Un jour dans le 13e

 paris-treizieme.fr — La question des victuailles

À travers Paris.

La question des victuailles

Le Siècle — 8 février 1871

 

Dessin d'Auguste Lançon paru dans Le Monde Illustré

Aujourd'hui, la question des victuailles domine toutes les autres. Foin des œuvres d'art ! Les boutiques de curiosités, mi closes depuis l'investissement, chômant absolument de pratiques ; mais, par contre, chaque vitrine de restaurateur est l'objet d'une curiosité fébrile. Chez -l'un, c'est un veau tout entier, de colossales mottes de beurre, des fromages de tous les crûs, qui provoquent de véritables cris d'admiration ; chez un autre, des faisans, des lièvres, des perdreaux, des grives et des poissons de toutes sortes, produisent sur les gourmets l'effet de l'aimant sur l'acier ; et, chez des traiteurs de catégories plus modestes, des côtelettes de pseudo-bœuf, avec quelques boisseaux de pommes de terre savamment amoncelées, font venir l'eau à la bouche des plus délicats. Si La fontaine écrivait aujourd'hui sa fable du Coq et la Perle, il trouverait certainement fort sage le raisonnement du coq. Il faudrait, du reste, presque- de l'héroïsme pour résister en l'occurrence au péché de gourmandise.

Ne pas croire pourtant que ces appétits excessifs fassent taire la verve gauloise ; allons donc !

Les arrivages de vivres continuent, et nous voyions entre autres débarquer ce matin, au chemin de fer d'Orléans, force caisses de bœuf conservé, force barils de harengs et de nombreux wagons de farine.

Les provisions commencent aussi à nous arriver par la rivière ; quelques bateaux ont descendu la Seine jusqu'au pont d'Austerlitz.

Mais, comme nous le disions dernièrement, l'empressement excessif de certains acheteurs maintient les denrées à un prix exorbitant ; le fromage de Gruyère se vend encore 5 fr. la livre ; les pommes de terre, 80 centimes le litre, soit 8 francs le boisseau ; et tout à l'avenant.

Le marché de la place d'Italie ou marché des Gobelins - H. Dubois, architecte

Il est vrai que, dans certains arrondissements, la municipalité fait tout son possible pour atténuer ces tendances ; ainsi, dans le XIIIe, une voiture de pommes de terre stationnait ce matin près du marché des Gobelins et distribuait les précieux tubercules au prix de 3 f. le boisseau, en n'en délivrant qu'un demi-boisseau par personne ; mais ce sont là des mesures qu'un grand nombre de maires ou de délégués municipaux ne songent pas à prendre ; ils ont bien autre chose à faire !

Louft.

 

Plan de 1889
 

 



Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)

Saviez-vous que... ?

Le nouveau théâtre Saint-Marcel ouvrit le vendredi 1er octobre 1869. 15 jours plus tôt, il avait reçu l’autorisation de prendre le nom de théâtre des Gobelins. Son directeur était toujours M. Larochelle. Commentant cette ouverture, le Figaro écrivait : « La salle est simple, mais confortable et bien aménagée. Tout y est neuf, lustre, rideaux, décors, etc. La première pierre de ce théâtre fut posée, il y a à peine un an, par la fille aînée du directeur, une mignonne de six ans. Cet immeuble sera sa dot. »

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Gustave Geffroy (1855-1926), administrateur de la manufacture nationale des Gobelins, était aussi l'un des dix membres fondateurs de l'Académie Goncourt.

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La rue Buot située à la Butte-aux- Cailles a une longueur de 125 mètres pour 10 mètres de largeur. Elle porte le nom du propriétaire de terrains voisins.

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C’est le 12 juillet 1926 à 11h45, devant le 2 boulevard de la Gare, aujourd’hui boulevard Vincent Auriol, que fut inaugurée la première fontaine pour chiens et chevaux de la capitale.

L'image du jour

Le quai de la Gare vers 1907.

Ici, nous sommes vers l'ancien n° 141 où M. Morel exploitait un commerce de futailles en gros non loin de l'entrée de la gare des marchandises d'Orléans.