Faits divers

 Oscar, le pauvre ours - 1906

Oscar, le pauvre ours

Le Matin — 16 juillet 1906

D'aucuns prétendent que certains hommes actuellement arrivés au faîte de l'échelle sociale ont été jadis des « montreurs d'ours ». D'autres prétendent que cette profession mène à tout, pourvu qu'on garde son « ours ». Hors M. Darius, homme paisible et forain de son état, avait un ours magnifique, Oscar de son nom, qu'il avait dressé à faire l'« appel » au public.

Chaque soir, à la fête de la place d'Italie, Oscar faisait la joie des spectateurs par ses facéties, par le vacarme étourdissant qu'il menait. À lui seul il faisait, recette. C'est dire si son patron avait une grande estime pour lui et, certes, pour « tout l'or du monde » M. Darius n'aurait cédé son plantigrade. Mais celui-ci, pris sans doute de la nostalgie des Alpes, où il avait été jadis capturé, chaque soir qu'il rentrait dans, sa loge, s'amusait à ronger de ces incisives d'acier les barreaux de fer qui le séparaient du reste du monde et le privaient de liberté.

Le Petit Journal - 22 juillet 1906Hier matin, après avoir passé la nuit à faire la « montre » devant les badauds, Oscar fut réintégré dans son home. Le sournois en était enchanté, car il était enfin par venu, sans qu'on s'en aperçoive, à scier complètement l'un des barreaux gêneurs. Il était quatre heures exactement quand, par une simple poussée, notre ours trouva enfin la liberté : le barreau céda sans bruit, et lui, de même, s'en fut tranquillement voir la fête d'un peu plus près que dessus l'estrade, de sort patron.

Les derniers danseurs de la rue Coypel, et les derniers badauds n'y prirent presque pas garde ; seuls, les agents de la paix publique furent interloqués devant le sans-gêne de cet ours, qui se promenait sans faire de mal à personne, contrairement à ce qui a été dit.

Sans pitié, ils livrèrent une bataille de règle au malheureux ours, sur lequel ils ne tirèrent pas moins de quarante coups de revolver.

Le pauvre « Oscar », que les premières balles n'avaient même pas mis en fureur, succomba sous le courage de ses agresseurs, victime de son amour pour la liberté et du 14-Juillet. On juge d'ici le désespoir du malheureux dompteur, dont l'ours était l'unique gagne-pain. Pour toute consolation il lui restera la peau de la bête.


A lire également

Une chasse à l'ours en plein Paris - Le Journal

À lire également...

Cité Jeanne d'Arc

L'ivrogne qui avait blessé sa voisine est arrêté

1935

Après une nuit d'anxiété, les locataires de la cité Jeanne-d'Arc ont appris avec soulagement l'arrestation d'Henri O..., qui avait blessé sa voisine d'un coup de couteau à la gorge.

...


Quartier de la Gare

Les assiégés de la cité Jeanne-d'Arc se sont rendus ce matin

1934

Pour comprendre ces violences, il faut connaître la cité Jeanne-d'Arc, une des hontes de Paris.

...


Quartier de la Gare

La pègre

1907

Un cocher, M. Louis Bodard, demeurant 5, rue Nationale, attendait, près de sa voiture, hier après-midi, rue du Château-des-Rentiers, à la hauteur du numéro 108, la sortie d'un client.

...


Sur les bords de la Bièvre

Attaqué par quatre chevaux

1873

Un vieillard de soixante-dix-sept ans, le sieur D..., rentier, demeurant rue de la Colonie, suivait hier, vers trois heures de l'après-midi, le bord de la petite rivière de Bièvre, près de la rue du Pot-au-Lait

...

Saviez-vous que... ?

Le 24 décembre 1939, Paris-Soir nous apprenait que Mme Marthe Pouchenel, 20 ans, avait glissé sur le verglas dans la cour de l'immeuble où elle demeurait, 23, rue Bourgon et avait été admise à l'hospice de Bicêtre.

*
*     *

En 1879, les écoles chrétiennes de la rue du Moulin des Prés, de la rue Jeanne d'Arc et du boulevard de l'hôpital furent laïcisées à la suite de la décision du conseil municipal. Elles furent remplacées par les écoles libres des 61 rue Dunois, 93 avenue de Choisy et 43 rue Corvisart. Une école chértienne tenue par des soeurs fut laicisée et remplacée par une école libre située 35 rue Jenner.

*
*     *

Ernest Rousselle (1836-1896), conseiller municipal du 13e arrondissement et président du Conseil municipal de Paris, était un adversaire résolu de tout projet de métropolitain qu'il considérait comme contraire aux intérêts de Paris. Dans une notice nécrologique publiée le 17 mai 1896, le quotidien La Gazette le décrivait comme étant de taille moyenne, trapu avec une barbe épaisse, l'air véhément et pompeux.

*
*     *

Les agents arrêtaient, le 11 septembre 1915, rue Bourgon, Georges M…, 17 ans, connu sous le surnom de « Costaud de la Butte-aux-Cailles », comme celui-ci vantait les qualités d'un formidable couteau à sept crans-d'arrêt qu'il montrait.

L'image du jour

Boulevard Arago vers le carrefour des Gobelins

La création du boulevard Arago fut décidé dans les années 1850 comme moyen de développement du 12e arrondissement d'alors et comme une branche du grand boulevard Saint-Marcel reliant les chemins de fer de Lyon et d'Orléans avec le chemin de fer de l'Ouest et toute la partie sud-ouest de Paris. Ce devait être une voie de 40 mètres de largeur bordée d'une double rangée de plantation traversant "un désert d'immenses terrains vagues qui s'animera et se peuplera très promptement".
Le nom de la voie initialement retenu était Boulevard de la Santé.  ♦