Un jour dans le 13e

 Lettre des remparts

Lettre des remparts

Le Rappel — 26 septembre 1870

Nous sommes postés au milieu de l'avenue d'Italie, en deuxième réserve. Sur le bord du trottoir, on forme les faisceaux ; puis on rompt, les rangs ; on s'attable on se groupe, on se promène. Je suis l'avenue jusqu'aux fortifications, et me voilà dans la campagne, devant Bicêtre.

Gravure parue dans L'Illustration

Là, une panique, dans les femmes.

Elles viennent en foule, des sacs de pommes de terre sur le dos, le long de la grand'route. « Nous les avons vus. — Il y en avait dix. — J'en ai compté trente. — Ils devaient être deux cents. — ils étaient deux mille. » Tout cela fuit devant les uhlans. On les a aperçus à Villejuif. — Je rencontre deux gardes nationaux qui ont fait le coup de feu. — Tout compte fait, il y en avait bien huit.

Enfin, ils ont occupé la redoute de Villejuif sans qu'ou la défendît. Cela nous semble étrange ; nous comprendrons demain.

Nous rentrons : à la nuit tombante, commence le défilé des troupes.

L'artillerie d'abord, avec ses charriots sonores. Ses minces canons de cuivre s'allongent, effilés, sur les deux roues ; bientôt nous les entendrons parler. Puis, passe l'infanterie ; ou crie : « Vive la ligne ! » La troupe répond :

« Vive la garde nationale ! » Il y a eu, ces jours-ci, quelques fuyards. Ceux-là, cela se voit, ne lâcheront pas pied.

Avec eux, les francs-tireurs, les mobiles, soldats récents. Les premières escarmouches ont montré qu'on pouvait compter sur eux.

À demain l'affaire.



Saviez-vous que... ?

Le nouveau théâtre Saint-Marcel ouvrit le vendredi 1er octobre 1869. 15 jours plus tôt, il avait reçu l’autorisation de prendre le nom de théâtre des Gobelins. Son directeur était toujours M. Larochelle. Commentant cette ouverture, le Figaro écrivait : « La salle est simple, mais confortable et bien aménagée. Tout y est neuf, lustre, rideaux, décors, etc. La première pierre de ce théâtre fut posée, il y a à peine un an, par la fille aînée du directeur, une mignonne de six ans. Cet immeuble sera sa dot. »

*
*     *

C’est en juin 1890 que la rue de Lourcine, rue traversant les 5e et 13e arrondissements, existant depuis le XIIe siècle et rendue célèbre par Eugène Labiche par sa pièce de théâtre représentée pour la première fois en 1857, changea de nom pour devenir la rue Broca, anthropologue et chirurgien. Cette modification souleva quelques protestations notamment de la part de Henri Wallon. En décembre 1944, la partie de la rue Broca, été comprise entre le boulevard Arago et la rue de la Santé prit le nom de Léon-Maurice Nordmann, avocat et résistant français, fusillé en 1942 dans la forteresse du Mont-Valérien, en conservant la numérotation de la rue Broca.

*
*     *

Le 4 octobre 1923, par suite d'un dérapage, un camion-auto, chargé de caisses vides, renversait un candélabre en face le numéro 41 de la rue de Tolbiac.

*
*     *

Henri Pape (1789-1875), dont une rue du quartier Maison-Blanche honore la mémoire, était fabricant de pianos. Selon Wikipédia, Henri Pape déposa 137 brevets concernant le piano. Il sera par exemple à l'origine de la garniture des marteaux avec du feutre (1826) et du croisement des cordes, tendues en diagonale, les cordes graves passant au-dessus du plan des autres cordes, afin d'augmenter leur longueur (1828).

L'image du jour

Le bureau d'octroi de la porte de la Gare le long de la Seine.

Celui-ci était aux premières loges en cas d'innondation.