Dans la presse...



Le puits artésien de la Butte-aux-Cailles

Le Petit Journal — 22 décembre 1903

Le puits artésien de la Butte-aux-Cailles, qui vient d'être heureusement terminé, a été entrepris, il y a juste quarante ans. C'est, en effet, en 1863 que le premier coup de sonde fut donné. Mais des difficultés dans le travail, pro venant de l'imperfection des moyens employés, le firent abandonner et il resta inachevé pendant environ vingt-cinq ans. Repris en 1892, il atteignait, en 1897, la profondeur de 543 mètres, plus un avant-trou de 0 m. 28 descendu à 14 mètres.

Il ne fallut pas moins de six années pour creuser les quelques derniers mètres, et l'ingénieur, M. Arrauld, rencontra des difficultés considérables.

Une première nappe jaillissante fut trouvée à une profondeur de 571 m. 50, mais elle ne donnait qu'un débit de 750 mètres cubes, ce qui était insuffisant. Le sondage fut poussé plus avant et, enfin, à 582 m. 40, l'eau venant d'une deuxième nappe jaillit violemment à raison de 7 à 8,000 mètres cubes par vingt-quatre heures. Elle sort du tube du puits, dont le diamètre est d'environ 40 centimètres et tombe à l'entour en formant une nappe limpide. Sa température est de 28°5 et, de plus, elle est légèrement sulfureuse, ce qui lui donne tons les caractères d'une eau thermale.

Impropre à la consommation, l'administration va, dit-on, l'employer pour alimenter un établissement de douches et bains publics qu'elle se propose de créer dans le quartier.

Mais ce n'est pas d'aujourd'hui seulement que Paris est élevé au rang de ville d'eaux. Depuis longtemps déjà des eaux thermales jaillissent de son sol. Le puits artésien de Grenelle, le puits de Passy, celui de la place Hébert dans le XVIIIe arrondissement, donnent également une eau sulfureuse dont la température est de 27 à 28 degrés.

Ce dernier alimente des bains publics.

Le puits de Grenelle, dont le forage fut achevé en 1841, donna d'abord 949 mètres cubes d'eau par vingt-quatre heures. Dix ans après il ne donnait plus que 662 mètres. Et quand le puits de Passy fut percé, en 1861, il tomba à 615 mètres, alors que son rival débitait du haut de son tubage 8,000 mètres cubes par vingt-quatre heures, ce qui s'explique par ce fait que les deux puits s'alimentent à la même nappe souterraine, l'eau trouvant une issue d'un côté, s'échappe en quantité moindre par les autres orifices.

L'analyse de leurs eaux prouve, en effet, qu'elles ont une origine commune.

Cette analyse (sauf corrections légères, car les procédés employés n'étaient pas d'une exactitude absolue à l'époque où elle fut faite) est la suivante sur un prélèvement de cent litres :

Carbonate de chaux...................6.80
Carbonate de magnésie.............1.42
Bicarbonate de potasse.............2.96
Sulfate de potasse......................1.20
Chlorure de potassium ............1.09
Silice............................................0.57
Substance jaune.........................0.02
Matières organiques azotées....0.24

L'analyse des eaux du nouveau puits artésien n'a pas encore été faite, mais il paraît certain que sa composition est identique ; la bobèche de verre que l'on y plonge prend une teinte irisée très caractéristique. Elle provient vraisemblablement de la même nappe que celle des puits précédents, et il est à remarquer que les deux puits de Passy et de la Butte-aux-Cailles ont, à peu de chose près, la même pro fondeur (l'un 586 m. 50, l'autre 582 m. 40).

Il sera curieux de voir l'effet que produira ce nouveau sondage sur le débit des autres puits. Vraisemblablement il baissera, comme cela est arrivé pour le puits de Grenelle quand le puits de Passy a été foré, et pour le puits de Passy quand, en 1859, le puits du boulevard de la Gare (raffinerie Say) fut achevé. Car le puits de Passy n'a plus son beau débit d'autrefois ; il ne donne plus guère que 30 à 60 litres par seconde.

La composition de ces eaux provenant de sondages artésiens démontre qu'elles peuvent être utilement employées dans les affections du larynx ou des bronches, comme certaines eaux des Pyrénées ou comme celle d'Enghien. On avait déjà songé, vers la fin de l'Empire, à utiliser l'eau minérale de Passy. Napoléon III allait s'y intéresser quand la guerre éclata.

Il y a un certain nombre de malades auxquels leurs médecins recommandent les eaux die Passy, et qui viennent s'en approvisionner à la source, c'est-à-dire à l'orifice du puits, situé dans le square Lamartine.

Toute celle qui n'est pas utilisée sur place est amenée au grand lac du bois de Boulogne, où elle se déverse en formant une cascatelle. Des vieillards au larynx fatigué, des dames aux bronches délicates viennent passer une partie de leurs après-midi dans cette partie du bois où ils aspirent la buée bienfaisante qui se dégage du ruisselet. La Butte-aux-Cailles va faire une concurrence sérieuse à cette station thermale.

L'eau de Passy, nous l'avons dit, est chaude et, grâce à elle, le grand lac pourrait ne jamais geler en hiver. Mais quand le thermomètre descend au-dessous de zéro, l'administration fait aux patineurs la gracieuseté de laisser le lac se prendre en arrêtant pour quelque temps sa cascade.



Sur le puits artésien de la Butte-aux-Cailles

Les travaux de creusement du puits artésien de la Butte-aux-Cailles durèrent globalement près de 40 ans dont 20 durant lesquels ils furent totalement à l'arrêt. Les travaux proprement dits commencèrent en avril 1863 et rencontrèrent de multiples difficultés qui ne permirent pas d'avancer significativement. La Commune de Paris n'épargna pas le puits et les communards incendièrent les installations. Après la Commune, les travaux reprirent mais s'interrompirent dès 1872 ou 1873 faute pour la ville de trouver un accord financier avec l'entrepreneur pour les travaux restant à accomplir mais aussi dans l'attente des résultats définitifs du creusement d'un autre puits artésien, place Hébert.

Première époque (1863-1872)

Deuxième époque : le puits oublié (1872-1892)

Une fois les travaux interrompu, le puits artésien de la Butte-aux-Cailles tombe dans l'oubli. Il faut dire que sa nécessité n'est plus évidente. Paris avait fait face à ses besoins en eaux et l'idée de base du puits, avoir un jaillissement d'eau en un point haut de la capitale, n'est plus la seule réponse aux problèmes d'alimentation en eau.
En 1889, le journal Le Figaro pose la question du devenir du puits sans susciter d'écho. En janvier 1892, c'est le quotidien le Soleil, sous la signature de Marcel Briard, qui pose à nouveau la question mais cette fois, une réaction semble s'enclencher.
Ernest Rousselle, conseiller municipal du quartier Maison-Blanche, se saisit de l'affaire et finallement, en juillet 1892, le préfet de la Seine décide de relancer les travaux et présente au conseil municipal de Paris un mémoire tendant à la reprise des travaux interrompus depuis près de 20 ans.

Troisième époque : reprise des travaux et l'inauguration du puits (1893-1904)

Les travaux reprirent donc début 1893 et dans les premiers jours d'août 1897, l'eau tant recherchée, enfin, jaillit. Cependant, l'histoire n'était pas terminée car ce n'est pas encore la nappe d'eau visée par les géologues qui a été atteinte. Il faut encore creuser. La presse se montre de plus en plus critique ou sacarstique à l'égard du chantier car il est clair que le puits artésien, 35 ans après son lancement, ne répond plus à aucune nécessité. Tout au plus, sont évoqués un usage pour améliorer le flux des égouts voire l'idée d'une piscine gratuite pour les habitants du quartier.
Le 16 septembre 1898, la nappe recherchée est atteinte. Les espoirs sont vite déçus, le débit s'avère faible mais suffisant pour la piscine projetée. En attendant, l'eau, à 28°, s'écoulait dans une vasque à disposition des parisiens à raison de 600 litres à la minute avant d'aller se perdre dans les égouts. Le puisatier mourut. Deux ans après, sous la direction du fils du puisatier, on se remit à creuser. Le 19 novembre 1903, une nouvelle nappe était atteinte à la cote 582,40 mètres. Cette fois, on décida d'arrêter les frais. L'inauguration officielle du puits eu lieu le jeudi 7 avril 1904 à 2 heures.

La nouvelle Butte-aux-Cailles

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Enceinte continue – rive gauche

Cette partie de l’enceinte, beaucoup moins avancée que celle de la rive droite n’aura guère que vingt-huit à trente fronts bastionnés. Elle commence à la dernière maison de la gare d’Ivry et s’en va aboutir à la Seine, un peu au-dessous du pont de Grenelle, vis-à-vis Auteuil. (1841)

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M. Albert Lebrun inaugure le monument élevé « à la gloire des mères françaises »

Cet après-midi, à 15 heures, a eu lieu, boulevard Kellermann, près de la porte d'Italie, l'inauguration du monument érigé à la gloire des mères françaises. La cérémonie s'est déroulée en présence du président de la République et de Mme Albert Lebrun, et de hautes personnalités. (1938)

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La statue du docteur Pinel

On va prochainement ériger sur la place de la Salpêtrière la statue en bronze du docteur Pinel. (1883)

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Inauguration de l'hôpital école de la Croix-Rouge

La Société de la Croix-Rouge française a inauguré, hier après-midi, l'hôpital-école qu'elle a fait édifier, rue des Peupliers, dans le treizième arrondissement. (1908)

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M. Steeg, maire de Berlin, à l'école de la rue Küss

Le Docteur Steeg, maire de Berlin, ou plus exactement, président de l'administration municipale de la capitale du Reich est, depuis quelques jours, on le sait, l'hôte de Paris. (1941)

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Saviez-vous que... ?

En 1863, le marché aux chevaux du boulebard de l'Hôpital se tenait le mercredi et le samedi de chaque semaine et le premier lundi de chaque mois.

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En 1890, le quartier Croulebarbe comptait deux maisons de tolérance, celle de Mme Rouau au 9 boulevard d'Italie et celle de Mme Turquetil au 11 du même boulevard. Le quartier Maison-Blanche n'en comptait aucune.

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En 1911, selon Le Gaulois, on comptait onze ruelles dans Paris dont trois dans le treizième arrondissement : la ruelle des Gobelins, la ruelle des Kroumirs et la ruelle des Reculettes.

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L'asile Nicolas-Flamel, 71 rue du Château-des-Rentiers, fut inauguré le 18 mai 1889.

L'image du jour

Le carrefour des Gobelins vu depuis le boulevard de Port-Royal.