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 paris-treizieme.fr — Un maire bourgeois (Le Cri du Peuple, 8 mars 1871)

Un maire bourgeois

Le Cri du Peuple — 8 mars 1871

M. Pernolet, le maire du XIIIe arrondissement s'en va ; il quitte ses chers administrés, mais il ne veut pas la faire sans leur adresser un petit sermon, sous forme d'affiche municipale.

« Je me retire, dit-il, parce que, volontairement ou sans s'en douter, la majorité semble s'être livrée au parti des violents. » M. Pernolet n'est pas content de n'avoir eu, dans son arrondissement, que 1,113 voix aux élections de février. C'est un sentiment bien mesquin pour un moraliste et un homme qui a le sens commun ; il pense être l'un et l'autre, et il l'écrit.

Tout compte fait il est content de la dictature, qu'il a exercée pendant quatre mois à la mairie des Gobelins, il est d'autant plus content qu'il l'a fait gratuitement et sans grever le budget de sa malheureuse patrie.

Grand cœur ! Cet homme qui a plusieurs milliers de francs de rentes, qui a plusieurs chantiers dans Paris, refuse 300 francs par mois, quel désintéressement !

Est-il aussi content des distributions de combustibles dans ses chantiers ?

Il a la conscience tranquille, c'est un maire au cœur léger.

Il veut remplir une dernière fois ses fonctions de maire en donnant quelques conseils paternels. Il s'excuse d'abord des quelques mouvements d'impatience qu'il a pu montrer. Appellerait-il mouvement d'impatience, les insolences qu'il disait aux mères de famille venant demander du pain ou du lait pour leurs enfants ?

« Je ne suis pas maire pour recevoir tous les mendiants de l'arrondissement. »

Le jeu semble avoir été un phénomène d'ampleur, puisque les jeux de hasard furent interdits dans l'arrondissement par Léo Meillet, alors adjoint au maire, puis dans tout Paris par Emile Duval, alors commandant militaire de l’ex-préfecture de police.
Meillet et Duval chasseront M. Pernolet de la mairie le 18 mars.

« Peut-être, — ajoute-t-il dans son affiche-sermon, êtes-vous devenus de bons soldats, je n'en sais rien; mais ce que je sais de science certaine, c'est que vous n'êtes pas sans avoir pris goût à la fainéantise, que vous êtes devenus joueurs, trop enclins à la boisson et même un peu au chapardage, sans parler du reste. »

Charles Pernolet (1814-1888), qui sera élu député de la Seine le 2 juillet 1871 avec le 3eme plus grand nombre de voix du département, redeviendra effectivement maire de l'arrondissement et le demeurera jusqu'en 1873.

Après cela si les citoyens de la Glacière et de la Maison-Blanche ne sont pas contents des aménités de ce maire-prédicant, ils seront difficiles. Je ne doute pas qu'aux prochaines élections ils ne le supplient de venir reprendre sa dictature place d'Italie.

Voici le bouquet : sous le prédicateur reposait le bourgeois dans sa hideuse nudité.

« Il faut, reprend-il, que le bourgeois se fasse aimer de l'ouvrier, et se préoccupe de l'aider à s'élever sans cesse de plus en plus moralement aussi bien que matériellement. Il faut que l'ouvrier ne craigne pas d'aimer le bourgeois et de le servir consciencieusement attendant qu'il devienne bourgeois lui-même par son instruction, son travail et son économie. »

Avant toute réflexion je me permettrai de demander à M. Pernolet s'il est devenu bourgeois par ses économies.

Vous voilà prévenus, travailleurs, vous devez aimer le bourgeois, il ne doit que se luire aimera par vous. Le mot ÉGALITÉ qu'ils mettent au fronton de nos monuments n'est qu'un leurre ; ils vous considèrent comme leurs inférieurs, puisqu'ils disent qu'il faut vous élever jusqu'à eux. Vous êtes leurs hommes-lige, vous devez les servir consciencieusement, être leurs esclaves fidèles, bien qu'à côté du mot égalité ils mettent celui de LIBERTÉ.

Vous devez faire des économies. Mais l'atelier est fermé. Qu'importe, faites des économies. Mais le patron ne me paye que deux septièmes de mon produit. Qu'importe, faites des économies. Mais le propriétaire me prend tout mon salaire. Tant pis, faites des économies. Mais la maladie a mis la femme et les enfants sur la paille - Tant pis, faites des économies.

Devenez bourgeois, et vous exploiterez les autres à votre tour.

Voilà ce qu'ils entendent par la fraternité et la solidarité.

Ce que dit cyniquement ce bourgeois, qui s'intitule républicain, tous les autres le pensent et le mettent à exécution.

Le travail voudra-t-il être toujours l'esclave du capital ? Il n'y a plus d'autre question à poser.

Louis Lucipia.

Louis Lucipia (1843-1904), proche de Léo Meillet, fut impliqué dans l'arrestation et le massacre des Dominicains d'Arcueil et fut condamné à mort pour ces faits. Sa peine commuée, il fut déporté en Nouvelle Calédonie où il resta jusqu'en 1880. Après l'amnistie générale, il reprit une activité politique.



Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)

Dans la presse...


Le Puits artésien de la Butte-aux Cailles

L'achèvement prochain des travaux du puits artésien de la place Hébert est venu nous rappeler un autre puits du même genr dont le forage fut commencé presque à la même époque que celui du puits des hauteurs des Belleville, mais tombé complètement dans l'oubli depuis une vingtaine d'années : nous voulons parler du puits artésien de la Butte-aux-Cailles. (1889)

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L'oasis et le cloaque

Il y a des quartiers de Paris qui n'ont vraiment pas de chance ! Le quartier de la Gare, dans le treizième arrondissement, par exemple... (1934)

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Un métier inconnu

Rue Xaintrailles, derrière l'église Jeanne d'Arc, demeure une pauvre vieille grand'maman qui nourrit sa fille et ses petites-filles de crottes de chiens cueillies à l'aube sur les avenues qui rayonnent de la place d'Italie. (1893)

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La Ville de Paris va-t-elle enfin s'occuper de la cité Jeanne-d'Arc ?

Près de la place d'Italie, entre la rue Jeanne-d'Arc et la rue Nationale, la cité Jeanne-d'Arc forme une sorte de boyau gluant, sombre, bordé de mornes bâtisses de cinq ou six étages aux murs zébrés de longues moisissures. Dès la tombée de la nuit, le coin n'est pas sûr... (1931)

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La cité Jeanne-d'Arc a été nettoyée de ses indésirables

La Cité Jeanne-d'Arc, cet îlot lépreux et insalubre qui, dans le 13e arrondissement, groupe autour de quelques ruelles ses immeubles sordides, entre la rue Jeanne-d'Arc et la rue Nationale, a vécu aujourd'hui un véritable état de siège. (1935)

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Saviez-vous que... ?

La marché découvert des Gobelins — que l'on appelle aujourd'hui le marché Auguste-Blanqui — remplaça le marché couvert à compter du 9 mai 1898 et, comme maintenant, se tenait les mardis, vendredis et dimanches.

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En 1877, il fut décidé que le nouveau marché aux chevaux reprendrait la place de l'ancien (auparavant transféré sur le boulevard d’Enfer), ce fut M. Magne, architecte, qui fut chargé de la direction des travaux.
Il a fallu faire d'immenses travaux de consolidation et de soutènement pour profiter de l'îlot escarpé et montueux compris entre le boulevard Saint-Marcel et celui de l'Hôpital.
La porte principale du marché, flanquée de deux forts jolis pavillons, s’élevait boulevard de l’Hôpital, tandis qu’un mur défendu par des grilles en fer s’étendait sur le boulevard Saint-Marcel.

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En 1930, les Primistères parisiens avaient des magasins aux adresses suivantes : Rues, des Cinq-Diamants, 33 et 56 ; du Château-des- Rentiers, 54 et 135 ; Bourgon, 19 ; Nationale, 151 ; du Moulin-des-Prés, 9 ; de Patay, 92 ; Albert, 67 ; Baudricourt, 75 ; avenues : d'Italie, 52, 100, 198 et 180; d'Ivry, 41 ; de Choisy, 39 ; de Tolbiac, 169; boutevard de la Gare, 132 et 171.

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Dans son numéro du 6 octobre 1935, L’Intransigeant écrivait :
« Nous avons signalé le mauvais état d'entretien de la partie de la rue Watt, sous le pont du chemin de fer.
La compagnie d’Orléans, chargée du nettoiement en cet endroit, a décidé de fermer très prochainement, par des écrans en tôle, les intervalles entre les voies ferrées qui sont actuellement fermés par un simple grillage insuffisant pour éviter la chute de poussières et même de détritus sur la chaussée et les trottoirs de cette rue. »

L'image du jour

Construction de la rue de Tolbiac : franchissement de la Bièvre à la Glacière

La photographie est de Charles Marville et a été prise vers 1876. La rue d'Alésia est déjà achevée. La construction de la rue de Tolbiac subit beaucoup de retard compte tenu de l'ampleur des travaux.