UNE ÉVOCATION DU 13e ARRONDISSEMENT DE 1860 AUX ANNÉES 30

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Une évocation du 13e arrondissement de 1860 aux années 30

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Place d'Italie

Drame dans une ménagerie

Dans une petite chambre d'hôtel de la rue Coypel, l'un des plus hardis dompteurs de fauves que les Parisiens applaudissent pendant les fêtes foraines, est actuellement couché, le corps affreusement labouré par les griffes et les crocs d'un lion redoutable. (1897)

Quartier de la Gare

Le meurtre de la rue des Chamalliards

Ce crime horrible a produit, dans ce quartier si populeux, une émotion des plus vives.
Les époux Madelenat habitaient rue des Chamaillards, 80, depuis quelques mois seulement.
Le mari, Charles-Émile Madelenat, était âgé de trente-et-un ans ; sa femme. Marie Désirée Ticquet, avait le même âge que lui. (1887)

Avenue des Gobelins

Mort subite

On donnait hier Le Grand-Mogol au théâtre des Gobelins.
Pendant un entr'acte M. Léon Choumy ouvrier tanneur, âgé de trente ans, demeurant rue de Gentilly, proposa à un de ses amis, M. L..., de sortir pour prendre un bock. (1895)

rue Coypel

Un violent incendie chez un marchand de couleurs

Un violent incendie s'est déclaré ce matin vers onze heures, 10, rue Coypel, chez un marchand de couleurs, M. Mallet. (1911)

Un pont américain à Paris : le pont de Tolbiac

Les Américains se sont acquis, depuis quelques années, une véritable renommée en matière de grands travaux publics leur initiative, leur audace, leur fougue, méritent d'être admirées et surtout imitées. Ce n'est pas la science qui manque à nos ingénieurs pour les égaler.
Nous signalons, avec beaucoup de plaisir, dans cet ordre d'idées, le beau pont « américain » dans la meilleure acception du terme, dont Paris vient d'être doté. (1895)

Au Théâtre des Gobelins (Chronique théâtrale)

Pour aller au théâtre des Gobelins, situé là-bas, là-bas, au Diable-Vauvert, au haut de la côte Mouffetard, il faut être acteur, chiffonnier... ou chroniqueur.
Tandis que je m’y rendais hier, les zigzags laborieux de mon automédon, qui n’eût pas été plus embarrassé en plein Sahara, me faisaient regretter ce tapis enchanté des Mille et une Nuits, sur lequel n’avait qu’à s’étendre son heureux propriétaire pour être instantanément transporté au gré de sa pensée vagabonde. (1870)

Quand le président du conseil municipal de Paris abusait de ses fonctions

Nos lecteurs, ou plutôt Paris, la France, le monde connaissent l’incident tragi-comique dont Son Excellence le cocher de M. Rousselle, président du conseil municipal, a été le héros ou la victime le mardi gras.... (1890)

La nouvelle place d’Italie

Les travaux de la nouvelle place d’Italie sont à peu près terminés.
Cette place est à présent un des plus grandes et une des plus belles de Paris. (1878)

14 juillet 1881

La fête nationale dans le 13e

23 octobre 1938

Inauguration du monument aux mères françaises

22 juillet 1934

Le service voyageurs de la petite ceinture s'achève dans le 13e

15 février 1930

Inauguration de la ligne du métro « Carrefour de l’Odéon-Place d’Italie »

 

23 juillet 1909

Une locomotive emballée tombe rue du Chevaleret

9 juin 1936

Inauguration du dernier tronçon de la rue Jeanne d'Arc

4 octobre 1905

Inauguration du dispensaire Emile-Loubet

9 juillet 1866

Ouverture de la première boucherie de cheval de Paris, place d'Italie

 

Le 13e dans la presse...

Dans la presse...

Dans la presse...

Au Théâtre des Gobelins (Chronique théâtrale)

Pour aller au théâtre des Gobelins, situé là-bas, là-bas, au Diable-Vauvert, au haut de la côte Mouffetard, il faut être acteur, chiffonnier... ou chroniqueur.
Tandis que je m’y rendais hier, les zigzags laborieux de mon automédon, qui n’eût pas été plus embarrassé en plein Sahara, me faisaient regretter ce tapis enchanté des Mille et une Nuits, sur lequel n’avait qu’à s’étendre son heureux propriétaire pour être instantanément transporté au gré de sa pensée vagabonde. (1870)


L'état des projets pour le XIIIe arrondissement

Les travaux commencés l'année dernière pour le raccordement des boulevards d'Italie et des Gobelins sont sur le point d'être terminés. On achève le macadam et les trottoirs de la dernière fraction du parcours. (1864) ...


Le boulevard Saint-Marcel

Avant de commencer mon article sur le treizième arrondissement, je crois utile de parler spécialement de sa ligne frontière, du boulevard Saint-Marcel, qui en constitue la limite septentrionale.
Cette grande voie, qui a coupé le marché aux chevaux, écorné l'ancien cimetière de Clamart et absorbé la petite place de la Collégiale, a été enfin tracé onze ans après avoir été décrété d'utilité publique (17 août 1857). Mais a-t-elle été exécutée de manière à donner satisfaction aux intérêts des quartiers qu'elle traverse, aux intérêts des propriétaires et des habitants qui se trouvent dans son voisinage ? (1868) ...


L’empoisonnement de Paris

La Bièvre est l'une des causes les plus actives de l'empoisonnement parisien. Ce ruisseau, chanté par les poètes, sur les bords duquel Rabelais aimait à se promener et qui a inspiré des idylles à Benserade, n'est en réalité qu'un égout à ciel ouvert. (1884) ...


La catastrophe du boulevard de la Gare

Au sortir du pont de Bercy, sur la rive gauche de la Seine, s'ouvre le boulevard de la Gare qui va de ce pont à l'ancienne barrière d'Italie, au bout de la rue Mouffetard. (1867) ...


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 La Cité des Kroumirs - Le Temps - 23/02/1882

La Cité des Kroumirs

Le Temps ― 23 février 1882

Ce nom est en même temps une date. II y a un an, les Kroumirs étalent absolument inconnus en France ; aujourd’hui, comme les Cosaques et les Bédouins, ils ont pris place dans le vocabulaire populaire. Kroumir est passé expression de mépris. La cité des Kroumirs n’est donc pas bien vielle, et son aspect n’a rien qui puisse exciter l’envie.

L’Assistance publique possède, place Pinel, un vaste terrain qui a cent cinquante mètres de long sur trente de large. Elle l’a loué à fort bas prix à un entrepreneur, qui l’a sous-loué à son tour à des malheureux qui s’y sont bâti une demeure. Trente demeures et cent cinquante habitants environ, voilà pour la statistique. Je me sers de ce mot vague de demeure, car ce ne sont ni des chaumières de paysan, ni des cabanes de berger, ni des huttes de Peau-Rouge ; c’est quelque chose de particulier fait de tous les débris qu’on peut ramasser dans Paris : plâtras, vieux paillassons, planches de parquets, loques, roseaux de nattes d’emballage, qu’une misère ingénieuse a rassemblés, ajustés et rapetassés pour se mettre à l’abri de la rigueur des saisons.

La cité des Kroumirs vivait paisible, sinon heureuse, lorsque la jalousie, une basse jalousie vint menacer son existence. Elle avait pour voisine une vieille cité, nommée la cité Doré, étrange réunion de maisons borgnes, noires, déshonorées par une saleté contre laquelle on ne lutte plus depuis longtemps et donnant sur un boyau étroit et puant où le naturaliste le plus robuste se boucherait le nez en entrant. La cité Doré jalousait la cité des Kroumirs, toute fraiche encore de l’improvisation d’où elle venait de sortir ; elle jetait par méchanceté ses ordures chez sa jeune voisine ; la voisine lui rendit la pareille, et la querelle s’envenima au point que la cité Doré dénonça les Kroumirs à l’administration. Vous ne devineriez pas de quoi elle l’accusait ? d’être un danger pour la santé publique. Il faut avoir vu la cité Doré, cet antre, pour comprendre combien cela est amère ment comique. Mais la cité Doré est une propriété

Particulière, les rigueurs administratives l’atteignent difficilement ; la cité des Kroumirs, au contraire, était bâtie sur un terrain de l’administration elle-même et un terrain simplement loué. Les pauvres Kroumirs avaient le désavantage et leurs adversaires en abusaient.

Une page curieuse et attristante du Paris inconnu.

La commission des logements insalubres, saisie de la plainte, envoya trois commissaires sur les lieux. Leur rapport vient d'être distribué eu conseil municipal : c'est une page curieuse et attristante du Paris inconnu. Qui croirait qu'à une demi-heure du boulevard on puisse voir de telles choses ? « La cité des Kroumirs, dit-il, est une sorte d'égout à ciel ouvert dans lequel on accède par la place Pinel ; la voie qui mène de la place au fond de cette cité est un chemin de terre boueux dans lequel on enfonce profondément, parsemé de larges flaques d'une boue noirâtre et puante. De chaque côté de cette voie, qui représente assez bien le radier de l'égout, ont été édifiées des habitations que nous allons successivement décrire. »

Le rapport les décrit en effet. Empruntons-lui quelques traits. Le n° 3 est habité par un chiffonnier. La façade est en feuilles de parquet, les côtés en roseau provenant des balles de la raffinerie Say, la couverture en carton bitumé. À l'intérieur, le sol en terre battue est recouvert de chiffons et de débris de toute nature, desquels émerge un lit à demi pourri. Au n°4, la construction est à peu près la même. Dans les deux pièces qui servent à l'habitation et qui sont dépourvues de plafond et de plancher, vivent les propriétaires, une chèvre, des lapins et une trentaine de poules. Le rapport insiste beaucoup sur les odeurs, nous passons pour ne point offenser la délicatesse du lecteur. Au n°14, même spectacle, bêtes et gens vivent dans la promiscuité la plus complète : au moment où les commissaires visitent d'habitation, on tond un cheval dans la chambre coucher. Le n° 18 est habité par des saltimbanques c'est ce qu'on pourrait appeler une maison d'hiver, la maison de campagne est à côté, elle est représentée par deux de ces vastes voitures que les habitués des foires connaissent bien.

La belle saison venue, les saltimbanques déménagent, ils mettent leurs ustensiles et leurs meubles dans les voitures, j'allais dire dans la maison de campagne ; et en route travers le pays ! Le n° 19 est une véritable curiosité au point de vue de la construction. Elle est tout entière construite « avec des planches de parquet de rebut portant encore la trace des enduits de couleurs, diverses dont elles étaient revêtues. Le tout agencé et tenu dans un état d'équilibre à peu près stable que notre arrivée dans la pièce du premier a failli déranger en imprimant au parquet un mouvement très prononcé. Les cabinets du rez-de-chaussée sont de véritables cellules sans fenêtre où l'air et le jour n'arrivent que lorsque la porte est ouverte, sans poêle ni cheminée et où il n'y a que juste place du grabat qui y est installé.

Le sol de la voie qui traverse la cité est un véritable marais où les eaux pluviales et ménagère s'accumulent sous des ornières profondes creusées dans le sol par les charrettes des chiffonniers qui le sillonnent sans cesse

Après le détail une vue d'ensemble : « le sol de la voie qui traverse la cité est un véritable marais où les eaux pluviales et ménagère s'accumulent sous des ornières profondes creusées dans le sol par les charrettes des chiffonniers qui le sillonnent sans cesse. Les petits jardins ou petites courettes qui existent au-devant de chaque maison et sur lesquels ouvrent les fenêtres des logements situés à rez-de-chaussée, sont encombrés de tous les détritus de la vie des hommes et des animaux qui vivent dans ces maisons. Ces courettes et jardins loin d'être une cause de salubrité pour ces maisons constituent L au-devant de chacune d'elles un foyer actif de putréfaction d'autant plus dangereux qu'en l'absence de cabinet d'aisances dans ces immeubles, les ordures de toutes sortes y sont jetées avec les ordures ménagères. Par ces apports successifs de voiries de toute sorte, le sol des jardins ou courettes s'exhausse incessamment et le sol des rez-de-chaussée de ces habitations est généralement en contre-bas.

» Si quelques cas de fièvre typhoïde se déclaraient dans la cité. il est impossible, étant donné les errements suivis par ses habitants, de prévenir les ravages que la maladie exercerait sur cette population chez laquelle la résistance vitale est considérablement amoindrie par les privations et par son séjour dans ces horribles demeures. Tous les êtres humains qui y résident présentait les caractères de la déchéance physique complète ; les enfants y sont pâles, étioles, scrofuleux, les hommes et les femmes vieillis avant l'âge ; dans une de ces maisons le père et un enfant sont malades au lit, et quel lit ! Ailleurs le mari est à l'hôpital et la femme seule avec un enfant malade ; plus loin la maison est vide, le propriétaire est en prison ; grâce la promiscuité révoltante dans laquelle vit tout ce monde, il est accusé, parait-il, d'être devenu l'amant d'une fillette qui habite son toit. »

Un rapport fort dur pour l'administration de l'Assistance publique

Le rapport est fort dur pour l'administration de l'Assistance publique : « Si l'Assistance publique prenait tâche de créer des malades pour alimenter ses services hospitaliers, elle n'agirait pas autrement, car, en présence de la situation qui leur est -faite, ceux qui bâtissent sur ces terrains, se sentant toujours sous l'imminence d'une expulsion, construisent au meilleur marché possible et se bornent à se faire un abri insuffisant au lieu de se construire un logement salubre. » Le rapport ajoute encore que ce n'est pas la première fois que la commission de salubrité a de graves constatations faire au point de vue de l'hygiène, sur des terrains appartenant à l'Assistance publique.

Ainsi mise en jeu et sans doute piquée au vif, qu'a fait l'Assistance publique ? Elle a signifié Kroumirs d'avoir à déguerpir dans les six semaines, délai prévu par le contrat de location. Ils sont allés supplier, on a allongé le délai jusqu'au mois d'octobre. Mais en octobre, ils auront à se pourvoir d'un domicile ailleurs. Ainsi la cité Doré l'emporte, elle a tué sa voisine.

Visite à la cité des Kroumirs

En compagnie d'un ami nous sommes allé voir hier la cité des Kroumirs avant qu'elle disparaisse. Nous nous étions engagés dans cité Doré :

— Est-ce ici la Cité des kroumirs ?

L'habitant de la cité Doté auquel nous nous adressions nous regarda d'un air froissé et moqueur tout la fois, comme s'il eût été surpris que nous ayons pu faire la confusion.

— Oh ! non, monsieur, dit-il, c'est à côté.

Nous tombions au milieu d'une population désolée, et voyant que nous l'écoutions volontiers, elle nous conta ses peines comme si capables d'y remédier. Elle avait connaissance du rapport et on ne nous laissa point partir que nous n'eussions nous-mêmes refait l'enquête. Il nous fallut aller de maison en maison, et chacun voulut nous montrer son intérieur : — Ce n'est pas riche, mais ce trop mal ! ce n'est pas la pierre de taille, mais ça n'en est pas moins chaud. Ce qui les affligeait surtout, c'est qu'on leur eût trouvé mauvaise mine ; on tira du berceau les petits enfants pour nous faire voir combien ils étaient gras. Le rapport peut-être en effet noirci le tableau ; à côté de baraques inhabitables et immondes, il y a quelques constructions, qui, au milieu de jardinet, beaucoup moins mauvaise apparence. Cependant dans son ensemble, la cité des Kroumirs n'est pas défendable. C'est assurément rendre service la salubrité publique de la faire disparaitre.

Mais il en est de la misère comme de la maladie. Il arrive que, taudis que le remède guérit d'un côté, il aggrave la situation de l'autre. C'est ce qui, est arrivé ici : il y a un côté de la question qui semble avoir échappé l'Assistance publique. Un brave homme, fabricant de « première en vieux », une variété de savetier nous l'exposa au nom de tous :

— On nous met à la porte et la seule grâce qu'on nous fasse est de nous accorder jusqu'au mois d'octobre pour nous pourvoir. D'indemnité, personne n'en parle, et personne ne s'occupe non plus de savoir comment nous nous logerons. Savez-vous, messieurs, que le moindre loyer coute aujourd'hui 300 francs et que, quand on est de vieux bonshommes comme ma pauvre vieille que voilà et moi, on ne peut plus gagner grand-chose et que c'est lourd à payer 300 francs ? Savez-vous encore que, pour ceux qui sont plus jeunes, ce n'est pas beaucoup plus facile ; si on a trois ou quatre enfants les propriétaires ne veulent pas louer, ça fait trop de bruit et ça détériore toujours un peu la maison ?

Demandez aux qui sont là, si ce n'est pas vrai. Mais personne ne pense tout ça ; des messieurs qui griffonnent leurs papiers dans les bureaux ne le soupçonnent même pas. Et v'lan ! un trait de plume, et voilà cent-cinquante pauvres diables sur le pavé.

Ici nous n'avions plus cette angoisse du loyer. On nous donnait le terrain 60 centimes le mètre, ce qui me faisait, pour moi, 15 fr. par trimestre à payer. Vous voyez la différence. J'avais loué un terrain l'année dernière, et cette maisonnette, je l'ai bâtie moi-même, quand j'avais une heure dans la semaine, et le dimanche toute la journée j'y venais travailler. Presque tous, ici, nous sommes dans le même cas. Nous sommes presque tous des gens de la campagne, et ça nous faisait plaisir de construire quelque chose qui ressemblait aux maisons de chez nous. Voyez, nous ne sommes pas encore aussi bêtes qu'on veut bien le dire nous avons tourné nos fenêtres vers le midi, et si nous n'avons pas de plancher, nous avons fait un bon sol de gravats et de plâtre. Regardez si c'est sec. Un plancher ! Mais c'était mon rêve d'avoir un plancher. Si on m'avait donné le temps, j'en aurais fait un. Sitôt que ma maison a été couverte, je suis venu m'y installer, et peu à peu je l'achevais ; j'ai crépi les murs, et il y a quelques jours que j'ai achevé le plafond. N'est-ce pas déjà gentil, tel que c'est ? Croyez-vous Que ça ne crève pas le cœur de s'en aller ?

On a commis une faute en laissant bâtir la cité des Kroumirs, mais ce n’est pas à ses pauvres habitants â l’expier.

J'ai mis mes économies là-dedans ; pas grand- chose, mais enfin c'était tout ce que j'avais. Vous savez bien que tout s'achète à Paris, les plâtras. Il y en a qui ont dépensé, encore plus que moi. A, coté, il y a un maçon qui a acheté des moellons : il a mis plus de 1.200 francs dans sa maison. Et tout ça est perdu. A la porte ! quittez tout. Nous sommes de braves gens, il n'y avait jamais de bruit ici. Nous sommes, pour la plupart, de petits ouvriers, des marchands des quatre saisons, de petits employés. Pourquoi agit-on comme ça envers nous ? Nous étions en location, c’est vrai ; mais on sait bien ce que c’est : il y a de ces locations qui durent toujours, et nous comptions un peu là-dessus. Il nous semble qu’on nous doit quelque chose. L’expulsion nous ruine ; comment nous relogerons-nous ? On nous fait une injustice. Voilà comment on ensauvage le peuple, ajoutât-il, comme pour tirer la morale de la situation.

Croyez-vous qu’on ne reste pas aigri, après des choses comme celles-là ?

Le rapport de la commission de salubrité le reconnaît, la population de la cité des Kroumirs est digne d’intérêt et je crois que vous n’auriez pas entendu le brave « fabricant en première en vieux » sans en être touché.  On a commis une faute en laissant bâtir la cité des Kroumirs, mais ce n’est pas à ses pauvres habitants â l’expier. Ils ont des droits acquis et il semble qu’il serait inhumain de n’en pas tenir compte pour leur adoucir autant que possible une expulsion qui est nécessaire. Sous prétexte de sauvegarder leur santé, il serait souverainement inconséquent d’en faire des vagabonds. Il suffira du reste de signaler leur intéressante situation à l’esprit libéral du directeur de l’Assistance publique pour que justice leur soit rendue.


A lire également

La réponse de l'Assistance Publique

Une lettre de M. Doré



Sur la cité Doré

Le récit

  • La cité Doré par Philippe Doré fils (extrait de "Notice administrative, historique et municipale sur le XIIIe Arrondissement" (1860)

Le lieu

  • La cité Doré par Alexandre Privât d'Anglemont (1854)
  • La Nouvelle Cour des Miracles. - Revue municipale et gazette réunies — 10 septembre 1859
  • La Nouvelle Cour des Miracles. - Réponse de M. Doré - Revue municipale et gazette réunies — 1er décembre 1859
  • La Nouvelle Cour des Miracles. - Réponse de la Revue municipale et gazette réunies à M. Doré — 10 décembre 1859
  • Le cabinet de lecture des chiffonniers par Charles Yriarte (1863)
  • Paris Lugubre : la Cité Jeanne-d’Arc et la cité Doré (1879)
  • La cité Doré - Journal des débats politiques et littéraires — 22 mai 1882
  • La cité Doré par Marcel Edant (Le Petit-Journal - 1887)
  • La cité Doré par Jean Soleil (1889)
  • Les cabarets de la cité Doré (1890)
  • Un coin curieux de Paris (1901)
  • La tournée des édiles par Lucien Descaves (1909)
  • Trois îlots à détruire d'urgence (1923)

La catastrophe de la Cité Doré

  • Une catastrophe Cité Doré (1925)
  • Le récit du Petit-Parisien
  • Deux jours plus tard à l'Hôtel de Ville

Faits-divers

  • Un roti de chien enragé, vie et mœurs de la Cité Doré (1873)
  • Une tragédie passage Doré (1908)

Sur la cité des Kroumirs

"Qu'on s'imagine un terrain de 30 mètres de largeur et de 150 mètres de longueur environ, en pente vers la rue Jenner, sans issue et sans écoulement d'eau vers cette rue.

Au milieu de ce terrain, un chemin en terre grasse, détrempé par la moindre pluie et rendu infect par les détritus et les déjections de toute espèce qui s'y sont incorporés.

De chaque côté de ce chemin, des abris, plutôt que des baraques, construits en vieux matériaux, en paillassons, en loques, en tout ce que l'ingéniosité de la plus poignante misère peut assembler et coudre pour se préserver de l'intempérie des saisons.

Près de quelques-uns de ces réduits une fosse en terre, quelquefois un tonneau enfoncé dans le sol, sert de cabinet d'aisances. Un peu partout des ordures ménagères, des matières fécales, des débris de toute sorte. On comprendra maintenant pourquoi cette cité a reçu un surnom qui fait image : la cité des Kroumirs."

Dr Olivier du Mesnil - L'Hygiène à Paris (1890)

Le lieu

  • La cité des Kroumirs (Le Petit-Journal — 22 février 1882)

A la suite du rapport de la commission des logements insalubres

  • La cité des Kroumirs — Le Temps 23 février 1882
  • La réponse de L'Assistance Publique
  • La réponse de M. Doré
Dans la presse...

Au Théâtre des Gobelins (Chronique théâtrale)

Pour aller au théâtre des Gobelins, situé là-bas, là-bas, au Diable-Vauvert, au haut de la côte Mouffetard, il faut être acteur, chiffonnier... ou chroniqueur.
Tandis que je m’y rendais hier, les zigzags laborieux de mon automédon, qui n’eût pas été plus embarrassé en plein Sahara, me faisaient regretter ce tapis enchanté des Mille et une Nuits, sur lequel n’avait qu’à s’étendre son heureux propriétaire pour être instantanément transporté au gré de sa pensée vagabonde. (1870)


Portrait : Émile Deslandres

Émile Deslandres (1866-1935) fut conseiller municipal du quartier Croulebarbe pendant 30 ans, élu pour la première fois en 1905. Il présida l'assemblée départementale durant l'année 1917-1918. (1925) ...


Promenade électorale dans le XIIIè

Le treizième a toujours été la cité des pauvres. Il sue encore la misère avec ses îlots de maisons délabrées… avec la rue du Château-des-Rentiers, ô ironie, avec la Butte-aux-Cailles chère à Louis-Philippe. Et comme la misère va de pair avec la douleur, beaucoup d'hôpitaux, la Salpêtrière, la Pitié, Broca, Péan, des asiles, des refuges. Sur 33.500 électeurs, 28.000 paient de 500 à 1.200 francs de loyer par an. Au prix actuel du gîte, ces chiffres ont une triste éloquence ! On ne s'étonnera pas si le treizième est politiquement très à gauche… et même à l'extrême gauche. (1927) ...


Trop de clairons dans le quartier de la Maison-Blanche

Tandis que les chauffeurs ne pourront claironner ou trompeter par les rues de Paris, des escouades de bruiteurs autorisés continueront, embouchure aux lèvres, leur pas accéléré quotidien dans les rues du quartier de la Maison-Blanche en général, boulevard Kellermann en particulier. (1929) ...


La Butte aux Cailles se modernise

Dans une semaine ou deux, on inaugurera la grande piscine de la Butte aux Cailles. C'est un établissement vraiment remarquable, de briques et de mortier, aux revêtements vernissés blancs, dominé d'une immense cheminée en ciment armé, de grande allure avec sa quadrature de colonne droite évidée aux angles, lesquels sont ainsi arrondis. (1924) ...


En voir plus...

Saviez-vous que... ?

En 1868, tandis que l’on construisait en haut de la rue Mouffetard, le nouveau théâtre du 13e, un lecteur de l’Univers s’insurgeait sur le fait qu’on « infligeait à celui de la barrière de Fontainebleau, le titre de théâtre Saint-Marcel ». Le journal ajoutait que « notre correspondant remarque que cette dénomination est au moins inconvenante, et qu'une administration qui voudrait respecter les croyances, du peuple, se garderait de laisser appliquer le nom d'un saint à un tel lieu de plaisir. » Et l’Univers de conclure : « La réclamation semble, parfaitement fondée ; peut-on espérer que le bon sens administratif en comprendra la convenance et la gravité ?
Le nouveau théâtre prit finalement le nom de « Théâtre des Gobelins », comme l’avenue…

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En 1911, M. Yendt était commissaire de police du quartier de la Salpêtrière.

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Ernest Rousselle (1836-1896) -C'est lui ! - et son fils Henri (1866-1925) étaient négociants en vins.

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La rue du Docteur-Bourneville, voie publique méconnue du 13e arrondissement, débute boulevard Kellermann et se termine avenue de la Porte-d'Italie. Elle honore la mémoire du Docteur Désiré-Magloire Bourneville, né le 20 octobre 1840 à Garencières (Eure), mort le 29 mai 1909 à Paris, médecin aliéniste des Hôpitaux, précurseur de la pédopsychiatrie, conseiller municipal du 5e arrondissement. Il fut l’un des rédacteurs et le signataire du Rapport sur l'insalubrité de la cité Doré et de la cité des Kroumirs établi en 1882 qui fit grand bruit.

L'image du jour

La rue Esquirol vue du boulevard de l'Hôpital

Toute la partie gauche de la rue à l'approche du boulevard de l'Hôpital disparut avec le percement du dernier tronçon de la rue Jeanne d'Arc dans les années 1930 qui achevait enfin le projet conçu par le préfet Haussmann d'une voie pénétrante reliant Ivry avec le centre de Paris

© paris-treizieme.fr pour la transcription du texte

Mardi 12 décembre 2023

HISTOIRE DES QUARTIERS

  • La Salpêtrière
  • La Gare
  • Maison Blanche
  • Croulebarbe

ACCES PAR NOM

  • Nomenclature des rues
  • Liste des auteurs

LES DRAMES DU 13e

  • Le drame de la rue Albert
  • Le drame de la rue de l'Espérance
  • Le drame de la rue Vandrezanne
  • Le drame du quartier de la Gare
  • Un drame du terme
  • Tous les drames...

LE TREIZIÈME AVANT LE 13e

  • Le Petit-Gentilly (1820)
  • De la difficulté d’être le treizième arrondissement
  • La bergère d'Ivry (1827)
  • L'abattoir de Villejuif (1812)
  • Sommaire complet

LE TREIZIÈME EN 1860

  • Notice administrative, historique et municipale sur le XIIIe Arrondissement par Ph. Doré fils

ACCÈS THÉMATIQUES

  • L'aménagement du 13e
  • Les grandes voies du 13e
  • La petite ceinture dans le 13e
  • Le Métropolitain dans le 13e
  • Les tramways dans le 13e
  • La gare d'Austerlitz
  • Le puits artésien de la Butte-aux-Cailles
  • La place d'Italie
  • La cité Doré
  • La cité Jeanne d'Arc
  • Le passage Moret
  • L'asile Nicolas-Flamel
  • Les hôpitaux de la Pitié et de la Salpêtrière
  • Les fouilles archéologiques dans le 13e
  • Le Siège de Paris (1870-71)
  • Le 13e sous la Commune
  • La catastrophe de la rue de Tolbiac (20 oct. 1915)
  • Le jardin des Gobelins
  • La manufacture des Gobelins
  • La "Folie Neubourg"
  • Le marché aux chevaux
  • Les grandes eaux du boulevard Kellermann
  • Ateliers, fabriques et petits métiers du XIIIe
  • Chiffons et chiffonniers
  • Bals de Paris, bals de barrière, cabarets, bouges et assommoirs
  • L'épidémie de la Maison-Blanche (1890)
  • Les étrangleurs des Gobelins
  • Sur les communes limitrophes
  • La zone dans le 13e

VIDÉOS

  • Auguste Lançon et le 13e
  • Marville, la rue de Tolbiac
  • Quai de la Gare, janvier 1910
  • La place Nationale
  • Le marché aux chevaux

L'image du jour


Le feuilleton


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