Les travaux dans les 5e et 13e arrondissements

L'Époque — 5 décembre 1868

La transformation du quartier Saint-Marcel s’accentue chaque jour davantage. La rue Monge, qui relie la place Maubert à la rue Mouffetard, est depuis longtemps déjà livrée à la circulation, et l’on exécute en ce moment les dernières démolitions qui se rattachent à son percement. Ces travaux portent sur les maisons situées au midi de la vieille église Saint-Médard, à l’angle de la rue Censier et de la rue Mouffetard, devenue un magnifique boulevard de 40 mètres de largeur, planté d’une double rangée d’arbres sur chacun de ses côtés, à l’instar des boulevards de Port-Royal, Saint-Marcel et Arago, qui l’avoisinent.

À l’extrémité de la rue Mouffetard, près du nouveau et élégant marché construit en cet endroit, on est en train de bâtir une salle de spectacle destinée à remplacer le théâtre Saint-Marcel, qui a disparu dans le tracé du boulevard de Port-Royal.

Sur la place d’Italie, les terrassiers poursuivent leur œuvre gigantesque.

Plus de la moitié de cette place a été abaissée au niveau de la rue Mouffetard, et il ne reste plus à terminer que le nivèlement de la partie comprise entre l’ancien boulevard extérieur et le boulevard de l’hôpital. Cette dernière voie, dont la chaussée a subi un abaissement considérable depuis la place d’Italie jusqu’à la rue de Campo-Formio, vient d’être pavée à neuf et sera livrée très prochainement à la circulation.

A l’heure qu’il est, on établit une chaussée provisoire en continuation de la rue Mouffetard, afin de rattacher cette voie, pendant le cours des travaux qui sont en cours d’exécution sur ce point, aux routes de Fontainebleau et de Choisy, que la même chaussée fera communiquer avec le boulevard de l’Hôpital.

Une importante section du boulevard d’Italie devra également être abaissée pour venir se raccorder avec la place de ce nom.

Le Public — 14 décembre 1868

Les grandes opérations de voirie que la ville de Paris a fait exécuter pour la transformation du faubourg Saint-Marcel touchent à leur achèvement ; encore quelques jours, et l’administration municipale n’aura plus à faire pour les compléter que des dépenses relativement peu considérables.

La rue Monge, qui sert à relier la place Maubert à la rue Mouffetard, et par suite les onzième et treizième arrondissements de Paris, se trouve aujourd’hui entièrement ouverte et nivelée sur tout son parcours, et, en ce moment on achève les dernières démolitions qui sont la conséquences de son percement. Les maisons situées à l’angle de la rue Censier et de la rue Mouffetard, au midi de l’église Saint-Médard, ne tarderont pas à disparaître entièrement.

Quant à la rue des Feuillantines, percée aujourd’hui jusqu'à la rue de l’Arbalète et qui doit, dans son prolongement, absorber une partie de l’École de pharmacie, son achèvement sera poursuivi, dans un délai très rapproché, entre la rue de Lourcine et la rue Mouffetard, et les démolitions faites dans ce but complèteront l’élargissement de cette dernière voie aux abords de la rue de Valence. Il ne reste sur ce point qu’un petit nombre de masures sans valeur à faire disparaître, et comme leur expropriation amènera l’achèvement du carrefour formé par les rues Monge. Mouffetard et des Feuillantines, il y a lieu de penser que leur démolition ne se fera pas attendre.

En amendant que ce travail soit entrepris, on presse les derniers ouvrages de viabilité du large boulevard qu'on a créé sur l’emplacement de la vieille rue Mouffetard, devenue ainsi une large et belle avenue de quarante mètres de largeur, plantée d’une double rangée d’arbres sur chacun de ses côtés, depuis la rue Censier jusqu'à la place d’Italie, et tout ce quartier est l’objet d'une magnifique transformation.

Les chaussées des boulevards du Port-Royal, Saint-Marcel et Arago sont achevés, et deux rangées d'arbres viennent aussi d’être plantées sur chacun de leurs trottoirs. En ce moment on plante des acacias sur les trottoirs de la rue Mouffetard ; on espère que ces arbres se développeront mieux que certaines essences dont on a bordé nos plus grandes avenues et qui n'ont pas parfaitement réussi, malgré tous les soins que leur fait donner le service des promenades et plantations.

Presque au sommet de la rue Mouffetard, à quelques mètres du marché qui s’étend de cette rue qu’au boulevard de l’Hôpital, on bâtit une nouvelle salle de spectacle pour l’installation du théâtre Saint-Marcel, que le percement du boulevard du Port-Royal a fait disparaître.

Mais c'est sur la place d’Italie que s’exécutent les travaux les plus considérables dû ce quartier, et véritablement ils ont un caractère bien digne de l’administration municipale qui les a entrepris.

Déjà plus de la moitié de la place a été abattue, et en ce moment une armée de terrassiers exécute le nivèlement de la partie comprise entre le boulevard de l’Hôpital et l’ancien boulevard extérieur. Afin que cette opération puisse se faire sans que la circulation soit arrêtée, on a établi, en continuation de la rue Mouffetard, une chaussée provisoire qui la rattache aux routes de Fontainebleau et de Choisy, et fait communiquer ces lieux grandes voies avec le boulevard de l'Hôpital. De plus, on a opéré le pavage des chaussées qui longent les côtés de la place et relient ses diverses voies d’accès.

Quant à ces dernières elles sont aussi l’objet d’améliorations, à la suite desquelles les travaux particuliers ne pourront manquer de se développer dans les plus vastes proportions. Ainsi le boulevard de I’Hôpital, dont la chaussée a été abaissée depuis la place d'Italie jusqu'à la rue Campo-Formio est maintenant posé et livré à la circulation ; la butte qui s'élève sur une de ses côtes va être bientôt nivelée. Le boulevard d'Italie va être également abaissé jusqu'à la rue de Gentilly et raccordé avec la place d’Italie.

D’autres travaux de même nature seront exécutés prochainement au sud de cette place et aussi complétés par le percement de deux grandes voies débouchant l’une entre le boulevard de l’Hôpital et la route de Choisy, l’autre entre la route de Fontainebleau et le boulevard d’Italie.

Mais en attendant que ces nouveaux travaux soient entrepris, il reste à couronner par la construction d’immeubles l’œuvre gigantesque que termine en ce moment nos édites, et ce sera sans aucun doute une des opérations les plus fructueuses que puisse exécuter la spéculation privée et qui ne peut manquer de lui donner de prompts et magnifiques résultats.

A. Martel.