Un jour dans le 13e

 Explosion dans une usine

Explosion dans une usine

Le Gaulois — 21 octobre 1915

Une violente explosion s'est produite hier après-midi, vers deux heures et demie, dans une usine située au n° 168 de la rue de Tolbiac.

Disons immédiatement que les causes sont purement accidentelles et que, dès il présent, toute idée de malveillance doit être écartée. Au moment de l'accident, deux cent cinquante hommes, femmes et jeunes gens de quatorze seize ans étaient au travail. Un camion automobile était venu charger différentes caisses et se trouvait à peu près au centre des ateliers, divisés en deux corps de bâtiment, de construction légère séparés par un large chemin servant au transit des voitures. Chargé des caisses qu'il devait transporter, le camion démarra. Quelques secondes avant d'arriver à la porte de sortie, il eut à franchir un caniveau. La secousse produite par le passage de la lourde voiture fit tomber une caisse dont le contenu fit explosion. La détonation fut effrayante Elle secoua tous les immeubles des rues voisines, arrachant les portes, brisant les vitres des fenêtres en mille morceaux. Bientôt après, six nouvelles détonations encore plus formidables retentirent à l'intervalle de quelques minutes, provoquant l'écroulement total de l'immeuble et ensevelissant sous les décombres, dans un fouillis de poutres enflammées, une quarantaine d'ouvriers et d'ouvrières et en blessant un certain nombre évalué jusqu'à présent à soixante-dix.

Un immeuble voisin, également construit en planches, et portant le n° 179 de la même rue, ne tarda pas prendre feu il fut bientôt réduit en cendres.

On comprend l'affolement qui s'empara du personnel de l'usine et des habitants du quartier. En moins d'un quart d'heure, les premiers secours furent organisés. Les pompiers de la caserne Jeanne-d'Arc, bientôt suivis par leurs camarades d'autres postes, accoururent sur les lieux. A Cependant que certains d'entre eux s'occupaient à éteindre l'incendie, d'autres, avec des civières, s'empressèrent de relever les cadavres trente et une femmes et dix hommes gisant sous les décombres. À cinq heures du soir, le feu était éteint et les décombres consumés. Les victimes furent transportées dans divers hôpitaux et au commissariat de police de la Maison-Blanche, qui, situé derrière l'usine, a également souffert de la catastrophe. Plusieurs élèves de l'école de filles située en face de l'usine ont été blessées une fillette qui passait devant l'usine au moment de l'explosion a été tuée net. Une foule considérable était contenue par des barrages d'agents, sous la direction de M. Chanot, directeur de la police municipale, de nombreux commissaires de police et officiers de paix.

Dans l'après-midi, M. Poincaré, président de la république M. Viviani, président du conseil M. Malvy, ministre de l'intérieur M. Thomas, sous-secrétaire d'État à la guerre, et le général Clergerie, officier d'état-major du ministre de la guerre, se sont rendus sur les lieux de la catastrophe prodiguer leurs encouragements aux blessés et saluer respectueusement les restes des victimes.

La catastrophe de la rue de Tolbiac - 20 octobre 1915


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21 novembre


10 décembre


L'accident du 23 juillet 1915

Saviez-vous que... ?

Ernest Rousselle (1836-1896) -C'est lui ! - et son fils Henri (1866-1925) étaient négociants en vins.

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Le pont National a été construit en 1852. Il portait initialement le nom de pont Napoléon III.

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En décembre 1871, dans Paris assiégé, le 13e arrondissement comptait 79.828 habitants y compris les réfugiés.

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Le quotidien Le Rappel écrivait le 27 janvier 1902 à propos du pont de Tolbiac enjambant la rue du Moulin-des-Prés :
« Tous les Parisiens qui fréquentent les quartiers excentriques de la rive gauche connaissent le pont de Tolbiac, immense construction de pierre qui surplombe, à 15 mètres de hauteur, la rue du Moulin-des-Prés.
Or des terrassiers sont actuellement occupés à combler cette partie de la rue du Moulin-des-Prés, dont le niveau sera relevé.
Ce travail de géants aura pour résultat d'enterrer complètement l'ouvrage d'art, dont l'arche est déjà complètement bouchée da côté du Sud. Des rues nouvelles seront tracées sur les terres rapportées, quand le temps leur aura donné la solidité nécessaire pour supporter des constructions.
Mais que diront, dans quelques siècles, les archéologues, quand des fouilles seront faites et que le pic d'un terrassier heurtera le pont enseveli ? »

L'image du jour

La rue Coypel vue du boulevard de l'Hôpital

On remarquera sur la gauche de la rue, la moitié restante du marché couvert des Gobelins qui sert désormais d'entrepôt et de garage. Il demeurera en place jusqu'à la fin des années 1960 pour laisser la place l'hôtel de police du 13e qui remplaça tous les commissariats de quartier qui furent fermés.