Le miracle de la rue du Banquier
La Patrie — 20 mai 1866
Hier matin, à neuf heures, le concierge du n° 5 de la rue du Banquier, n’ayant pas vu paraître, selon sa coutume, l’une des locataires de sa maison, Mlle S..., blanchisseuse, et se rappelant que cette jeune personne semblait depuis quelques jours fort préoccupée et morose, conçut de tristes soupçons.
S’étant fait assister des voisins, il entra dans la chambre de Mlle S... et trouva la blanchisseuse sans mouvement dans son lit. Deux grandes casseroles placées au milieu de la chambre et contenant des restes de charbon ne lui laissèrent plus aucun doute : Mlle S... s’était asphyxiée.
Il en donna avis à M. Lebrec, commissaire de police du quartier, qui se rendit immédiatement au n° 5.
Ce magistrat, en attendant l’arrivée du médecin qu’il avait envoyé chercher, examina Mlle S... Ayant reconnu que le corps avait encore une certaine chaleur, il voulut s’assurer s'il n’y aurait pas possibilité de rappeler cette malheureuse à la vie ; aussitôt il employa les moyens les plus énergiques auxquels on puisse avoir recours en pareil cas, et, après une demi-heure de soins, il eut le bonheur de voir ses efforts couronnés du plus complet succès. Cette jeune fille, que l’on avait cru morte, était rappelée à la vie.
Interrogée sur la cause de son sinistre projet, elle a avoué qu’un étudiant qu’elle aimait l’ayant délaissée pour une autre jeune fille, elle n'avait pas voulu survivre à un tel abandon.
Ce n’est pas, nous dit-on, la première personne que M. Lebrec rappelle ainsi à la vie, grâce à la promptitude de ses soins et à son expérience.
(Le titre a été ajouté — NdE)

Elle tire son nom du Banquier Patouillet, propriétaire de nombreux terrains dans les environs.