Les boulevards extérieurs et le boulevard du Transit dans le 13e arrondissement
Le Siècle — 6 novembre 1863
La transformation des anciens boulevards extérieurs sur la rive gauche, entre l’ex-barrière d'Enfer et le pont de Bercy, est terminée dans la partie qui traverse le quatorzième arrondissement, et se continue à travers le treizième.
De l'ex-barrière d'Enfer à celle d'Italie, où le boulevard extra-muros a été réuni au chemin de ronde, qui était lui-même un magnifique boulevard, on a conservé autant que possible les anciennes plantations, tant pour le couvert du milieu que pour la contre-allée septentrionale ; mais tous les arbres du côté opposé ont dû être abattus pour, faire place à la tranchée de l'égout. Quoi qu'il en soit, cette grande ligne de promenade sera toujours, grâce à ses ombrages, l'une des plus belles de Paris.

Sur- la rive droite de la Bièvre, et sur la bordure septentrionale du-boulevard des Gobelins, on aperçoit un petit hôtel qui était là bien avant que les fermiers généraux fissent construire leur mur d'enceinte ; c'était la demeure que Leprêtre de Neubourg, propriétaire du clos Payen, s'était fait bâtir en vue des perspectives du Petit-Gentilly, perspectives dont vint le priver la malencontreuse muraille de l'octroi.
Au sud du boulevard des Gobelins, se dresse la butte aux Cailles, dont la situation déplorable forme un singulier contraste avec ce voisin superbe ; ici, en effet, à part quelques rues établies d'une façon régulière, on ne trouve que chemins tortueux et rapides, que voies impraticables pendant la moitié de l'année, et puis des fondrières ; il n'y a pas de village où la viabilité soit aussi défectueuse. Il importe donc que les voies projetées pour ce quartier, et dont l’enquête a été faite depuis longtemps, soient enfin mises à exécution.
Ces voies se composent : d'une ligne principale, large de vingt mètres, qui, partant du carrefour des Quatre-Chemins, dans le quatorzième arrondissement, aboutira presque en ligne droite à la rue du Château-des-Rentiers, dans le treizième, et de plusieurs lignes secondaires gui viendront s'y embrancher.

La ligne principale coupera d'abord rue Tombe-Issoire, près de la rue Sarrazin ; elle entrera dans le treizième arrondissement en coupant la rue de la Glacière à son point de jonction avec celle de la Santé et à dix mètres de la maison d'angle de ces deux voies, puis elle se prolongera en ligne directe jusqu'à l'avenue de Fontainebleau, où elle débouchera près de l'église. Elle franchira ensuite la route de Choisy-le-Roi à la bifurcation de celle d'Ivry, coupera la rue du Bac et aboutira à celle au Château-des-Rentiers où elle se raccordera avec une rue ouverte dans l'axe de l'église Notre-Dame-de-la Gare. De ce point, le boulevard en projet sera ultérieurement continué jusqu'à la Seine et débouchera sur le quai de la Gare, à peu près à égale distance des ponts Napoléon et de Bercy.
Dans ce parcours, la rue de la Glacière sera coupée à niveau, mais les bas-fonds de la Bièvre seront traversés par un viaduc à deux sections, dont l'une ira de la rue de la Santé à celle de l'Espérance avec une hauteur maxima de 15 m. 83 au-dessus de la vallée, et l'autre ira de la rue de l'Espérance à celle du Moulin-des-Prés avec un maximum d'altitude de 18 mètres.
Des voies qui s'embrancheront sur cette ligne principale, l'une prolongera la rue Nationale jusqu'au boulevard, puis se continuera dans le même axe jusqu'à la porte d'Ivry ; une autre sera formée par la rectification de la-rue-du Pot-au-Lait qui viendra se souder avec le boulevard au point d'aboutissement des rues de la Glacière et de la Santé.
Par la rue Nationale prolongée, et par la rue d'Austerlitz qui lui fait suite, la porte d'Ivry et la plaine seront mises, en communication directe avec les boulevards d'Ivry et de l'Hôpital ; par l'exécution de la voie principale, la partie centrale du treizième sera carrossable d'ouest en est et les basfonds de la Bièvre traversés par deux viaducs (celui du boulevard et celui du chemin de ceinture) auront une physionomie tout autre ; mais tout cela n'est encore qu'à l'état de projet, et le treizième arrondissement est toujours à peu près dans la même situation qu'il y a quatre ans.
Nous savons qu'on a perdu beaucoup de temps pour l'étude d'un premier projet, que les critiques die l'enquête ont fait rejeter ; mais puisque le second projet a obtenu une adhésion presque générale, qu'attend-on pour le mettre à l'œuvre ?
Dans le quatorzième arrondissement, la grande artère dont nous venons d'esquisser le parcours passera sous le chemin .de fer de Sceaux, à 9 mètres 10 au-dessous du railway et les différences de niveau seront corrigées par la rectification du chemin des Prêtres. Du point de rencontre de la grande voie avec la rue Sarrazin, partira dans la direction sud-ouest une rue diagonale qui débouchera sur la route d'Orléans, en face de l'une des stations projetées du chemin de fer de Ceinture.
Les futures grandes voies du XIIIe
Sur les futurs boulevards Saint-Marcel et Port-Royal :
L'ouverture du boulevard Saint-Marcel, entre le boulevard Montparnasse et le boulevard de l'hôpital fut déclarée d'intérêt public par décret du 17 octobre 1857.
- Le futur boulevard Saint-Marcel (Le Journal des débats politiques et littéraires, 26 mars 1857)
- Le boulevard Saint-Marcel (Le Siècle, 6 juin 1858)
- Le futur boulevard Saint-Marcel (Le Siècle, 22 juillet 1861
- Les travaux du boulevard de Port-Royal (Le Siècle, 5 avril 1868)
- Intéressante découverte archéologique sur le chantier du boulevard Saint-Marcel (1868)
- L'ancienne nécropole Saint-Marcel (1913)
Sur le futur boulevard Arago :
Le projet d'ouverture de ce boulevard, désigné dans un premier temps sous le nom de "boulevard de la Santé" fut soumise à consultation en septembre 1858. Il était prévu que cette voie s'ouvrirait en face la place de la Collégiale à la rencontre de la. rue Mouffetard et des rues Pierre-Lombard et des Trois-Couronnes ; qu'elle élargirait la rue Saint-Hippolyte, traverserait la rue de Lourcine au-dessus de l'hôpital de ce nom, et viendrait déboucher sur le boulevard extérieur, après avoir coupé la rue de la Santé, le faubourg Saint-Jacques et l'impasse de Longue-Avoine. Ce fut effectivement ce qui sera réalisé sauf que la voie prit le nom de boulevard Arago car le nom boulevard de la Santé était utilisé depuis 1851 pour désigner le boulevard extérieur entre les barrières de la Santé et Saint-Jacques.
- Le boulevard de la Santé (Le Siècle 7 juin 1858)
- Un nouveau boulevard pour le 12e arrondissement (Le Journal des débats politiques et littéraires, 6 septembre 1858)
- Le percement du boulevard Arago dans le faubourg Saint-Marcel (1868)
Sur la future avenue des Gobelins :
"Entre l'église Saint-Médard et la barrière d'ltalie, la largeur de la rue Mouffetard sera portée à 40 mètres. Ces deux mots suffisent pour faire comprendre quelle révolution causera ce percement sur les bords de la Bièvre Ainsi redressée, la rue Mouffetard sera plus large que le boulevard des Italiens." C'est par ces mots que le Journal des débats politiques et littéraires du 6 septembre 1858 présenta le projet à ses lecteurs et, effectivement, il ne surestimait pas l'importance de celui-ci.
- La rue Mouffetard (Le Siècle, 8 juin 1858)
- L'élargissement de la rue Mouffetard et l'aménagement de la place d'Italie (1867)
- L'élargissement de la rue Mouffetard (Le Siècle, 24 septembre 1867)
- L’élargissement de la rue Mouffetard (Le Siècle, 10 mars 1868)
- La nouvelle place d'Italie en haut de la rue Mouffetard (1868)
Sur les boulevards extérieurs
- La transformation des boulevards extérieurs de la rive gauche (Le Siècle, 20 mai 1862)
- Les travaux sur les boulevards extérieurs (Le Siècle,28 mai 1863)
- Les boulevards extérieurs et le boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 6 novembre 1863)
- Boulevard d'Italie vu par Fortuné du Boisgobey(1883)
Sur la rue de Tolbiac (Tronçon du boulevard du Transit dans le 13e arrondissement)
La rue de Tolbiac est un des tronçons du grand projet haussmannien consistant à relier la Seine à la Seine par la rive gauche par un axe majeur situé à mi-chemin des anciens boulevards extérieurs et des fortifications. Cet axe mit très longtemps à se réaliser notamment du fait des difficultés que représentaient, dans le 13e arrondissement le franchissement de la vallée de la Bièvre pour lequel plusieurs options furent envisagées.
La rue de Tolbiac ne fut totalement achevée qu'après 1895, année de l'inauguration du viaduc de Tolbiac franchissant les voies du chemin de fer d'Orléans et assurant ainsi la continuité de la liaison de la Seine à la Seine c'est-à-dire du Pont de Tolbiac au Pont Mirabeau, si l'on excepte la reprise du franchissement de la rue du Moulin-des-Prés par la suppression du pont construit initialement.
Premières versions du projet abandonnées.
Outre le franchissement de la vallée de la Bièvre, l'aboutissement de l'axe vers la Seine n'est pas non plus définitivement tranché. Dans cette première phase, c'est le pont Napoléon (futur pont National) qui était visé, le nouvel axe longeant le chemin de fer de ceinture entre la porte d'Ivry et le quai de la Gare.
- Boulevard du Transit : le franchissement de la vallée de la Bièvre (Le Siècle, 6 juin 1962)
- Les boulevards extérieurs et le boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 6 novembre 1863)
- La prolongation du boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 30 octobre 1864)
Deuxième projet
- Acquisitions foncières pour le boulevard du Transit (La Gazette de France, 8 mars 1865)
- Ouverture d'une nouvelle voie dans le 13e arrondissement. (Le Figaro, 19 aout 1867)
- La future rue du Transit (Le Petit-Journal, 28 octobre 1867)
La réalisation des travaux
Le deuxième projet du tracé de la rue du Transit ne sera pas davantage réalisé.
La guerre et les évènements liés à la Commune de Paris mirent en sommeil les travaux dans le quartier de la Maison-Blanche et le projet fut rediscuté. Un nouveau tracé, plus au sud, abandonnant la ligne droite et comportant une inflexion, fut adopté.
La nouvelle voie aboutira aussi à un nouveau pont sur la Seine reliant les 12e et 13e arrondissement. Ce sera le pont de Tolbiac.
En 1874, un crédit de 2,5 millions de francs à prélever sur l'emprunt municipal fut voté. Le boulevard du Transit avait déjà couté 43,974,818 fr. selon le Journal des débats politiques et littéraires du 9 décembre 1874. Les travaux de franchissement de la vallée de la Bièvre pouvaient enfin réellement commencer.
Charles Marville les immortalisa par les deux seules photographies connues de ces travaux.
- Les travaux de construction de la rue de Tolbiac (1877)
- Le prolongement de la rue de Tolbiac (1877)
- La nouvelle rue de Tolbiac (1877)
- Les nouvelles voies de la rive gauche (1878)