Passage d'Ivry. — Logis à bon marché. — Un asile de pauvres
gens.
Le Journal — 4 décembre 1904
Tout au bout de l'avenue d'Ivry, près des fortifications, se trouve une impasse
dont l'accès est si étroit, qu'aucun véhicule n'y peut pénétrer sans raser et
détériorer les murailles des maisons qui la bordent ; c'est le passage
d'Ivry. Tout au fond de ce passage se dresse une maison branlante, dont l'histoire
est bien extraordinaire.
Le propriétaire de cette maison, M. Surchaut, mourut, il y a une douzaine
d'années, sans testament et sans héritiers connus ; la maison, qui était
habitée par M. Surchaut, ne demeura pas longtemps vide, après la mort de son
propriétaire ; des pauvres gens du quartier s'y installèrent, au grand ébahissement
d'un cousin de M. Surchaut, qui essayait de faire valoir ses droits d'héritier
sur la maison sans maître.
Ces pauvres gens furent chassés de leur demeure par les agents du fisc, qui
barricadèrent la maison, n'y laissant pas même pénétrer le cousin de M. Surchaut
; celui-ci s'en alla ; on ne l'a jamais revu.
Illustration parue dans Le Journal
Pendant huit jours, les barricades furent respectées ; mais après ce laps
de temps des rôdeurs arrivèrent, qui transformèrent la maison en un antre où
se déroulèrent d'extravagantes scènes d'orgies sordides ; on buvait, on
se battait, on s'entre-tuait dans cette maison. La police intervint; les rôdeurs
furent expulsés ; d'autres rôdeurs les remplacèrent, qui, non contents
de scandaliser le quartier par leurs exploits, se mirent en devoir de tout saccager
dans leur repaire; les parquets furent arrachés et brûlés dans les cheminées,
les persiennes furent descellées, les portes, furent enfoncées; la police dut
encore intervenir.
C'était une veille de petit terme ; la maison sans maître, débarrassée
de ses rôdeurs, fut envahie par des ouvriers pauvres, expulsés brutalement de
leur domicile. Et, depuis, les ouvriers sans asile du quartier se succèdent
dans la maison du passage d'Ivry, aucun logement n'en restant vide plus d'une
journée.
J'ai visité, hier, cette maison ; elle est plus vermoulue que si elle, avait
deux siècles d'existence ; les murs en sont lézardés, la toiture en est
crevée ; à l'intérieur, pas de portes ; à l'extérieur, plus de persiennes.
Des vieilles planches servant à boucher tant bien que mal les issues, qui
ne sont pas bien nombreuses : six fenêtres et une porte sur le passage,
autant sur un ancien jardin où poussaient jadis des vignes et où maintenant,
s’épandent, nauséabondes, les eaux de ménage ; des détritus de toutes sortes
nagent dans ces eaux malsaines, qui sont encore empuanties par ce fait qu'une
fosse d'aisance voisine, n'étant jamais vidée, s'est crevée.
Oh ! les effroyables taudis !... Quinze chambres immondes, dans
lesquelles des meubles, sortis d'on ne sait quel magasin de bric-à-brac, sont
entassés ; dans certaines de ces chambres vivent le père, la mère et toute
une marmaille dépenaillée ! On se croirait dans une Cour des Miracles.
Parfois, quand un de ces ménages a pu économiser quelques sous et que son
chef de famille a déniché un emploi rémunérateur, le père, la mère, les enfants
s'en vont, heureux de sortir de cet enfer, et des misérables, plus misérables
qu'eux-mêmes, les remplacent à la même minute.
On s'effare, à l'idée de la promiscuité que doivent subir les condamnés dans
les prisons ; qu'est cette promiscuité à côté de celle des malheureux ouvriers
sans asile qui vont nicher dans la maison sans maître du passage d'Ivry, côte
à côte avec d'autres malheureux, qui eux, ne sont pas ouvriers, et cherchent,
les soirs, sur les fortifications, autre chose que du travail ?...
Les voisins des locataires de la maison sans maître se sont plaints, récemment,
au service d'hygiène, qui est intervenu, et qui veut expulser ces pauvres gens.
Cette besogne ne sera pas commode : si pitoyable que soit leur logis, ces
malheureux y veulent demeurer : où trouveraient-ils un logement à meilleur compte ?
Le service d'hygiène demande la démolition de cet immeuble, qui est littéralement
pourri.
Mais, ici, on se heurte au fisc, qui, depuis douze ans, n'a jamais touché
un sou des contributions qui lui sont dues, et qui veut mettre en vente cet
immeuble sans propriétaire.
Qui donc achèterait cette masure ? Le terrain sur lequel elle s'élève
à seul quelque valeur, et encore, dans ce coin reculé de Paris; cette valeur
n'est-elle pas bien grande. La maison sans maître restera peut-être longtemps
encore un asile pour les malheureux du quartier d'Ivry.
Sur l'emprunt de 900 millions, dont la majeure partie doit servir à exécuter dans Paris de grands travaux de voirie (ce qui n'exclut pas ceux qui ont été décidés antérieurement à l'adoption de ce vaste plan de campagne), les quatre quartiers du treizième arrondissement auront une assez forte part. (1910)
Au service hydrométrique, on escompte la cote de 5m. 20 à Paris-Austerlitz d'ici à lundi matin et on espère qu'elle ne sera pas sensiblement dépassée. (1910)
Dans la soirée d'hier, vers six heures et demie, une conduite d'eau passant à la poterne des Peupliers, près du boulevard Kellermann, dans le treizième arrondissement, s'est rompue brusquement. (1912)
Ainsi que nous le faisions pressentir, M. Rousselle, conseiller municipal du quartier de la Maison-Blanche (treizième arrondissement), président du conseil municipal de Paris, a succombé hier matin à la maladie qui, depuis un certain temps, le tenait éloigné de l'Hôtel de Ville. (1896)
Le conseil ayant décidé, en 1899, après de lentes et nombreuses études, de faire procéder à la couverture de la Bièvre « dont les émanations exercent une influence fâcheuse sur la santé des riverains... (1907)
Il faudrait battre longtemps Paris pour y trouver quelqu\'un de comparable à M. Enfert, qui vient de faire bénir, à la Maison-Blanche, une nouvelle œuvre. (1897)
A dater du 28 octobre 1923, la S. T. C. R. P. mettra en service une nouvelle ligne d’autobus dénommée AI bis, « Place d’Italie-Gare Saint-Lazare » (1923)
Une triste nouvelle nous arrive du front. Eugène Bonneton, le peintre délicat du vieux Paris, de la Bièvre et des hivers parisiens, vient de s'éteindre dans une ambulance de l'Argonne. (1915)
Au cours de sa dernière session, le Conseil municipal a été unanime à approuver le projet présenté par le préfet de la Seine relatif à l'assainissement de la cité Jeanne-d'Arc. (1934)
Hier soir, il cinq heures, au moment où les élèves d'une école enfantine passaient boulevard Kellermann, à la hauteur de la rue des Peupliers, un formidable grondement souterrain se fit tout à coup entendre. En même temps, le talus des fortifications se soulevait sous l'irrésistible poussée d'une énorme gerbe d'eau. (1912)
Avant de commencer mon article sur le treizième arrondissement, je crois utile de parler spécialement de sa ligne frontière, du boulevard Saint-Marcel, qui en constitue la limite septentrionale. Cette grande voie, qui a coupé le marché aux chevaux, écorné l'ancien cimetière de Clamart et absorbé la petite place de la Collégiale, a été enfin tracé onze ans après avoir été décrété d'utilité publique (17 août 1857). Mais a-t-elle été exécutée de manière à donner satisfaction aux intérêts des quartiers qu'elle traverse, aux intérêts des propriétaires et des habitants qui se trouvent dans son voisinage ? (1868)
La Bièvre est l'une des causes les plus actives de l'empoisonnement parisien. Ce ruisseau, chanté par les poètes, sur les bords duquel Rabelais aimait à se promener et qui a inspiré des idylles à Benserade, n'est en réalité qu'un égout à ciel ouvert. (1884)
Le nommé Désiré Caritey, journalier, âgé de quarante ans, demeurant rue Duméril, 17, marié et père de trois enfants, avait avec sa femme, avant-hier soir, une vive discussion pour un motif bien futile.
Au sortir du pont de Bercy, sur la rive gauche de la Seine, s'ouvre le boulevard de la Gare qui va de ce pont à l'ancienne barrière d'Italie, au bout de la rue Mouffetard. (1867)
La rue des Malmaisons, inconnue de bien des Parisiens, est située avenue de Choisy, le long du chemin de fer de ceinture. À part quelques commerçants de détail, elle est habitée presque exclusivement par des ménages de chiffonniers.
Comme si ce n'était pas assez, pour rendre le treizième arrondissement insalubre, des marécages de la Bièvre et des fabriques de la plaine d'Ivry, on y a laissé s’installer toutes sortes d'industries infectantes. (1885)
Bien que Sénèque ait dit « La colère est une courte folie », elle n'est pas toujours excusable, surtout lorsqu'elle se manifeste par des accès trop fréquents. C'est le cas de la nommée Augustine Couffier, âgée de trente-huit ans, ménagère, demeurant rue des Malmaisons.
Le bruit court que la compagnie d'Orléans est en instance pour obtenir du ministère des travaux publics un décret d'utilité publique qui lui permette d'exproprier certains terrains qu'elle désire annexer à la gare des marchandises intra-muros. (1873)