Dans la presse...

 Fabrique de squelettes - 1885

Ateliers et magasins

Le Cri du Peuple — 22 mars 1885

Fabrique de squelettes

Comme si ce n'était pas assez, pour rendre le treizième arrondissement insalubre, des marécages de la Bièvre et des fabriques de la plaine d'Ivry, on y a laissé s’installer toutes sortes d'industries infectantes.

Rue des Chamaillards (aujourd'hui rue Albert NdE) est une abominable fabrique de squelettes — squelettes d'hommes et d'animaux divers. — Deux ou, trois personnes seulement travaillent là-dedans.

La rue Albert, nouveau nom de la rue des Chamaillards depuis 1896.

Les ossements sont apportés des amphithéâtres de dissection, couverts encore da chairs putréfiées. Pendant les chaleurs de l'été, l’affreuse odeur de mort pénètre les habitations de la rue du Chevaleret à la rue du Château-des-Rentiers ; de la rue Domrémy aux fortifications.

Quand les os ont été bien ébouillis, qu’ils sont débarrassés du sang, de la graisse, de la gélatine qu'ils contenaient, on les assortit selon les grandeurs.

Pour aller avec cette tête qui est en bon état, nous prendrons cette paire de tibias ; ces fémurs, puis ces omoplates, ces vertèbres. Un squelette consciencieusement fait, le jour du jugement dernier, serait réclamé à la fois par quatre, cinq, six ressuscités.

Depuis longtemps on réclame le transport hors Paris de cette fabrique puante. On pourrait tout au moins imposer au fabricant de désinfecter son étrange marchandise avant de la façonner.

S'il était installé dans le neuvième arrondissement au lieu du treizième, j'ai idée qu'on l'aurait depuis longtemps assaini ou chassé. Mais la rue des Chamaillards n'est pas la Chaussée-d'Antin.

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Le noir animal

L'usine que nous venons de citer étend, disions-nous, ses immondes odeurs jusqu'à la rue du Château-des-Rentiers. Là, elle trouve à qui parler. Une puissante rivale lui dame le pion.

Il y avait, tout dernièrement encore deux fabriques de noir animal dans la rue du Château. L'une des deux, étant arrivée à fin de bail, a bien voulu sauter par dessus les fortifications.

L'autre est encore là. Elle occupe environ trois cents, personnes. Les étrangers, bien entendu, y sont en majorité. Dans toutes les fabriques du quartier de la Gare, telle est la règle.

Les hommes gagnent de 3 francs par jour à 3 fr. 50. Les femmes gagnent de vingt-cinq à trente sous. Le temps de travail est 12 heures. Équipe de jour. Équipe de nuit.

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Le noir animal est fait avec des os de boucherie, des onglons, de la corne, tous ces déchets dont on peut extraire du phosphate de chaux.

On dépose ces matières premières dans la cour, en tas. Ça pu tant que ça veut.

La première main d’œuvre est le concassage au moyen de meules.

La matière concassée est jetée dans des chaudières avec de l’eau et des acides et bouillie jusqu’à ce qu’elle se réduise en pâte.

Cette pâte est ensuite mise à sécher. Sèche, on la rebroie. Une partie sera vendue aux raffineurs pour clarifier leur sucre. L'usine Say est le client principal.

Il y a diverses qualités, suivant les usages Les derniers résidus serviront à faire de la colle.

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Les eaux dans lesquelles la matière a été traitée sont déversées dans cinq énormes contenant ensemble 50,000 litres. Là elles se refroidissent avant d'être lâchées dans l'égout.

Il est interdit de jeter des eaux bouillantes. L'administration de la ville, qui est une mère pour ses égoutiers, ne veut pas qu'on les échaude.

On risquerait probablement de les échauder tout de même ; mais le refroidissement de l'eau est utile pour recueillir les graisses qui surnagent.

Ces graisses sont enlevées, mises dans deux bacs spéciaux. Elles serviront à faire de l'engrais.

L'odeur qui se dégage de ces deux bacs-là est encore plus horrible que toutes les autres.

Remarquez que rien ne serait plus facile que d'annuler cette infection. Des désinfectants existent. Ils sont même prescrits par la commission de salubrité.

Seulement, il en faudrait dépenser pour une cinquantaine de francs chaque jour. On en dépense environ pour cent sous.

Une économie de quarante-cinq francs vaut bien que les habitants soient empestés une lieue à la ronde ; que trois cents ouvriers et ouvrières, travaillant des pourritures, soient lentement asphyxiés.

Albert Goullé.


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Enceinte continue – rive gauche

Cette partie de l’enceinte, beaucoup moins avancée que celle de la rive droite n’aura guère que vingt-huit à trente fronts bastionnés. Elle commence à la dernière maison de la gare d’Ivry et s’en va aboutir à la Seine, un peu au-dessous du pont de Grenelle, vis-à-vis Auteuil. (1841)

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Décentralisation artistique

Peu de lecteurs du Journal soupçonnaient qu’une exposition rassemblât, à la mairie du treizième, des œuvres exquises de fraîche beauté. Qu'ils fassent voyage. Ils connaîtront un vieux quartier de Paris dont il est aisé d'apprendre le charme. (1912)

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M. Félix Faure à l’École Estienne

Les « écoles laïques » ont fait une armée de ratés, qui fatalement deviendra une armée de révolutionnaires. Les écoles professionnelles forment des ouvriers distingués, des artistes spéciaux qui sont placés avant d'avoir terminé leur apprentissage et qu'attend un avenir non moins heureux que paisible.
C'est donc avec joie que nous avons vu hier le chef de l'État honorer de sa présence l'inauguration de l'école Estienne. (1896)

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Inauguration d'habitations à bon marché dans le XIIIè arrondissement

L'Office public des habitations de la Ville de Paris a entrepris, il y a quelques années, la construction de plusieurs groupes d'habitations à bon marché dans divers quartiers populeux de la capitale.
L'un de ces groupés, sis dans le XIIIè arrondissement et dont la construction a été commencée en 1930, vient d'être terminé. (1933)

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M. Albert Lebrun inaugure le monument élevé « à la gloire des mères françaises »

Cet après-midi, à 15 heures, a eu lieu, boulevard Kellermann, près de la porte d'Italie, l'inauguration du monument érigé à la gloire des mères françaises. La cérémonie s'est déroulée en présence du président de la République et de Mme Albert Lebrun, et de hautes personnalités. (1938)

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Saviez-vous que... ?

Une jeune fille du village d’Ivry avait coutume de faire brouter ses chèvres sur le boulevard de la Glacière, auprès de la rivière des Gobelins. Hier soir, à sept heures, au moment où elle se disposait à regagner son domicile, elle a été accostée par un individu qui, après une assez courte conversation, l’a frappée de quatre coups de couteau. La jeune bergère est morte sur la place, et son assassin a été presque aussitôt arrêté. À neuf heures, le cadavre gisait encore dans un champ, au coin de la rue Croulebarbe, où M. Roger, commissaire de police du quartier, dressait son procès-verbal. C’est ainsi que les lecteurs de la Gazette de France apprirent la mort d’Aimée Millot, le bergère d’Ivry. La vérité impose de dire que l’auteur des faits n’avait pas été immédiatement arrêté.

La rue située entre la rue du Château des Rentiers et la rue Nationale fut dénommée rue Deldroux, en 1888.
Deldroux était un canonnier qui, en 1871, préféra, mourir que de rendre sa pièce.

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Le XIIIème arondissement comptait 72.203 habitants en 1876 et 92.221 en 1881 soit une augmentation de 20.018 habitants. Paris, en totalité en comptait 1.988.806 et 2.225.910, ces mêmes années.

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Le 21 juillet 1874, il faisait 35° dans le Treizième arrondissement. Des feux de broussailles se déclarèrent rue du Château des Rentiers et avenue d'Ivry, obligeant les habitants du quartier à intervenir à grands renforts de seaux d'eau.

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La place des Alpes (boulevard de la Gare, 164, et rue Godefroy, 2) fut ainsi dénommée par arrêté préfectoral du 1er février 1877, à cause du voisinage de la place d'Italie, à laquelle elle est reliée par la rue Godefroy.

L'image du jour

Je carrefour de l'avenue des Gobelins avec le boulevard Arago et la station d'autobus.