Un nouveau groupe scolaire parisien a été inauguré hier
Le Matin — 30 septembre 1934
La Ville de Paris a inauguré, hier matin, rue Kuss, dans le 13e arrondissement, un groupe scolaire ultra-moderne, édifié en dix-sept mois, sur la proposition de M. Louis Gélis, conseiller municipal du quartier.

Assistaient à cette inauguration MM Victor Bucaille, syndic des conseil municipal et général, représentant la Ville de Paris, Achille Villey, préfet de la Seine ; Louis Gélis, député, conseiller municipal du quartier, Calmels et Deslandres, conseillers municipaux de l'arrondissement, Olivier, maire du 13e arrondissement, Domart et Denis, maires-adjoints ; Masbou, directeur de l'enseignement primaire, Martzloff, directeur des services d'architecture ; Expert, architecte du groupe scolaire, Lefol, architecte en chef de la Ville de Paris ; Cottet, vice-président de la caisse des écoles ; les membres de la caisse des écoles du 13e arrondissement, les directeurs et directrices de l'arrondissement et M. Grandjean, inspecteur des bâtiments et des services d'hygiène scolaires.
La cérémonie ne comporta aucun discours, mais après la visite des locaux remarquablement agencés, des toasts furent échangés entre MM. Louis Gélis, Villey, Deslandres, Olivier et Calmels. M. Louis Gélis proposa à l'administration préfectorale de consentir à donner à ce groupe scolaire le nom de Ferdinand-Buisson et présenta au nom de ses administrés une requête officielle demandant que soient supprimés les bruits des usines voisines
Ces deux suggestions furent aussitôt accueillies avec faveur par le préfet de la Seine qui promit d'intervenir pour chacune d'elles dans la plus forte mesure de ses moyens.
Ce nouveau groupe scolaire comprend des écoles de filles et de garçons. Il comporte dix classes pour chacune des écoles primaires, cinq avec salle de repos pour l'école maternelle, avec ateliers de travail manuel pour les garçons, salles d'enseignement ménager pour les jeunes filles, réfectoire, cantine, salle de dessin, installations de douches et d'hygiène, cabinets médicaux, salles d'isolement, ainsi que des préaux ornés de fresques, de grandes cours de récréation et de vastes terrasses accessibles pour exercices et classes en plein air. Les écoles sont pourvues de l'éclairage électrique, du chauffage central et d'un système de ventilation mécanique.
Le groupe scolaire de la rue Kuss
La rue Kuss
C'est en 1885 que le conseil municipal de Paris proposa de donner le nom de Kuss, dernier maire français de Strasbourg en 1870, à la voie nouvelle à ouvrir entre la rue du Pot au Lait (qui allait devenir plus tard la rue Brillat-Savarin) et la rue Damesme. L'intérêt de cette nouvelle voie était de relier les quartiers sud-ouest de la Maison-Blanche à l'avenue d'Italie mais sa réalisation posait une difficulté particulière : le franchissement de la vallée de la Bièvre et de la rue des Peupliers. En effet, sur une très courte distance, la rue commençait à l'embranchement de l'ancienne rue de la Fontaine aux Clercs à une altitude d'environ 48 mètres, devait descendre à 37,78 mètres au niveau de la rue des Peupliers pour remonter à 51,18 m au niveau de la rue Damesme.
La tâche était donc compliquée et prit du temps. En 1923, le percement de la rue Kuss était toujours au nombre de travaux prioritaires à accomplir selon une liste établie par Adolphe Chérioux, conseiller municipal du quartier Saint-Lambert en charge de l'urbanisme à l'Hôtel de Ville.
Ce sera finalement en 1929 que le percement de la rue sera achevé au moins dans sa première partie car la jonction avec la rue Damesme reste à faire. Le quotidien Paris-Soir y emmènera deux fois ses lecteurs et y reviendra en 1930 sous la plus d'Elie Richard, auteur de la tournée.
La rue Kuss n'ira pas plus loin. En 1931, c'est le nom de "Docteur Tuffier" que l'on donne au tronçon restant à ouvrir en direction de la rue Damesme. Il sera ouvert en 1934.
Les écoles
Après la Grande Guerre, les jardins maraichers existants entre la place de Rungis et la rue des Peupliers commencent à céder la place à des groupes d'habitations à bon marché. Avec les constructions des années 2O dues aux initiatives privées et publiques rue de la Fontaine à Mullard et rue Brillat Savarin, le secteur se peuple et il faut répondre aux besoins de cette nouvelle population. En 1931, Louis Gelis (1886-1940), le très actif député et conseiller municipal du 13e, réclame l'ouverture d'une école ce nouveau quartier (et aussi d'un lycée pour le 13e qui en est dépourvu). Ce sera l'école de la rue Kuss.
- Construction d'un groupe scolaire rue Küss (1931)
- Inauguration du groupe scolaire de la rue Kuss (Le Matin - 30 septembre 1934)
- Le groupe scolaire de la rue Kuss (Beaux-arts - décembre 1934)
Le nouveau groupe scolaire était présenté comme le plus moderne de Paris. C'était certainement vrai mais on n'ignorait pas que sa localisation présentait certains inconvénients dont la proximité du chemin de ceinture n'était pas le principal. Au delà des rails, à une centaine de mètres, l'usine Gnome et Rhône tourne à plein régime, c'est le cas de le dire, puisqu'une dizaine de bancs d'essai de moteur d'avion y sont en fonctionnement et "font un bruit effroyable incommodant les habitants de tout le quartier" (Le Populaire, 29 juin 1933). Néanmoins, on en est très fier.