Cuir de Russie
Le Cri du peuple — 16 février 1885
Pour obtenir du cuir de Russie, sains, odorant, inoffensif, faites macérer
pendant huit jours au moins la peau tannée d’une petite vache bretonne ou d’un
veau normand, ou encore, d’un chevreau béarnais, avec une certaine quantité...
de crottes de chien; étendez ensuite au soleil jusqu'à complète siccité, puis,
sentez : l’odeur sui generis du véritable cuir de Russie vous
monte aux nez.
Ce qui prouve la supériorité du chien sur l'homme.
Je vous avoue bien franchement, que je n'ai pas encore essayé le procédé,
mais il m'a été indiqué par une vieille amie, chercheuse de documents canins,
que j'ai rencontrée dimanche dans une des nombreuses ruelles de la Butte-aux-Cailles
; aussi me suis-je empressé de vous en faire part.
*
* *
Cette Butte-aux-Cailles est plus modeste, mais aussi plus intéressante que
la butte qui est là-bas, de l'autre côté de l'eau, à l'extrémité de Paris. Qu'ils
viennent donc, les calotins, essayer d'y planter un sacré-cœur de Jésus quelconque,
et ils verront comment ils seront reçus par l'honnête population de biffins
qui grouille au milieu des terrains plus ou moins vagues, arrosés par la Bièvre !
Les crochets se lèveraient tout seuls !
Là, il n'y a pas de « Moulin de la Galette », mais il y a un très
curieux théâtre de marionnettes : « Premières à 20 centimes; secondes à
10 centimes; les enfants au-dessous de dix ans payent demi-place (!) »
Et il faut les voir, ces gosses en haillons, se tordre, pousser des cris, élargir
leur fraîche petite gargoulette, écarquiller les yeux, s'oublier dans leur
ci-devant culotte, baver béatement quand Polichinelle rosse le gendarme
et jette à la porte le pharmacien-proprio !
Vrai ! ça vous met un peu du baume au cœur, de sentir joyeux ces braves
petiots...
La Butte-aux-Cailles, ce n'est plus Paris ; ce n'est pas, non plus, la banlieue,
encore moins la province : c'est la Butte-aux-Cailles, et voilà tout.
On s'entr'aide, dans ce pays-là; on ne clôt pas sa porte, on ne ferme pas
sa fenêtre; on étale sur l'herbe, devant la cabane, la fortune ramassée durant
la nuit précédente ; on s'endort tranquillement, sur un tas de chiffons, sans
craindre que le voisin vienne chaparder les ordures ou faire de l'œil à l'épouse.
Je le répète : on est honnête à la Butte-aux-Cailles...
On ne peut pas en dire autant au Palais-Bourbon.
*
* *
—
Ainsi, tenez, me dit ma vieille amie, je fais des petits tas de crottes, d'os,
de débris, de brindilles, je les laisse là, et une fois ma besogne terminée,
j'irai chercher ma brouette dans la rue Vandrezanne ; il y a loin, j'en
ai au moins pour vingt bonnes minutes : eh bien ! je suis tranquille, allez
! Ils peuvent passer à dix ou vingt camarades : N'y a point de danger qu'ils
touchent à mes tas. C'est sacré. Ils m'en remettraient plutôt qu'ils ne
m'en ôteraient...
— Et que vous rapporte votre industrie ?
— Ça dépend : en été, nous pouvons faire jusqu'à vingt-cinq sous par
jour, mais en ce moment la pluie et la neige noient notre marchandise, la détrempent,
la rendent impropre à la parfumerie des mégissiers... Puis, les sergots nous
font la guerre, nous chassent, nous bousculent depuis quelque temps. Croyez-vous
qu'il y en a un qui m'a demandée l'autre jour, si j'avais la permission ! Va-t-il
pas falloir une patente, pour ramasser des crottes de chien !... »
*
* *
Les gentes jouvencelles du noble Faubourg, ou les sensitives du Marais bourgeois,
qui inscrivent chaque jour sur de mignons carnets roses leurs intimes impressions
et les rendez-vous des amants, ne se doutent pas, je crois, que l'agenda en
cuir de Russie qu'elles glissent furtivement dans leur gorge lascive,
ne doit son parfum pénétrant qu'à la.... crotte de chien...
Je suis heureux de le leur apprendre.
Émile Violard.
A lire également
Fabriques d'asticots (1883)
Les chasseurs
de cabots (1868)
La ramasseuse de crottes
(1893)
Vu dans la presse...
1862
On a mis récemment à l'enquête un projet d'agrandissement de la Gare du chemin de fer d'Orléans, à Paris, qui consiste à étendre les dépendances de cette gare jusqu'au quai d'Austerlitz, par l'annexion de tout l'emplacement compris entre ce quai, la rue Papin et le boulevard de l'Hôpital. (1862)
1925
Conseiller municipal du quartier Croulebarbe (1925)
1927
Le treizième a toujours été la cité des pauvres. Il sue encore la misère avec ses îlots de maisons délabrées… avec la rue du Château-des-Rentiers, ô ironie, avec la Butte-aux-Cailles chère à Louis-Philippe. Et comme la misère va de pair avec la douleur, beaucoup d'hôpitaux, la Salpêtrière, la Pitié, Broca, Péan, des asiles, des refuges. Sur 33.500 électeurs, 28.000 paient de 500 à 1.200 francs de loyer par an. Au prix actuel du gîte, ces chiffres ont une triste éloquence ! On ne s'étonnera pas si le treizième est politiquement très à gauche… et même à l'extrême gauche. (1927)
1929
Tandis que les chauffeurs ne pourront claironner ou trompeter par les rues de Paris, des escouades de bruiteurs autorisés continueront, embouchure aux lèvres, leur pas accéléré quotidien dans les rues du quartier de la Maison-Blanche en général, boulevard Kellermann en particulier. (1929)
1924
Dans une semaine ou deux, on inaugurera la grande piscine de la Butte aux Cailles. C'est un établissement vraiment remarquable, de briques et de mortier, aux revêtements vernissés blancs, dominé d'une immense cheminée en ciment armé, de grande allure avec sa quadrature de colonne droite évidée aux angles, lesquels sont ainsi arrondis. (1924)
1929
Dimanche, dans la nuit, un craquement sinistre a éveillé les locataires d'un des vieux immeubles de cette rue. une maison d'un étage, portant le numéro 10. D'un coup la maison s'était lézardée du haut en bas. menaçant de s'effondrer. (1929)
1937
Le quartier de la Gare est en émoi. A la suite de perturbation du sol, peut-être aussi de fissures de conduites d'eau et d'infiltrations, la plupart des immeubles de la rue Charles-Bertheau, dont certains sont neufs, menacent ruine (1937)
1937
Les 84 sinistrés de la rue Charles-Bertheau ont manifesté pour obtenir de la ville de Paris des logements ou un secours suffisant. (1937)
1872
Savez-vous ce que c'est qu'un Bijoutier ?...
C'est un de ces industriels qui achètent aux laveurs de vaisselle des restaurants les débris de viande cuite jugés indignes d'être offerts à la clientèle, et qui vendent ces débris, connus sous le nom d'arlequins, aux pauvres gens des quartiers populeux.
Or, depuis quelque temps, les étalages des bijoutiers du marché des Gobelins étaient mieux fournis que d'habitude... (1872)
1878
Il faudrait tout notre journal pour être complet sur le treizième arrondissement. (1878)
1914
C'est derrière la mairie du treizième arrondissement, dans le vieux marché des Gobelins, que la jeunesse des Beaux-arts avait organisé hier soir le bal annuel des Quat'z'Arts. (1914)
1923
Une rumeur étonnante et capable d’alimenter toutes les conversations circulait, hier après-midi vers 5 heures, dans le quartier de la Maison-Blanche. Des terrassiers, en creusant pour faire une cour, avaient découvert des ossements... (1923)
Ailleurs sur Paris-Treizieme
Elle pourrait bien être en passe de gagner le titre de nouvelle Butte sacrée, cette Butte-aux-Cailles, au nom plein de charme évocateur, qu'on songe à la splendeur cynégétique ou à la petite amie souriante, chantante et potelée. (1927)
Lire
Marius Lafontaine, un robuste ouvrier emballeur de trente-deux ans, et Juliette Berthier, vingt-quatre ans, teinturière, s'étaient épousés il y a six ans. Ils pensaient avoir trouvé le bonheur. Hélas ! la désillusion vint vite., Quinze jours à peine y suffirent.
Lire
L'ex-commune de la Maison-Blanche, au-delà du boulevard d'Italie, est une des parties annexées qui offrent le plus de difficultés pour le nivellement, car d'un côté il s'agit de franchir les hauteurs de la Butte-aux-Cailles, et de l'autre il faut remblayer des fondrières, des carrières abandonnées... (1861)
Lire
Éventré d'un coup de couteau, à demi assommé à coups de talon par une femme, un des combattants est enfin jeté sous les roues d'un taxi
Lire
Le treizième arrondissement se compose, comme le douzième, d'une fraction de l'ancien Paris et d'une partie annexée. Cette dernière est comprise entre les anciens boulevards extérieurs, les rues de la Santé et de la Glacière, les fortifications et la Seine. La butte des Moulins, la butte aux Cailles et les bas-fonds de la Bièvre, en font une des régions les plus mouvementées de la zone suburbaine, et, par conséquent, une de celles qui présentent le plus d’obstacles à une viabilité régulière; de là, des tâtonnements et de longues études. (1863)
Lire
Rue Nationale, à Paris, au n° 13, à 200 mètres de la porte d'Ivry, près du boulevard Masséna et d'un terrain vague longeant les fortifications et appelé communément « champ de manœuvres d'Ivry », se trouve un petit débit le café des Trois Marches vertes, tenu par M. Paul Guignard.
Lire
Les travaux du chemin de fer de Ceinture, toujours conduits avec la même activité, sont terminés sur une grande partie, du parcours, en ce qui concerne les terrassements et les ouvrages d'art ; aussi a-t-on, déjà commencé le ballastage, la pose des voies et l'édification des bâtiments de stations. (1866)
Lire
Il était 8 heures du soir, mardi, quand M. Fauvel, secrétaire au commissariat du quartier de la Gare, fut averti par téléphone que deux coups de revolver venaient de retentir dans un débit, rue Nationale.
Lire
On continue à s'occuper très sérieusement du tracé du chemin de fer de ceinture sur la rive gauche ; les études du pont à jeter sur la Seine et celles du viaduc dans la vallée de la Bièvre sont maintenant terminées. (1861)
Lire
Hier matin, M. Boudeau, commissaire de sûreté du 4e district, ainsi que M. Fauvel, secrétaire du commissariat de la Gare, avaient acquis la certitude que Gauzy avait été blessé à l'intérieur du café des Trois Marches vertes et que le chiffonnier Georges Colson avait dit vrai
Lire