Un jour dans le 13e

 paris-treizieme.fr — A travers Paris : 4 mai 1871

A travers Paris

Le Siècle — 4 mai 1871

Nous sommes allé aujourd'hui du côté de la barrière d'Italie. Nous avons constaté, en traversant le quartier Mouffetard, une très grande tranquillité.

On procédait dans plusieurs maisons au désarmement des réfractaires, sans qu'il en résultât le moindre désordre. Il faut dire que la plupart de ces réfractaires étaient absents.

Au boulevard d'Italie, un assez grand nombre d'ouvriers terrassiers travaillent à la construction de deux barricades énormes, sur le modèle de celle de la rue de Rivoli. Une autre barricade du même genre est construite en avant de la porte d'Italie, à l'intérieur de l'enceinte fortifiée.

La Butte-aux-Cailles est toujours armée de plusieurs pièces d'artillerie de moyen calibre. Les deux canons de marine qui s'y trouvaient ont été transportés à la porte de Vanves, nous a-t-on dit. Il y a, en effet, à cet endroit, une batterie de grosses pièces tirant sur Châtillon, par dessus le fort de Vanves.

Depuis deux jours, l'action s'est sensiblement ralentie sur la ligne comprise entre Montrouge et Bicêtre. De ce côté, il semble exister une sorte de trêve.

La nuit dernière, il ne s'est échangé, entre Montrouge et Châtillon, qu'une vingtaine de coups de canon. En avant des tranchées, il n'y a pas eu non plus d'engagement sérieux entre les tirailleurs.

Notons cependant que le bombardement du fort de Montrouge a repris vers une heure au jourd'hui avec une certaine vigueur. Autant qu'il nous a été possible d'en juger, le fort subissait le feu de deux batteries établies sur le plateau de Châtillon. Les fédérés ripostaient par intermittence, mais faiblement. La situation de ce fort paraît peu différente de celle du fort d'Issy ; on se rappelle d'ailleurs que le fort de Montrouge avait également beaucoup souffert du bombardement prussien.

Des gardes nationaux, revenant des avant-postes, racontaient, à la porte d'Italie, qu'une action des plus sérieuses avait eu lieu, dans la nuit de lundi, du côté de Choisy-le-Roi, en avant du fort d'Ivry. Deux escadrons de cavalerie versaillaises auraient pris part au combat. Nous n'avons pu nous renseigner exactement sur l'issue de cette affaire.

En revenant, nous avons rencontré sur la place Bréa (sic) deux bataillons de guerre qui se rendaient aux avant-postes. Un certain nombre de femmes marchaient à la suite des fédérés.

Nous avons vu accumuler sur la place du Panthéon diverses espèces de matériaux, en vue de la construction d'une barricade à l'entrée de la rue Soufflot. Il y avait même, dans une voiture, deux grosses torpilles.

 



Le 13e avant et durant la Commune
(18 mars - 28 mai 1871)

Saviez-vous que... ?

La rue du Docteur-Bourneville, voie publique méconnue du 13e arrondissement, débute boulevard Kellermann et se termine avenue de la Porte-d'Italie. Elle honore la mémoire du Docteur Désiré-Magloire Bourneville, né le 20 octobre 1840 à Garencières (Eure), mort le 29 mai 1909 à Paris, médecin aliéniste des Hôpitaux, précurseur de la pédopsychiatrie, conseiller municipal du 5e arrondissement. Il fut l’un des rédacteurs et le signataire du Rapport sur l'insalubrité de la cité Doré et de la cité des Kroumirs établi en 1882 qui fit grand bruit.

*
*     *

La rue Henri Pape s'appelait jusqu'en 1897, rue Edmond-Valentin. Cette rue avait pris la succession du chemin de la Fontaine-à-Mulard, seule voie traversant le 13e et raccordant le fond de la vallée de la Bièvre à l'avenue d'Italie.

*
*     *

Le boulevard Arago, le boulevard de Port-Royal et le boulevard Saint-Marcel furent inaugurés le 15 aout 1868. Il en fut de même du boulevard Mouffetard qui n'avait pas encore pris le nom d'avenue des Gobelins.

*
*     *

La Société des logements économiques pour familles nombreuses inaugurait, en novembre 1911, cet immeuble situé 14-16, boulevard Kellermann, face à la porte de Bicêtre qui comportait, selon le Gil Blas, cent sept logements occupés par 824 personnes dont 585 enfants.

L'image du jour

La rue Coypel vue du boulevard de l'Hôpital

On remarquera sur la gauche de la rue, la moitié restante du marché couvert des Gobelins qui sert désormais d'entrepôt et de garage. Il demeurera en place jusqu'à la fin des années 1960 pour laisser la place l'hôtel de police du 13e qui remplaça tous les commissariats de quartier qui furent fermés.