le 13e en littérature

La prairie de la Glacière

Sans Famille

par
Hector Malot

C’est un quartier peu connu des Parisiens que celui qui se trouve entre la Maison-Blanche et la Glacière ; on sait vaguement qu’il y a quelque part par là une petite vallée, mais comme la rivière qui l’arrose est la Bièvre, on dit et l’on croit que cette vallée est un des endroits les plus sales et les plus tristes de la banlieue de Paris. Il n’en est rien cependant, et l’endroit vaut mieux que sa réputation.

(1878)

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Butte-aux-Cailles

Bouscot

par
Gaston Chéreau

Il habitait tout là-bas, aux Gobelins, dans un pâté de bicoques en carton que bousculent des rues à noms magnifiques rue des Cinq-Diamants, rue de l'Espérance, rue de la Butte-aux-Cailles…

(1909)

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Quartier de la Gare

Un crime passionnel

par
J. H. Rosny

Je songe à l'histoire de la petite Jeannette, qui vivait dans le noble quartier de la Gare.

(1908)

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La rue Jonas

Zigomar - La femme rousse

par
Léon Sazie

L'antre de « la Baleine » donnait sur la rue Jonas, comme nous l'avons dit. Cette rue au nom biblique se trouvait dans un grouillement de petites voies étroites, courtes, basses, tortueuses, qui forment un coin à part dans ce quartier.

(1910)

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La Cité Jeanne d'Arc

Les mémoires de Rossignol

par
Rossignol

Ma « clientèle » de la rue Sainte-Marguerite disparaissait peu à peu. Elle s'était réfugiée cité Doré, qui donne rue Pinel et boulevard de la Gare, ou cité Jeanne-d'Arc, près de la rue Nationale, dans le treizième arrondissement.

(1894)

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Les Gobelins

Zizine

par
Alexandre Arnoux

Dans le quartier des Gobelins, un gymnase. Des athlètes donnent une représentation suivie par une foule fervente. Dans cette foule un couple a attiré l’attention du narrateur. Elle, Zizine, femme superbe ; lui, petit, contrefait, douloureux. Milarot, champion du monde, est dans la salle.

(1938)

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La Folie Neubourg

Le faiseur de momies

par
Georges Spitzmuller et Armand Le Gay

Le promeneur qui remonte le boulevard Auguste-Blanqui dans la direction de la place d'Italie, est frappé par l'aspect pittoresque d'une vieille maison enclose dans le triangle formé par ce boulevard, la rue Edmond-Gondinet et la rue Corvisart.

(1912)

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 Zizine - 1938

Zizine

par Alexandre ARNOUX

Dans le quartier des Gobelins, un gymnase. Des athlètes donnent une représentation suivie par une foule fervente. Dans cette foule un couple a attiré l’attention du narrateur. Elle, Zizine, femme superbe ; lui, petit, contrefait, douloureux. Milarot, champion du monde, est dans la salle.

Léonce s’assujettissait solidement à son adversaire de métal, assurait le contact et la domination. Ses bras verticaux, pareils à des bielles pendantes, l’angle d’appui de ses membres inférieurs, sa tête fauve au cou rose dessinaient un schéma de contraction, une épure, de forces agencés pour l’offensive. Une onde le parcourut, annonciatrice de la résolution ; mais aussitôt il mollit ; sa chair et sa carcasse trahirent une inquiétude ; sa musculature se relâcha ; son regard abandonna la prise et, trouble, gris-bleu, pareil à celui de l’enfant égaré, vagua de notre côté, me sembla-t-il, quêtant et fuyant à la fois celui de Zizine dont la bouche ne remuait plus. Puis, soudain, au milieu de la stupeur de l’assemblée, d’une vocifération qui n’aboutit pas et demeura larvée, presque muette, il s’effondra en sanglotant, en prononçant des syllabes sans suite où je distinguai ces mots terribles, qui me glaçaient l’âme : « Je peux pas, je peux pas... je pourrai jamais... » Pauvre panthère au ressort cassé, à l’échine de guimauve ! Le Breton, le bœuf gras, avait redressé le front ; la lumière d’un triomphe auquel il avait peine à croire envahissait l’eau morte de ses prunelles.

Je serais bien en peine de vous apprendre par le menu comment cela s’était fait ; Léonce se trouvait chez moi, en face de moi, dans ma chambre-studio, au sommet de la Butte-aux-Cailles, près de la piscine où nage le faubourg d’Italie, du bistrot où Verlaine, jadis, buvait son absinthe. Je n’ai gardé que le souvenir d’une bousculade. On se précipite autour de Léonce ; on le relève ; un médecin le tâte ; il se laisse tripoter comme une chiffe. Martinet retient Zizine qui veut voler à l’aide du copain écroulé : « Non, non, dit-il d’une voix sourde, profonde et blessée, il ne faut pas qu’il nous voie ; c’est à cause de nous... —- A cause de nous ! Tu dérailles, Martinet... — Non, non filons. » Il l’entraîne avec une violence qui étonne de la part de ce bossu timide ; la fille ne résiste pas, comme noyée par l’évènement, sans énergie dans le désastre. Je flairais un de ces drames ingénus et compliqués qui dévastent les âmes simples, qu’elles ne traduisent pas par des mots, dont le secret irrité si malignement ma curiosité. A la sortie, je guette Léonce qui s’éloigne solitaire, abandonné de tous, ainsi que le pestiféré. Habillé à la hâte, la tête nue, le chandail roulé, de travers, il porte sa petite valise d’athlète, à demi-fermée, d’où s’échappe un coin de serviette, de caleçon aux armes du club. La nuit tombe ; Zizine s’élance vers lui, suivie de Martinet. Une scène brève et confuse. Le boscot s’efforce d’arrêter Zizine ; Léonce la toise sans paraître là voir, lève le bras à la manière d’un fou et court vers l’avenue.

L’échange de quelques phrases incompréhensibles, qui défient la mémoire, qui ne sont que des bruits destinés à donner le change. Je cours après le pauvre Léonce Pillet ; je le rattrape ; je saisis son bras ; aucune réaction de sa part ; il irait n’importe où ; il suffit qu’il sente une volonté pour lui obéir. Ce beau levier de chair, d’os et de cordes musculeuses, longues et exactement attachées, mes doigts le pressent il ne reste plus en lui que l’inertie d’une matière dont l’âme s’est retirée, qui n’a plus de source de vie. Le voici devant moi, ce manieur d’haltères, affalé au fond d’un fauteuil, à la débandade, sa mallette à ses pieds, ahuri, gobelotant un verre de porto, chipotant un biscuit, suçotant une cigarette toujours éteinte, crachotant les brindilles.

Je me promène de long en large ; j’ai oublié en route le discours que je préparais. Mon hôte n’ouvre pas le bec ; la chatte rôde près de lui ; sa moustache sensible se heurte au malheur ; elle s’écarte, s’accroupit, ronronne. J’ouvre la bouche, une fois, deux fois. Mais Léonce se débride.

Pourquoi est-ce que vous m’avez amené chez vous ? Pourquoi est-ce que je vous ai suivi ? Qu’est-ce que vous me voulez ? Il a bien fallu que je vous suive. Où que je serais allé ? J’habite au diable, vers la porte de Vitry, rue de Patay, à deux pas des ateliers du chemin de fer. Oh ! c’est pas aussi bourgeois que chez -vous ; c’est ouvrier. J’habite en hôtel, mais j’ai la T.S.F. Ce que je dis... Et puis, qu’est-ce que ça peut vous faire ? Enfin... Votre chauffage central, c’est le système Ribor, à eau, circulation accélérée. Je m’y connais. J’ai été dans la tôlerie-plomberie, avant le cuir où je travaille maintenant. Je gagne ma croûte. Pour le sport, je suis un amateur, un pur... Martinet et Zizine étaient là ; alors je ne pouvais plus, ça n’était plus possible. Pourquoi ? Est-ce qu’on sait ? Si on savait, on serait pas des hommes. Je leur avais défendu pourtant. Zizine a une tête de cochon. Et le pauvre Martinet… Les femmes, monsieur, il faudrait que... On ne sait pas non plus ce qu’il faudrait... Je bafouille... Pourquoi vous faites pas marcher votre T.S.F. ? Ça empêche de penser, c’est une belle invention. Sept lampes ! Vous captez Moscou, hein ! en ondes courtes... L’antenne est au radiateur... ».

J’allumai les lampes ; je n’avais pas touché le bouton de l’aiguille qui nous donnait Prague et avec assez peu d’éclat pour que la harangue tchèque meublât la chambre sans en détruire l’intimité. Un moment s’écoula ; Léonce se leva brusquement du fauteuil.

« J’ai pas confiance en vous ; je pars. Qu’est-ce que vous faites dans le quartier ? C’est pas que vous ayez l’air riche ; mais vous n’avez pas l’air du patelin. Y a des Italiens, des sidis, des crouillats quoi ! qui sont d’ici ; pas vous. Je pars. »

Il ramassa son bagage. Je le maîtrisai d’un coup d’œil paternel et impératif ; il lâcha la mallette qui s’ouvrit et répandit une bouffée d’embrocation et de serviette humide. II se rassit ; ses paupières papillotaient, quoique l’éclairage fût doux. Le Tchèque jabotait toujours en sourdine.

« Drôle de langue, reprit Léonce. Ça berce. Des fois je voudrais me vider, comme qui dirait, me cracher jusqu’à qu’il y ait plus rien de moi en moi, me dégonfler de tout. Oui, Martinet, on se fréquente depuis l’école, d’avant le certificat. Des copains, des frères. Il a étudié, lui. Toujours dans les livres, et de l’encre aux doigts. Oh ! bien sûr, c’est pas un costaud, un malabar ; mais il a une bonne cervelle. Tout mon contraire. Il est bureaucrate, expéditionnaire à la mairie. Il écrit aussi des histoires   il les porte aux journaux. Je l’accompagne ; sans moi il oserait pas. Jusqu’à maintenant, ça n’a guère réussi ; il faut le temps ; les vieux occupent toutes les places. Mais il sera célèbre. Vous verrez. Chacun a dans la peau quelque chose qu’il faut que ça sorte. Martinet, c’est des lignes, des narrations. Et sans manques d’orthographe, avec tous les participes, les pluriels règlementaires. Je le connais. Eh bien ! des fois, je jurerais que c’est un autre qui a écrit ; ça me bouleverse. Moi, mon fourbi, c’est la force. Tout môme je portais des chaises, je soulevais le sac à charbon. Et puis je suis entré à l’Union Sportive. Mon club ; ma famille... Il a fini le type de Prague... Heureusement-que la musique le remplace... Sans ça, je la bouclerais... Ça vaudrait peut-être mieux... Les femmes, je m’en occupe guère, à cause de l’entraînement. Ni alcool, ni tabac non plus. Martinet, il a pas le temps. Le bureau, le jour ; la nuit, les livres, les pattes de mouches. Les ambitieux, les recordmen, ça pense pas aux femmes, ou bien on est frit.

Tout de même, un soir, Martinet a rencontré Zizine, boulevard Saint-Marcel. Elle pleurait. Sa-mère l’avait, flanquée dehors. Parce que la rombière a un amant, et qui en pinçait pour la fille, qu’il paraît. Zizine a jamais cédé, qu’elle dit. Allez vérifier ! Bref, vacarme et trafalgar. Martinet a recueilli Zizine. C’est une de ces filles que les hommes se retournent. C’est pas sa faute ; elle fait des touches à chaque coup, sans s’en apercevoir. Sa nature. Entre Martinet et moi, ça s’est refroidi. Quand un copain, un frère, a une femme, il vous lâche ; sans trop avoir l’air d’en avoir l’air ; tout de même, il vous lâche. Bien sûr, on le voit toujours, mais de plus loin. Une espèce de nuage, de gaz entre lui et vous, un petit malentendu qu’on n’essaie même pas d’éclaircir, parce qu’on risquerait trop de bousculer les sentiments, de se dire les choses qu’on n’a pas le droit.

Comme la vieille, j’étais jaloux de Zizine. Et j’en voulais à Zizine ; je lui en voulais trop ; je pensais trop que je l’aimais pas ; je rêvais d’elle. Ces rêves-là, c’est méchant, ça finit mal. On n’est pas responsable de ses rêves, hein ! Heureusement. Autrement, ça serait à se foutre à l’eau. Et, peu à peu, j’ai soupçonné une chose qui me dégoûtait et qui me flattait en même temps. C’est pas de Zizine que j’étais jaloux par amitié pour Martinet. Au contraire. J’avais comme de la rancune contre. Martinet. Et Zizine... elle... Ah ! est-ce qu’on sait ?... Tenez, une fois, elle m’a dit qu’elle trouvait ridicule un homme à moustache. Le lendemain, sans savoir comme, j’avais rasé la mienne, une petite moustache à l’américaine. Quand j’ai vu ma face dans la glacé, j’ai eu peur ; il me semblait que je regardais une face de traître. Une autre fois, à la salle, à l’entraînement, à la minute de tirer la barre à disque... Ah ! ça, ça... »

Il s’interrompit, sans doute parce que la T.S.F. ne chantait plus. Je mis l’aiguille sur un jazz, un fox-blues, et réglai la sonorité au plus bas ; on percevait à peine la danse obstinée, onduleuse et mélancolique. Léonce poursuivit, dès que le silence eût cessé de l’intimider :

« Vous n’avez jamais travaillé les haltères, vous. On se figure que les poids,' c’est brutal, c’est inerte. Bien sûr, mais pas tant que ça. Quand vous avancez, ils se tassent, ils se défendent, ils se cramponnent au plancher, ils se font lourds. Que vous soyez mal luné, distrait, alors vous les battrez pas. Mais si vous vous concentrez comme un magnétiseur, que vous faites boule, alors vous lés arrangez. Vous gagnez du poids et ils en perdent. C’est comme si cet état, où vous êtes en dehors de vous... Oh ! c’est pas commode à expliquer... C’est comme si cet état où vous êtes les handicapait, leur ôtait quelque chose, les démoralisait. Voilà ce qu’on appelle la forme. Mais c’est fragile. Alors, votre effort de quatre-vingt-quinze kilos, il en arrache cent. Parce que vous les avez hypnotisés, vous les avez obligés à en céder cinq. Et vous enlevez le morceau... C’est correct et régulier. La Fédération, l’arbitre ont rien à opposer... Bref, pour en revenir à Zizine, une fois, à la salle, à l’entraînement, devant la barre à disques, j’ai pensé à elle, je l’ai vue. Pas comme je vous vois, bien sûr.

Elle était contre le mur, transparente, comme au cinéma, quand les gens se rappellent quelqu’un. Elle me regardait. Alors, monsieur, alors la barre a pesé mille tonnés. Elle avait repris confiance, je ne l’hypnotisais plus, parce que je m’occupais d’autre chose que d’elle. Elle se rattrapait ; elle se vengeait ; elle s’accrochait ; plus moyen de la déraciner. Il faut choisir. Je me suis guéri ; j’étais sûr d’avoir guéri. J’ai évité Martinet, Zizine et mes idées de l’autre monde, mon cafard. Mais, hier, Martinet m’a abordé, devant la Manufacture. Il avait l’air triste. Il m’a dit que Zizine se plaignait que je boude, que je fasse bande à part, qu’elle s’intéressait à moi et à l’haltérophilie, qu’elle lisait les journaux qui s’en occupent et même qu’elle avait acheté un petit livre là-dessus, qu’elle devenait une compétence, qu’ils viendraient tous les deux, le lendemain, à la séance du gymnase, à la réunion où je rencontrerais Faouët, que j’étais leur favori. J’ai défendu à Martinet d’assister à la compétition. Je voulais pas d’amis ; ça m’impressionne, ça me gêne.

« Pas même nous, qu’il m’a dit, si peiné, si chagrin que j’ai failli pas pouvoir répondre. — Pas même toi, que j’y ai répondu, la gorge malade, pas même toi, ni Zizine, ni personne. » Il a promis. On aurait voulu se dire des choses ; on trouvait pas le joint. On s’est quitté comme après un enterrement, quand on se défile comme si on avait peur de la mort. On s’est séparé, on a pas tourné la tête... Et aujourd’hui, vous avez vu, vous avez vu... Ça devait arriver... Pourtant j’avais bien dormi, j’avais écarté le souci, l’idée fixe, l’araignée... Rien à faire... Vous avez vu... Ah ! vous pouvez arrêter la T.S.F. maintenant. J’ai lâché mon paquet. »

Une grosse larme coulait sur sa joue. Spectacle pitoyable que ce garçon bâti à chaux et à sable qui se désunissait. Je l’invitai à partager mon repas froid des dimanches, tout préparé, qui m’attendait à la kitchenette. Il était avec moi par anxiété de la solitude, par crainte des grands boulevards ravagés de bise ; il accepta volontiers cette prolongation de ma compagnie. Il mangeait du bout des doigts, le gosier serré ; nous n’échangions que peu de mots, inutiles du reste. Vers onze heures, je lui pro posai d’aller boire un café. Au bar de la place d’Italie où nous entrâmes, il n’y avait que deux ou trois consommateurs qui jouaient au billard russe et Martinet. Les yeux mi-clos, oscillant et désarticulé, il sirotait un petit verre.

« Ah ! fit Léonce, qu’est-ce que tu fais là ? Et Zizine ?

— Partie, répondit l’autre sans lever la tête, partie.

— Où ça ?

— Va le lui demander.

— Partie, répéta mon ami.

— Oui. A la maison, après la scène du gymnase, elle a éclaté de chagrin. Et puis elle m’a agoni. C’était ma faute ; c’était la sienne ; c’était la tienne aussi. Elle ne pouvait plus vivre de cette manière. Il fallait qu’elle s’en aille. Elle pleurait, elle trépignait, elle emballait son linge. Elle m’a avoué, comme si elle me le reprochait, avoir couché avec l’homme de sa mère. Elle criait que je n’aurais jamais dû me mettre avec elle, ni elle avec-moi, que des hommes, ça ne manque pas, que justement un peintre de Montparnasse lui demandait de poser l’académie, qu’il lui procurerait un engagement de femme nue dans une boîte de nuit. Elle en avait assez de la mouise, du boscot sans le sou et de l’hercule à la noix. Des folies ! Et puis elle a eu du remords ; elle m’a demandé pardon, elle m’a embrassé. Ce n’est pas une mauvaise fille. Seulement pas faite pour nous. Ni pour moi ni pour toi, Léonce. Et alors...

— Alors, Martinet ?

— Alors, rien. Elle est partie.

— Et tu ne l’as pas retenue ?

— Non, à quoi bon ?

— Oui. À quoi bon ? »

Nous errions à l’aveuglette dans cette région déshéritée, montueuse qui surveille les plaines mornes où les zoniers reculent, laminés entre les immeubles neufs, les usines, les asiles de vieillards, les cimetières, où les derniers biffins étouffent, assassinés par l’hygiène et l’urbanisme. Nous poussions notre vagabondage à travers les espaces d’asphalte, les bâtisses de ciment armé, les larges éventrations, les voies ouvertes aux migrations de fourmis humaines. Nous longions des boulevards géants, sans voyageurs ; nous atteignîmes la poterne des Peupliers où la Bièvre coule en cage, la Bièvre des castors, des Gobelins, des tanneries, des lavandières romantiques, la rivière déchue au rang d’égout. J’évoquais assez stupidement les bisons, les aurochs disparus, l’hippopotame des siècles où l’homme croyait déjà soulever le monde et se cassait les reins à cause d’une femme. Et Zizine ? Née de Saint-Marcel comme ces reines du Paris galant de jadis, comme ces filles dont les appâts décorent tant de trumeaux et de tapisseries, Zizine, fruit impudique, velouté, irresponsable... Mes deux amis me précédaient. La rafale nous coupait le souffle. Martinet dit avec une sorte de joie amère et résignée : « Voilà, c’est fini et ça recommence. » Léonce répliqua du même ton : « Voilà, on redémarre, et du pied gauche. Voilà. » Je demeurai en arrière ; ils m’oubliaient ; la nuit et la bourrasque les enveloppèrent. Où se dirigeaient-ils ? Ils marchaient pour marcher, pour embrouiller le destin, pour revenir à leur point de départ.

L'Intransigeant — 23 avril 1938

Le 13e en littérature

Barrière des Deux-Moulins

Les Chifffonniers de Paris

par
Turpin de Sansay

En suivant les rues Saint-Victor, du Marché-aux-Chevaux et de Campo-Formio, on arrivait à la barrière des Deux-Moulins, située de l'autre côté du boulevard extérieur.

(1861)

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Barrière des Deux-Moulins

Causerie d'un camarade

par
Jean Loyseau

Allez un dimanche, ou , même , un lundi soir , du côté de l'ancienne barrière des Deux-Moulins : regardez, respirez et écoutez, si vous en êtes capables , tout ce qui frappe à la porte de vos cinq sens : votre odorat percevra je ne sais quelle odeur nauséabonde et méphitique, dans laquelle se mêlent indistinctement la fumée de tabac ; les exhalaisons du cabaret, qui forment , à elles seules, tout un arsenal d'infection...

(1862)

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Boulevard Saint-Marcel

Les Baisers rouges

par
Montfermeil

A travers Paris jusqu'à la rue Coypel...

(1900)

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par

()

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La Butte aux-Cailles

Les Loups de Paris

par
Jules Lermina

Il est sur la rive gauche de la Seine, au-delà de la rue Mouffetard et de la Montagne-Sainte-Geneviève, un lieu étrange, sauvage...

(1877)

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En remontant le boulevard de l'Hôpital

La petite Miette

par
Eugène Bonhoure

Ce jour-là, 3 octobre 1886, le train express de Bordeaux — deuxièmes et troisièmes classes — avait eu plus d'une heure de retard et le service de l'arrivée s'en ressentait...

(1889)

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Rue des Cinq-diamants

La criminelle

par
Jules Lermina

Un plus érudit découvrira l'origine de ce nom singulier, la rue des Cinq-Diamants.
L'étude consciencieuse qui a été faite pour le vieux Paris tentera quelque explorateur des anciennes banlieues annexées : et quel champ plus vaste sera offert à sa curiosité que l'étrange et hideux quartier de la Butte-aux-Cailles ?

(1881)

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Saviez-vous que... ?


Dans son ouvrage Les bals de Paris paru en 1922, André Warnod citait parmi les bals disparus quelques établissements dans le 13e arrondissement :
- le Bal Figeac, 93, boulevard de la Gare ;
- le Bal des Boches, 161, boulevard de la Gare ;
- le Grand Casino, 190 avenue de Choisy ;
- le Bal du Siècle, 58 avenue des Gobelins;
- le Bal Giraldon, 5 rue Nationale ;
- le Bal Bern, 127, boulevard d'Italie ;
- Bal des Troubadours, 73, boulevard d'Italie.

*
*     *

Le 26 octobre 1923, l'automobile de M. Naudin, conseiller d'Etat, ancien préfet de police, entrait en collision avec un taxi à l'angle de l'avenue des Gobelins et du boulevard Saint-Marcel. Dégats matériels uniquement.

*
*     *

En 1937, le président du comité du 13e arrondissement du Groupement général des classes moyennes tenait sa permanence pour les adhésions au cabaret de Mme Grégoire, 41, rue de Croulebarbe.

*
*     *

Le 26 janvier 1881, le sieur Mérenne, 37 ans, demeurant rue Harvey, 17, travaillait à charger de la glace à l’étang de la Glacière, près de la rue un Pot-au—Lait. N’ayant pu se garer à temps, il a été serré entre deux tombereaux, dont l'un était en marche, et a été blessé assez grièvement ; il vomissait du sang en abondance. Après avoir reçu des soins chez un marchand de vin du voisinage, le sieur Merenne fut transporté à l’hôpital Cochin. (Le XIXe siècle, 27 janvier 1881)

L'image du jour

Boulevard Auguste Blanqui à la hauteur du métro Corvisart
Vue en direction de la place d'Italie

A cette époque, il s'agit de la ligne n°2 Sud. La rame montante filera vers la gare du Nord en descendant le boulevard de l'Hôpital après avoir emprunté la boucle sous la place d'Italie.

© paris-treizieme.fr pour la transcription du texte

HISTOIRE DES QUARTIERS

  • La Salpêtrière
  • La Gare
  • Maison Blanche
  • Croulebarbe

ACCES PAR NOM

  • Nomenclature des rues
  • Liste des auteurs

LES DRAMES DU 13e

  • Le drame de la rue Albert
  • Le drame de la rue de l'Espérance
  • Le drame de la rue Vandrezanne
  • Le drame du quartier de la Gare
  • Un drame du terme
  • Tous les drames...

LE TREIZIÈME AVANT LE 13e

  • Le Petit-Gentilly (1820)
  • De la difficulté d’être le treizième arrondissement
  • La bergère d'Ivry (1827)
  • L'abattoir de Villejuif (1812)
  • Sommaire complet

LE TREIZIÈME EN 1860

  • Notice administrative, historique et municipale sur le XIIIe Arrondissement par Ph. Doré fils

ACCÈS THÉMATIQUES

  • L'aménagement du 13e
  • Les grandes voies du 13e
  • La petite ceinture dans le 13e
  • Le Métropolitain dans le 13e
  • Les tramways dans le 13e
  • La gare d'Austerlitz
  • Le puits artésien de la Butte-aux-Cailles
  • La place d'Italie
  • La cité Doré
  • La cité Jeanne d'Arc
  • Le passage Moret
  • L'asile Nicolas-Flamel
  • Les hôpitaux de la Pitié et de la Salpêtrière
  • Les fouilles archéologiques dans le 13e
  • Le Siège de Paris (1870-71)
  • Le 13e sous la Commune
  • La catastrophe de la rue de Tolbiac (20 oct. 1915)
  • Le jardin des Gobelins
  • La manufacture des Gobelins
  • La "Folie Neubourg"
  • Le marché aux chevaux
  • Les grandes eaux du boulevard Kellermann
  • Ateliers, fabriques et petits métiers du XIIIe
  • Chiffons et chiffonniers
  • Bals de Paris, bals de barrière, cabarets, bouges et assommoirs
  • L'épidémie de la Maison-Blanche (1890)
  • Les étrangleurs des Gobelins
  • Sur les communes limitrophes
  • La zone dans le 13e

VIDÉOS

  • Auguste Lançon et le 13e
  • Marville, la rue de Tolbiac
  • Quai de la Gare, janvier 1910
  • La place Nationale
  • Le marché aux chevaux

L'image du jour


Le feuilleton


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