Rue Damesme
L’ami du Peuple — 5 juillet 1932
D’importants changements projetés rue Damesme ont condamné plusieurs maisons de cette rue et de la rue des Peupliers : les numéros 30, 38. 40. 42, 44, 46, 48, 50. L’un de ces immeubles est particulièrement curieux : le 48, qui date du XVIIIe siècle, ancienne demeure présumée de cultivateurs.

Source IGN - Remonter le temps
L’actuelle rue Damesme est visible sur le plan de Lacaille (1730). Elle était alors route de Lyon. Elle fut alignée et bâtie peu à peu, notamment aux virons de 1838 ; on l’appela alors du Bel-Air.
En 1868, le nom de Damesme lui donné en souvenir du général tué une barricade en 1848, à l’âge de quarante ans. Elle contient en nombre assez élevé de mignonnes maisonnettes, semblables à des constructions enfantines. Tous les terrains avoisinants, anciens champs, où vécurent longtemps des colonies de chiffonniers, ont été percés de rues, maintenant bordées pour la plupart de pavillons exigus et de style uniforme.
Ces rues sont dédiées au docteur Leray, à Dieulafoy, à Lucas-Championnière, à l’interne Loeb — voire à Jules Ferry — et voisinent avec la rue de Tolbiac. Il y a aussi une rue Henri-Pape, percée en 1885, et que l’on nomma d’abord rue Edouard-Valentin, préfet du Bas-Rhin mort en 1879. Depuis lors, Edouard Valentin dut démériter, puisque son nom fut enlevé et remplacé par celui de Henri Pape, facteur de pianos (1789-1875). Que de pavillons et que de jardinets microscopiques I En cet ancien coin dit de Bel-AIr, les humains respirent peut-être, mais leurs arbustes semblent périr d’asphyxie.
Dans l’axe de la rue du Tage, au 48 de la rue Damesme (maison du XVIIIe dont nous parlions plus haut et qui est condamnée), on perce la rue du Docteur Tuffier, chirurgien des hôpitaux de Paris (Pitié, Beaujon, Lariboisière), clinicien réputé et professeur à l’École de médecine.
Un peu plus loin est la rue Ernest-Rousselle, conseiller municipal (18361896), maintenant rue Ernest-et-Henri-Rousselle ; le fils ayant été conseiller comme le père, on les a confondus dans un même hommage.
Au 73 de la rue Damesme est la rue du Tibre, connue dans le passé sous le nom de rue de la Fosse-aux-Chevaux. Le Tibre, pour le moins, devait passer sur cette voirie d’équarisseur afin d’en nettoyer les Immondices.
Vers le boulevard Kellermann, le promeneur remarquera la fréquence de vieux jardins situés en contre-bas de l’ex-route de Lyon.
Au n° 54 s’élève une maison neuve qui a été baptisée : Cité de la Femme. Les esprits cyniques ne manqueront point de faire observer qu’il fallait, en ce cas, dans le voisinage, médecins et chirurgiens. On demande rue Damesme, une rue du Pozzi(*).
(*) Jean-Samuel Pozzi est un médecin, chirurgien et anthropologue français né à Bergerac le 3 octobre 1846 et mort à Paris le 13 juin 1918. Membre de l'Académie de médecine et professeur à la Faculté, il fut l'un des pionniers de la gynécologie moderne. Il fut également l'un des modèles du Dr Cottard de Proust dont il était proche.