Les protecteurs du Tsar
Le Gaulois — 30 septembre 1896
Un gardien de la paix, nommé Claude Alexandre, qui passait hier sur le pont Neuf, se mettait tout à coup à pousser des cris furieux et à exécuter des moulinets avec son sabre, au grand effroi des passants.
Lâchant son arme, le malheureux montait bientôt sur le parapet et s'élançait dans la Seine en criant :
— Pour Dieu, pour le Tsar et pour la patrie !
On put, après bien des efforts, le retirer vivant du fleuve, mais quand on lui eut fait reprendre ses sens, on constata qu'il avait perdu la raison.
— Je suis, répétait-il, sur la piste d'un complot ourdi par les nihilistes pour assassiner le Tsar lors de son passage à Paris. Il y en a partout. Tenez, en voici un.
Et l'agent saisit au collet le commissaire de police, M. Roy. Le pauvre diable a été conduit à l’infirmerie du Dépôt.
Autre cas de folie causé également par la préoccupation de « protéger » le Tsar pendant son séjour en France.
Un monsieur, âgé de quarante ans, louait, hier, une chambre meublée avenue des Gobelins.
— Je suis, disait-il, le général Dinatoff, envoyé secret du gouvernement russe pour veiller à la sécurité de S. M. le Tsar.
» On m'a spécialement chargé de m'assurer s'il n'y avait point de conspirateurs dans les environs de la manufacture des Gobelins. C'est pourquoi j'ai tenu à me loger ici dans l'incognito le plus absolu. »
Quelques minutes après, le soi-disant général se présentait au commissariat de M. Perruche, déclinait ses nom et qualités au magistrat surpris, et lui demandait de lui confier « la clef des égouts du quartier ».
— J'ai ordre, ajoutait-il, d'y poster une compagnie de cosaques.
Une heure après, l'aliéné croyant qu'on le conduisait à l'entrée des égouts était amené à l'infirmerie du Dépôt.
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