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UNE ÉVOCATION DU
13E ARRONDISSEMENT DE 1860 AUX ANNÉES 30
Faits divers
Mettant à profit les loisirs d'un dimanche ensoleillé, près de vingt mille Parisiens ont défilé hier, sous la poterne des Peupliers, pour se rendre compte des dégâts causés par l'accident de samedi soir. La circulation, qui est toujours interdite aux voitures, avait été partiellement rétablie vers onze heures pour les piétons. Une porte donnant accès à l'allée qui s'engage sous l'aile droite de la poterne était restée fermée. C'est de ce côté, comme nous l'avons dit- que le fléau a exercé ses ravages.
On pouvait redouter que la voûte, lézardée sur divers points, ne vint à s'écrouler.
Le spectacle était sinistre. Sur la route gisaient encore les énormes blocs de pierre arrachés au parapet du boulevard Kellermann ou au mur des fortifications. En arrière-plan c'était le talus éventré sur près de cent mètres, et l'on voyait, par l'énorme brèche, dans l'enchevêtrement des moellons et des arbres fracassés, les deux conduites rompues. L'eau qui emplissait le fossé faisait, en avant, un petit lac boueux.
Les ingénieurs du service des eaux et de la Ville de Paris sont revenus dans la matinée pour essayer d'établir nettement les causer de l'accident. La version que nous donnions reste admise. La rupture de la première conduite serait due au brusque changement de température qui s'est produit il y a deux jours.
Nous vous avons signalé que quatre conduites traversaient la chaulée du boulevard Kellermann. Quelques fissures ayant été observées hier dans une de celles qui n'ont pas éclaté, ― elle amène l'eau du Lunain et mesure 1 m,50 de diamètre, ― les vannes qui en règlent le débit ont été fermées.
La fréquence des accidents analogues à celui d'hier, à la poterne des Peupliers, ayant surpris les habitants du quartier, qui ne sont plus, maintenant, sans appréhensions, certains avaient parlé de sabotage ou de malfaçon, à l'origine des travaux d'installation. Un ingénieur nous a assuré que ces suppositions n'étaient pas fondées et que l'accident de samedi n'avait rien d'anormal.
― C'est un véritable fleuve, nous a-t-il expliqué, qui passe sons le boulevard Kellermann, à la poterne des Peupliers : il suit la courbe de la vallée de la Bièvre. La pente qu'il emprunte donne naturellement à son tour, une vitesse, donc une force exceptionnelle. Il suffit dès lors qu'une petite fissure se fasse à cet endroit de faible résistance ou qu'une jointure se relâche, ― phénomènes fréquents, mais sans grande importance ailleurs, ― pour que l'accident se produise avec la gravité que vous savez. Le seul remède, ce serait l'installation des conduites en galeries souterraines. Mais la réalisation de ce projet coûterait une vingtaine de millions à la Ville. Peut-être va-t-on l'envisager. Cependant!...
D'après une estimation approximative, et dans l'hypothèse de la reconstruction de tout le revers droit de la poterne, les dégâts causés s'élèveraient à près de trois cent mille francs.
Les grandes eaux du boulevard Kellermann
Les premières conduites maitresses de distribution d'eau dans Paris furent posées boulevard
Kellermann à partir de 1882. Jusqu'à la construction du tramway T3 qui impliquait d'écarter tout risque à leur égard,
ces conduites firent régulièrement parler d'elles dans la presse. Les accidents furent innombrables. Le premier accident
d'importance repéré eut lieu le 12 octobre 1886 à proximité de la rue du Moulin-de-la-Pointe.. Il fut suivi d'un
autre fin mai de l'année suivante à la porte de Gentilly.
Des exemples significatifs de ces accidents sont réunis
ici.
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Quartier de la Maison-Blanche
La guerre à propos d’œufs de Pâques
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« Les œufs, les beaux œufs de Pâques », criait, hier, vers onze heures et demie, d'une voix tonitruante et qui remplissait l'avenue d'Italie, un marchand ambulant. Il poussait devant lui une petite voiture, où reposaient sur un lit de mousse des œufs de Pâques de toutes les dimensions, les uns, en sucre, tout blancs, les autres, en chocolat, d'un brun foncé le plus appétissant du monde.
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Grand émoi avant hier à la barrière d'Italie, parmi les personnes qui stationnaient dans le bureau de tramways faisant le service de Cluny à Bicêtre.
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Saviez-vous que... ?
La rue du Tibre, dans le quartier Maison-Blanche, a été ouverte sur l'emplacement d'une voirie d'équarrissage, elle a porté le nom de rue de la Fosse-aux-Chevaux, puis du Tibre, à cause de la Bièvre autour de laquelle ont été groupés des noms de fleuves.
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Gustave Geffroy (1855-1926) fut directeur de la Manufactures des Gobelins. Il n'est donc pas anormal que la rue qui porte son nom soit située tout près de celle-ci.
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Le 7 juillet 1909, à la suite d'un orage subit qui éclatait vers 10 heures, un tuyau de cheminée en tôle tombait sur une marquise en verre dans la cour des écoles de la rue Fagon. Des éclats de verre blessaient légèrement cinq élèves qui étaient en récréation.
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C'est en 1880 que commencèrent les travaux de construction de la gare de La Glacière-Gentilly sur la petite ceinture parallèlement à ceux de la gare de Grenelle.