La prolongation du boulevard du Transit dans le 13e arrondissement
Le Siècle — 30 octobre 1864
Par un communiqué, donné il y a quelque temps à l'un de nos confrères, nous apprenons qu'on va bientôt commencer le tracé du boulevard du Transit, derrière l'hospice clinique des aliénés, en voie de construction dans le 14e arrondissement. Nous aimons à croire que l'administration ne s'en tiendra pas à ce tronçon, et qu'elle poursuivra sans plus attendre l'exécution de cette grande artère dans toute sa longueur. Et, en vérité, ce ne sera pas de luxe, car, pour ne citer qu'un exemple, entre le groupe de la butte-aux-Cailles et le quartier de la Glacière, qui est un peu plus loin au couchant, il n'y a pas de voie de communication, de sorte que pour aller de l'un à l'autre de ces quartiers, on est obligé, malgré leur proximité topographique, de faire un long détour par le boulevard des Gobelins ; les bas-fonds de la Bièvre sont un obstacle qui n'a pas encore été franchi.

Le boulevard du Transit, qui doit former l'indispensable trait-d'union de ces quartiers, commencera sur la place circulaire où l'on est en train de bâtir la nouvelle église de Montrouge ; il franchira par une projection droite, l'espace compris entre son point de départ et la rue Tombe-Issoire, au débouché de la rue Sarrazin. Ici, la voie formera brisure et projettera une seconde section droite qui gagnera la rue de la Glacière, à son point de jonction avec celle de la Santé, et passera sous la ligne d'Orsay, après avoir traversé le chemin des Prêtres.
De la rue de la Glacière, qu'il traversera à dix mètres au sud du confluent de la rue de la Santé, le boulevard du Transit, s’infléchissant légèrement vers le nord, formera une troisième section droite qui se prolongera jusqu'au carrefour des routes d'Ivry et de Choisy-le-Roi. Cette troisième section sera celle dont l'exécution offrira le plus de difficultés, puisque c'est celle qui franchira la vallée de la Bièvre ; elle coupera la rue du Moulin-des-Prés, traversera l'avenue de Fontainebleau au point où s'élève la Chapelle, et coupera en biais la rue Neuve.
Au delà du carrefour dont nous venons de parler, s'allonge une quatrième projection droite qui ira s'embrancher sur le boulevard de l'Église, après avoir traversé le chemin du Bac, la voie projetée dans l'axe de la rue Nationale et la rue du Château-des-Rentiers Plus tard, le boulevard du Transit sera prolongé jusqu'à la Seine où il aboutira à équidistance des ponts Napoléon et de Bercy.
À cette ligne principale se rattachent plusieurs voies secondaires, telle que la rue Biaise, qui sera tracée entre son point d'intersection avec la rue Tombe-Issoire et l'embarcadère de la ligne de ceinture, sur l'avenue d'Orléans, puis la rue des Prêtres rectifiée, le chemin du Pot-au-Lait, transformée en rue droite et carrossable ; enfin la grande voie qui formera le prolongement de la rue Nationale jusqu'à la porte d'Ivry.

Le boulevard du Transit formera sur la rive gauche, pendant à la rue Puebla et à son prolongement à travers les vingtième et douzième arrondissements ; mais quand ces divers projets auront été mis à exécution, il faudra encore, pour compléter la grande artère transversale des quartiers excentriques, prolonger le boulevard du Transit à l'ouest, entre le rond-point de Montrouge et la Seine, relier l'avenue Michel-Ange (seizième arrondissement) avec le boulevard du Roi-de-Rome, exécuter le boulevard du Prince-Jérôme, exécuter les voies projetées à travers le dix-huitième arrondisse ment .et tracer une ligne de jonction entre la rue de la Chapelle et le boulevard courbe des Buttes-Saint-Chaumont. Nous sommes, on le voit, encore loin du but.
Au sud du boulevard du Transit, à l'extrémité sud-est du quatorzième arrondissement, sera créé le jardin de Montsouris, dont nous avons parlé lors de la mise à l'enquête. Cette promenade aura une superficie de quinze hectares et sera isolée sur ses quatre faces. Au nord, passera le boulevard dont nous venons d'esquisser le tracé ; au sud, le boulevard Jourdan (route militaire), élargi à quarante mètres ; à l'est et à l'ouest, passeront deux rues larges de douze mètres. Cette promenade sera reliée avec le centre de Paris par une nouvelle voie qui, partant de la place d'Enfer, dans l'axe du boulevard du même nom, aboutira à l'angle nord-ouest de sa ligne d'enceinte. Le plateau de Montsouris est l'un des points les plus élevée de la capitale, c'est là que se trouve le point méridional de l'Observatoire ; le jardin projeté aura, donc une situation des plus pittoresques, et le promeneur y jouira du panorama de Paris vu du sud au nord.

Les futures grandes voies du XIIIe
Sur les futurs boulevards Saint-Marcel et Port-Royal :
L'ouverture du boulevard Saint-Marcel, entre le boulevard Montparnasse et le boulevard de l'hôpital fut déclarée d'intérêt public par décret du 17 octobre 1857.
- Le futur boulevard Saint-Marcel (Le Journal des débats politiques et littéraires, 26 mars 1857)
- Le boulevard Saint-Marcel (Le Siècle, 6 juin 1858)
- Le futur boulevard Saint-Marcel (Le Siècle, 22 juillet 1861
- Les travaux du boulevard de Port-Royal (Le Siècle, 5 avril 1868)
- Intéressante découverte archéologique sur le chantier du boulevard Saint-Marcel (1868)
- L'ancienne nécropole Saint-Marcel (1913)
Sur le futur boulevard Arago :
Le projet d'ouverture de ce boulevard, désigné dans un premier temps sous le nom de "boulevard de la Santé" fut soumise à consultation en septembre 1858. Il était prévu que cette voie s'ouvrirait en face la place de la Collégiale à la rencontre de la. rue Mouffetard et des rues Pierre-Lombard et des Trois-Couronnes ; qu'elle élargirait la rue Saint-Hippolyte, traverserait la rue de Lourcine au-dessus de l'hôpital de ce nom, et viendrait déboucher sur le boulevard extérieur, après avoir coupé la rue de la Santé, le faubourg Saint-Jacques et l'impasse de Longue-Avoine. Ce fut effectivement ce qui sera réalisé sauf que la voie prit le nom de boulevard Arago car le nom boulevard de la Santé était utilisé depuis 1851 pour désigner le boulevard extérieur entre les barrières de la Santé et Saint-Jacques.
- Le boulevard de la Santé (Le Siècle 7 juin 1858)
- Un nouveau boulevard pour le 12e arrondissement (Le Journal des débats politiques et littéraires, 6 septembre 1858)
- Le percement du boulevard Arago dans le faubourg Saint-Marcel (1868)
Sur la future avenue des Gobelins :
"Entre l'église Saint-Médard et la barrière d'ltalie, la largeur de la rue Mouffetard sera portée à 40 mètres. Ces deux mots suffisent pour faire comprendre quelle révolution causera ce percement sur les bords de la Bièvre Ainsi redressée, la rue Mouffetard sera plus large que le boulevard des Italiens." C'est par ces mots que le Journal des débats politiques et littéraires du 6 septembre 1858 présenta le projet à ses lecteurs et, effectivement, il ne surestimait pas l'importance de celui-ci.
- La rue Mouffetard (Le Siècle, 8 juin 1858)
- L'élargissement de la rue Mouffetard et l'aménagement de la place d'Italie (1867)
- L'élargissement de la rue Mouffetard (Le Siècle, 24 septembre 1867)
- L’élargissement de la rue Mouffetard (Le Siècle, 10 mars 1868)
- La nouvelle place d'Italie en haut de la rue Mouffetard (1868)
Sur les boulevards extérieurs
- La transformation des boulevards extérieurs de la rive gauche (Le Siècle, 20 mai 1862)
- Les travaux sur les boulevards extérieurs (Le Siècle,28 mai 1863)
- Les boulevards extérieurs et le boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 6 novembre 1863)
- Boulevard d'Italie vu par Fortuné du Boisgobey(1883)
Sur la rue de Tolbiac (Tronçon du boulevard du Transit dans le 13e arrondissement)
La rue de Tolbiac est un des tronçons du grand projet haussmannien consistant à relier la Seine à la Seine par la rive gauche par un axe majeur situé à mi-chemin des anciens boulevards extérieurs et des fortifications. Cet axe mit très longtemps à se réaliser notamment du fait des difficultés que représentaient, dans le 13e arrondissement le franchissement de la vallée de la Bièvre pour lequel plusieurs options furent envisagées.
La rue de Tolbiac ne fut totalement achevée qu'après 1895, année de l'inauguration du viaduc de Tolbiac franchissant les voies du chemin de fer d'Orléans et assurant ainsi la continuité de la liaison de la Seine à la Seine c'est-à-dire du Pont de Tolbiac au Pont Mirabeau, si l'on excepte la reprise du franchissement de la rue du Moulin-des-Prés par la suppression du pont construit initialement.
Premières versions du projet abandonnées.
Outre le franchissement de la vallée de la Bièvre, l'aboutissement de l'axe vers la Seine n'est pas non plus définitivement tranché. Dans cette première phase, c'est le pont Napoléon (futur pont National) qui était visé, le nouvel axe longeant le chemin de fer de ceinture entre la porte d'Ivry et le quai de la Gare.
- Boulevard du Transit : le franchissement de la vallée de la Bièvre (Le Siècle, 6 juin 1962)
- Les boulevards extérieurs et le boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 6 novembre 1863)
- La prolongation du boulevard du Transit dans le 13e arrondissement (Le Siècle, 30 octobre 1864)
Deuxième projet
- Acquisitions foncières pour le boulevard du Transit (La Gazette de France, 8 mars 1865)
- Ouverture d'une nouvelle voie dans le 13e arrondissement. (Le Figaro, 19 aout 1867)
- La future rue du Transit (Le Petit-Journal, 28 octobre 1867)
La réalisation des travaux
Le deuxième projet du tracé de la rue du Transit ne sera pas davantage réalisé.
La guerre et les évènements liés à la Commune de Paris mirent en sommeil les travaux dans le quartier de la Maison-Blanche et le projet fut rediscuté. Un nouveau tracé, plus au sud, abandonnant la ligne droite et comportant une inflexion, fut adopté.
La nouvelle voie aboutira aussi à un nouveau pont sur la Seine reliant les 12e et 13e arrondissement. Ce sera le pont de Tolbiac.
En 1874, un crédit de 2,5 millions de francs à prélever sur l'emprunt municipal fut voté. Le boulevard du Transit avait déjà couté 43,974,818 fr. selon le Journal des débats politiques et littéraires du 9 décembre 1874. Les travaux de franchissement de la vallée de la Bièvre pouvaient enfin réellement commencer.
Charles Marville les immortalisa par les deux seules photographies connues de ces travaux.
- Les travaux de construction de la rue de Tolbiac (1877)
- Le prolongement de la rue de Tolbiac (1877)
- La nouvelle rue de Tolbiac (1877)
- Les nouvelles voies de la rive gauche (1878)