Aux beaux soirs du printemps ces population familière s'ébattent dans ces
venelles à cahots, dans ces étroits, obscurs jardins, munis encore de
tonnelles et de treilles rachitiques. Elle va aussi par les voies toutes
neuves.
Il faut que vous alliez le soir place Paul-Verlaine connaître la
génération nouvelle. Les bancs sont chargés de belles filles et de garçons
hardis. Ils vivent leur honnête petit roman avec des rires qui illuminent la
nuit. Une élégance et une grâce vraies les vêtent. Ils savent danser les
nouveaux pas dans les arrière-boutiques au son d'un phonographe dont le
gigantesque pavillon éclate en soleil sous un éclairage économe…
Sur les dix, onze heures, la vie de la Butte-aux-Cailles se résorbe, les
rues s'allongent, silencieuses sur leur lit de pavés luisants. Une fenêtre
parfois jette une poignée de cris ; un haut-parleur nasille une fadaise, un
grand air.
Des soldats quittent en hâte les bars à bon marché pour rejoindre la
caserne de Lourcine. Des Arabes, des Italiens, des Yougoslaves disputent à
coups de browning ou de gueule dans les dernières boutiques.
Quelques jeunes gars, en sifflotant, s'en vont d'un pas silencieux.
Si, entraîné sur la pente de la rue de l'Espérance, attiré par la poésie
de ces mots rue du Moulin-des-Prés, on pousse au-delà, un goût d'aventure
vous point.
Maintenant, les maisons s'écartent.
Dans l'air obscur, les constellations du printemps s'inscrivent. Parfois
une usine illuminée coupe en deux les ténèbres, à la façon d'une herse de
théâtre.
Personne ! Sommes-nous à Paris ? Des chiens aboient derrière les portes.
La double haie des réverbères silencieux vous accompagne. Une rumeur, au
loin ; l'appel d'un train et, soudain, une odeur vous saisit, connue mais
étrange ici : l'herbe piétinée, la terre des soirs de campagne.
Un pré, vous dis-je ! L'herbe y est douce et noire comme une toison. Des
sentiers plus clairs sinuent dans l'ombre. Une étoile grosse comme le poing
se balance au-dessus de tout.
Il faut un moment pour entendre parler cette nature perdue parmi la ville
de pierre et de fer. Des chuchotis sortent des buissons. Sur les revers
herbus, des ombres s'animent. Un souffle hérisse doucement la chair.
C'est d'une nuit comme celle-ci que Napoléon parlait.
Une large tranchée est actuellement creusée, pour l'établissement d'une conduite cimentée, sur le trottoir, à l'extrémité du boulevard St-Marcel, près de l'avenue des Gobelins. (1913)
Avant-hier soir, à dix heures et demie, un nommé Pierre Gustave, livreur dans un magasin du quai d'Orsay, traversait la place Jeanne d'Arc pour rentrer chez lui, lorsqu'il fut assailli par deux individus qui lui jetèrentune corde autour du cou.
On sait que la reconstitution partielle des Gobelins fut entreprise, il y a près de deux ans, sous l'habile direction de MM. Formigé et Jossely. La façade du nouveau, bâtiment est déjà en partie débarrassée, de ses échafaudages. (1913)
On pourrait croire qu'il existe dans le quartier des Gobelins une véritable bande de rôdeurs nocturnes, qui ont la spécialité d'étrangler leurs victimes.
Tout un coin du quartier de la Maison-Blanche est en fête : dans quelques jours on inaugurera solennellement la nouvelle et légère passerelle métallique qui, passant au-dessus des voies du chemin de fer de Ceinture, à la Glacière, relie maintenant entre eux deux points jusqu'à présent fort éloignés l'un de l'autre. (1907)
Dans la nuit de jeudi à vendredi, vers 1 heure, deux agents cyclistes effectuant une ronde, découvraient sur les fortifications, à l'angle de la rue Damesme et du boulevard Kellermann, un homme inanimé.
À deux pas de la porte d'Italie, dans un grand espace situé rue Bobillot, se trouve une succession de masures misérables qui furent habitées, il y a une vingtaine d'années, par des nomades africains, prompts à jouer du couteau. (1910)
Malgré cinq ans de vie commune, Émile Daucourt, polisseur, âgé de trente ans, et sa maîtresse, Marie Pécret, une forte femme de trente-cinq ans, ne formaient pas un couple parfait.
Les quartiers pauvres et populeux de Paris sont négligés ou dédaignés par l'administration, tandis que les quartiers élégants sont « embellis » à grands frais. Cette iniquité, à laquelle personne ne songe, et dont beaucoup de citoyens ont malheureusement à souffrir, a fini par provoquer les plaintes légitimes des habitants du 13e arrondissement, c'est-à-dire du coin abandonné qui comprend la route d'Italie, les Gobelins, la Bièvre et la Butte-aux Cailles. (1869)