Berg, « le tatoué de la Butte-aux-Cailles » s'est évadé de l'hôpital Cochin
Le Journal — 22 janvier 1911
Peur la deuxième fois, en moins d'un mois, un malade, consigne à la disposition de la justice, s'évade de l'hôpital Cochin. On se souvient, en effet-, que dans la première semaine de janvier, un apache, du nom de Meunier, blessé à la suite d'une fusillade avec les agents, rue de la Gaîté, s'enfuyait de l'établissement hospitalier. Il était, du reste, appréhendé deux jours après dans le quartier de Plaisance.
Le 4 janvier, autre fusillade boulevard Arago, — le « boulevard Liabeuf » des rôdeurs, — au cours de laquelle un des membres les plus redoutables de « la bande des tatouée de la Butte-aux-Cailles », Emile Berg, âgé de 22 ans, recevait d'un de ses complices qui croyait tirer sur un gardien de la paix, deux balles de revolver, l'une à la main gauche, l'autre à la cuisse.
Berg fut transporté à l'hôpital Cochin et mis à la disposition de M. Mounot des Angles, juge d'instruction.
Mais le malandrin s'ennuyait dans la salle des malades et brûlait du désir de revoir les « aminches » de la Butte-aux-Cailles.
— Dès que j'aurai un pantalon, disait-il volontiers, je connais quelqu'un « qui se fera la paire ».
On lui avait, en effet, comme à tous les inculpés de ce genre, retiré ses vêtements et il ne devait avoir à sa disposition, que le pantalon et la capote de l'hôpital.
Hier matin, Emile Berg fut prévenu qu'on allait le transporter dans la salle de radiographie. Le prévenu s'en montra tout joyeux, car il allait enfin pouvoir réaliser son projet.
Dès qu'il eut pris possession du pantalon bleu qu’on lui remit pour changer de salle, Berg s'absenta sans éveiller la méfiance de l'infirmière.
Une heure se passa, puis toute la matinée. L'infirmière, inquiète, prévint le directeur qui fit procéder à des recherches. Celles-ci demeurèrent vaines et, à cinq heures de l'après-midi, ou prévenait M. Guichard, commissaire de police de Montparnasse. Le service de la-Sûreté était également avisé.
Rien n'était plus facile à Berg que de prendre la fuite. De tous côtés les murs qui entourent l'hôpital sont abattus pour faire place à de vastes chantiers où l'on construit un hôpital nouveau.
Au milieu des allées et venues des ouvriers et des convalescents, l'apache a pu passer parfaitement inaperçu. Une des sœurs d'Emile Berg habite la rue Mouffetard. C'est sans doute à cette adresse qu'il se sera tout d'abord rendu pour se vêtit, car il est parti nu-tête, n'ayant sur lui qu’une chemise et un pantalon.
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