Un jour dans le 13e

 L'interpellation de M. Navarre sur l'explosion de la rue de Tolbiac

AU PALAIS-BOURBON

L'interpellation de M. Navarre sur l'explosion de la rue de Tolbiac

Le Petit-Parisien — 10 décembre 1915

Déposée depuis plusieurs semaines sur le bureau de la Chambre, l'interpellation de M. Navarre est venue hier en discussion. L'interpellateur a signalé les fautes qui, selon lui, été commises il a réclamé des sanctions contre les auteurs de ces fautes et il a demandé enfin quelles mesures étaient prises pour éviter de semblables catastrophes.

M. Navarre, se plaint qu'aucune autorisation n'ait été demandée pour l'installation de l'atelier de chargement d'explosifs et il rappelle — avec les dates — que des inspecteurs avaient constaté, le 22 juillet, que les prescriptions du préfet de police n'avaient pas été observées. D'autre part, l'endroit choisi était trop voisin de la voie publique par conséquent le danger était grand. Pourquoi le génie, dit. M. Navarre, n'a-t-il pas créé alors un dépôt intermédiaire pour le dépôt des matières explosives, car l'accumulation de ces matières rendait, de jour en jour, le danger plus réel.

Enfin, ajoute M. Navarre, il faut prendre des précautions pour l'avenir, et il faut aussi que l'État remplisse ses devoirs envers les sinistrés.

C'est M. Albert Thomas, sous-secrétaire d'État aux Munitions, qui répond à M. Navarre. Il explique d'abord pourquoi on a été obligé d'installer dans Paris une usine de chargement de grenades.

Au mois de mai dernier, dit-il, à la veille de grands événements, le grand quartier général nous demandait avec insistante de semaine en semaine, un approvisionnement de grenades.

On s'adressa à un petit mécanicien et on lui demanda de faire cette fabrication en grand. À côté de son petit atelier, il y avait un terrain libre qui fut utilisé, et c'est ainsi que fut créé l'établissement de la rue de Tolbiac.

M. Albert Thomas rappelle que, dès le mois de septembre, reconnaissant le danger d'un tel atelier dans Paris, on en créait à la Courneuve et à Bourges. Mais les demandes de l'armée étaient de plus en plus pressantes, il fallut conserver l'atelier de Paris.

Le sous-secrétaire d'État a fait faire une enquête. Il déclare qu'il a reconnu «que dans tous les services on avait été dominé par la nécessité de produire suivant les besoins de l'armée et d'envoyer au front toutes les munitions demandées ».

Les mesures prises sont celles-ci suppression de certains établissements à Paris et dans la banlieue; pour les autres, garanties que toutes les précautions sont prises.

En ce qui concerne la réparation des dommages, voici ce que M. Albert Thomas déclare :

Pour les dommages, la responsabilité pénale de l'État ne peut être engagée en rien, pas plus que sa responsabilité civile, car il y a fait de guerre.

Nous laisserons aux assureurs et assures le soin de remplir toutes leurs obligations.

D'autre part, nous apportons, d'accord avec le ministre de la Guerre, un texte au Parlement pour que des secours soient accordés à toutes les victimes.

Je terminerai, dit M. Albert Thomas, en disant à M. Navarre qu'autant que lui nous sommes soucieux de la sécurité et de la vie des travailleurs de nos usines, autant que lui nous suivons avec une grande sympathie l'effort admirable des femmes françaises.

Le gouvernement aura le souci de ménager les effectifs des usines autant que les effectifs de nos années et de concilier les exigences de la défense nationale avec la sécurité des travailleurs.

(Applaudissements.)

L'incident est clos après une courte réplique de M. Navarre.

La catastrophe de la rue de Tolbiac - 20 octobre 1915


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18 novembre


21 novembre


10 décembre


L'accident du 23 juillet 1915

Saviez-vous que... ?

Ernest Rousselle (1836-1896) -C'est lui ! - et son fils Henri (1866-1925) étaient négociants en vins.

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En 1911, M. Yendt était commissaire de police du quartier de la Salpêtrière.

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Le 24 décembre 1939, Paris-Soir nous apprenait que Mme Marthe Pouchenel, 20 ans, avait glissé sur le verglas dans la cour de l'immeuble où elle demeurait, 23, rue Bourgon et avait été admise à l'hospice de Bicêtre.

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Lorsque la gare de marchandises de la rue de Tolbiac entra en fonctionnement en mai 1903, cette ouverture s'accompagna de la création d'une nouvelle porte pour Paris dite « Porte des Gobelins » dotée d'un bureau d'octroi pour surveiller les entrées et sorties des biens et des personnes de la capitale.

L'image du jour

La rue Coypel vue du boulevard de l'Hôpital

On remarquera sur la gauche de la rue, la moitié restante du marché couvert des Gobelins qui sert désormais d'entrepôt et de garage. Il demeurera en place jusqu'à la fin des années 1960 pour laisser la place l'hôtel de police du 13e qui remplaça tous les commissariats de quartier qui furent fermés.