Les « Espadrilles de la Butte ».
Le Matin — 21 mai 1910
Depuis quelque temps, plaintes sur plaintes affluaient au commissariat de M. Yendt. Il ne se passait pas de jour où quelque commerçant des environs de la place d'Italie ne vît ses étalages mis en coupe réglée par une bande de malandrins. Cette bande, connue sous le nom de bande des « Espadrilles de la Butte » et admirablement organisée, terrifiait littéralement le quartier.
Grâce à une habile surveillance, M. Yendt et ses inspecteurs réussirent à découvrir le lieu où les malfaiteurs tenaient leurs assises et recélaient leur butin. Ils se rassemblaient à la tombée du jour dans une masure abandonnée de la ruelle des Gobelins et tout en se livrant à de joyeuses agapes avec les victuailles dérobées, ils prenaient les ordres de leur chef pour les expéditions du lendemain.
Au moment où ils s'y attendaient le moins, le commissaire de police et ses agents firent irruption, revolver au poing, dans le repaire des bandits. Ceux-ci opposèrent aux représentants de l'autorité une résistance opiniâtre. Mais force resta à la loi, et cinq des principaux membres de la bande furent arrêtés : Georges Boniquet, dix-neuf ans, dit « Tout Fou » ; Louis Pouisot, Maurice Lajarrige, dit « Bifteck de la Butte » ; Gaston Aparicot, tous trois âgés de seize ans, et Alphonse Hébert, quinze ans. Ce sont des récidivistes dangereux.
Ils ont été envoyés au Dépôt.